Le risque de pénurie d’électricité et la hausse des prix des énergies forcent les stations de ski à adapter leur plan d’exploitation. Elles promettent d’appliquer des mesures de sobriété comme la réduction de la vitesse des remontées mécaniques, un damage plus précis et des techniques d’enneigement artificiel moins énergivores. Mais quel-est réellement l’impact d’une station de ski sur le réseau électrique ?
La France est l’un des plus grands pays de ski au monde. Elle possède 350 stations, qui opèrent 3 346 remontées mécaniques d’après France Montagne, une association des acteurs du tourisme en montagne.
Chaque saison, ces domaines consomment de grandes quantités d’énergie, principalement de l’électricité pour les remontées et le chauffage, mais aussi des carburants pour le damage et les véhicules.
Le risque de blackout qui plane sur le réseau électrique national et les hausses de prix des énergies ne leur permet plus de dépenser sans compter.
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Il existe toutefois de grandes disparités entre stations, dont l’approvisionnement en électricité varie selon le fournisseur et le contrat négocié. Leur consommation fluctue également selon l’exposition au soleil, l’altitude, la solution d’enneigement artificiel et le parc de dameuses, entre autres paramètres.
« Chaque station a sa propre consommation d’énergie, sa propre gestion des charges d’exploitation Le contexte est compliqué pour toutes les stations mais il ne faut pas faire de généralités » nous explique Jordane Juschka, le directeur de l’office du tourisme de la station d’Orcières-Merlette (Hautes-Alpes), qui regrette « l’effet dévastateur des communications de certaines stations dans les médias ».
Parmi les plus exposées à l’envolée des prix de l’électricité, il y a les stations dont le contrat de fourniture a été renouvelé récemment, mal négocié ou expire prochainement. À l’inverse, certains domaines sont assurés d’un tarif avantageux durant quelques années encore. C’est par exemple le cas de Superdévoluy dans les Hautes-Alpes, qui, comme Orcières-Merlette, compte 100 km de pistes.
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« On a des contrats triennaux, on a fait le choix d’un prix fixe, mais ce n’est pas le cas de tout le monde » nous dévoile Laurent Thélène, le directeur du domaine skiable du Dévoluy. Il assure payer son électricité 60 € du mégawattheure (MWh), un tarif extrêmement intéressant alors qu’il se négociait jusqu’à 1 200 € il y a quelques semaines sur le marché SPOT.
Le prix de l’électricité est particulièrement déterminant pour les stations de ski. Avec une consommation annuelle d’environ 4 GWh tous équipements compris (remontées, chauffage des cabanes, caisses et bâtiments administratifs) selon son dirigeant, la facture d’électricité de Superdévoluy passerait de 240 000 à… 1,4 million d’euros s’il s’acquittait d’un MWh à 350 € au lieu de 60 €.
Au tarif élevé du courant s’ajoute le risque de pénuries cet hiver. Si le gouvernement assure avec beaucoup d’optimisme qu’ « il n’y aura pas de coupure électrique » dans les stations de ski cet hiver, rien ne peut réellement le garantir.
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Réunis, les domaines skiables constituent une industrie très gourmande en électricité. Elles appellent une puissance élevée, notamment au démarrage des remontées. D’autant que leur ouverture le matin correspond aux horaires du premier pic de consommation de la journée, entre 8 h et 13 h. Elles n’ont toutefois aucun impact sur le pic de 19 h, le plus délicat pour le réseau, puisqu’elles ferment généralement autour de 17 h.
Pour se faire une idée, un téléski nécessite de quelques dizaines de kilowatts (kW) pour les plus courts à plusieurs centaines de kW pour les plus longs. Avec ses 1 783 m de long pour 430 m de dénivelé, le téléski du Loup à Superdévoluy absorbe par exemple 199 kW.
La puissance d’un télésiège se compte en centaines de kW, voire en MW pour les plus grands. Avec 2 848 m de long et 945 m de dénivelé, celui de Coulouvrier dans le domaine du Grand Massif (Samoëns) est équipé de deux moteurs à courant continu de 800 kW.
À lui seul, il engloutit 1,6 MW, quand un télésiège classique consomme entre 200 et 800 kW, d’après les données compilées par le forum remontees-mecaniques.net.
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En considérant une puissance moyenne totalement arbitraire de 200 kW par remontée mécanique, les 3 346 machines installées en France développeraient une puissance cumulée d’environ 670 MW, pas si éloignée d’un réacteur nucléaire de palier CP0/Y (900 MW).
Un chiffre qui ne tient pas compte des pertes liées au transport et à la conversion du courant sur certaines machines ainsi que des consommations auxiliaires (moteurs des systèmes débrayables, tapis d’embarquement, chauffage…).
Bien sûr, toutes les remontées ne fonctionnent pas en même temps et à puissance maximale. Si la puissance réellement appelée par les stations de ski est certainement bien inférieure à notre calcul, elle reste significative. Ainsi, les opérateurs prévoient déjà des mesures pour réduire la consommation des leurs remontées.
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« On a eu quelques éléments communiqués, on sait déjà qu’on aura 16 scénarios à préparer en fonction de la météo et de la tension qu’il peut y avoir sur la production d’électricité » déclare Jordane Juschka. Selon un signal envoyé 24 heures à l’avance, la station devra adapter son plan d’exploitation pour réaliser 10 à 20 % d’économies d’énergie.
Parmi les mesures : « décaler l’ouverture de certaines remontées, voire s’en dispenser dans les cas les plus extrêmes tout en étant vigilants sur les flux de skieurs » explique le responsable de l’office du tourisme d’Orcières-Merlette. Par ailleurs, si plusieurs remontées desservent une même piste, une seule pourrait être conservée selon l’exploitant.
À lire aussi Comment les trains économisent-ils l’énergie en France ?La réduction de la vitesse d’exploitation des remontées est également au programme des 2 stations que nous avons interrogées. À Superdévoluy par exemple, les télésièges pourraient réduire leur allure. « Quand un appareil tourne à 4 m/s au lieu de 5 m/s, on économise 18 % d’électricité » assure Laurent Thélène.
« En tournant légèrement moins vite, on améliore le débit. Quand on laisse un peu plus de temps entre les sièges, les gens embarquent mieux. Il y a plus de confort donc moins d’arrêts et moins on s’arrête moins on consomme » précise le dirigeant du domaine skiable du Dévoluy.
Dans tous les cas, les stations promettent que ces changements seront « quasi imperceptibles » pour les skieurs et que la qualité de service ne sera pas dégradée. Une attention particulière dans un contexte de hausse du tarif des forfaits.
L’enneigement artificiel, second poste de consommation
Outre les remontées mécaniques, l’enneigement artificiel est également un poste de consommation électrique important. Il nécessite de puissantes stations de compression pour les systèmes à perches et de vigoureux ventilateurs pour les canons.
« On est à peu près à 25 % de notre consommation totale pour l’enneigement selon la saison » précise Laurent Thélène. « Sur la neige de culture, on prend le parti de baisser notre production de 10 % » promet-il.
Le dirigeant assure qu’ « en 10 ans, il y a eu des progrès colossaux » concernant la pulvérisation, avec « de nouvelles buses qui améliorent la congélation et la nucléation ». Ces technologies auraient déjà permis une réduction d’environ 40 % de la consommation d’électricité.
À lire aussi Pourquoi de la neige « nucléaire » est-elle tombée en Moselle ?Les économies passeraient également par la préparation des surfaces durant l’été. « Avec une surface linéaire sans aspérités, vous aurez beaucoup moins besoin de neige pour rendre le domaine skiable » explique-t-il. « L’engazonnement permet aussi de donner une surface qui va optimiser la production de neige, en réduisant la fonte. Elle fait l’effet d’une couche isolant de l’inertie thermique de la roche » précise l’exploitant.
De façon plus anecdotique, la sobriété passera aussi par la réduction « du chauffage dans les cabanes, locaux d’exploitation et caisses » lance son homologue d’Orcières-Merlette.
100 000 litres de diesel pour les dameuses
L’électricité n’est pas la seule énergie dépensée par les stations de ski. Elles consomment également du fioul pour chauffer certains bâtiments, mais surtout du gasoil pour le damage des pistes.
Ainsi, le domaine skiable du Dévoluy engloutirait environ 100 000 litres de diesel chaque année pour l’ensemble de sa flotte roulante (dameuses, 4×4 et véhicules divers), explique son dirigeant. Un poste coûteux, qui serait optimisé grâce à des « plans de damage » minutieux.
À lire aussi PistenBully 100E : la première dameuse 100% électrique dévoilée« On a des GPS qui nous permettent d’éviter de repasser au même endroit. Les chauffeurs ont un objectif de consommation à ne pas dépasser et pratiquent l’écoconduite » explique Laurent Thélène. « On peut aussi se poser la question : est-ce qu’on dame tous les jours ou non, selon la fréquentation » détaille-t-il.
Même son de cloche chez son confrère d’Orcières Merlette, Jordane Juschka, qui évoque aussi la possibilité d’adapter le plan de damage en « priorisant certains secteurs » et en « réduisant le nombre de passes ».
Il existe pourtant une solution très simple : les peaux de phoque.
« …’enneigement artificiel est également un poste de consommation électrique important. Il nécessite de puissantes stations de compression pour les systèmes à perches et de vigoureux ventilateurs pour les canons. »
<<<< ces équipements peuvent tourner en heures creuses la nuit,(22 – 07:00 ou 02:00-07:00 et 14:00-17:00) pour réduire la conso en kWh voire MWh !
Ceci peut aider puisque conso substantielle !
Slts
Guy
Donc en résumé, ils vont mettre en œuvre des mesures d’optimisation de leur fonctionnement, qu’ils auraient pu déjà adopter il y a des années. En effet, on ne parle ici que de comportements, pas de lourds investissements. Comme quoi des prix élevés entraînent des comportements vertueux!
Du coup quand on subventionne l’énergie avec de la dette, il se passe quoi?…