Dans notre transition, l’hydrogène n’a de valeur que s’il est bas-carbone. Produit à partir d’énergies renouvelables. Ou d’énergie nucléaire. C’est l’ambition d’un consortium au Royaume-Uni. Si le projet va à son terme, ce sera une première en Europe.
Depuis plusieurs années maintenant, tous les regards semblent vouloir se tourner vers l’hydrogène. Comme si à lui seul, ce gaz pas tout à fait comme les autres allait résoudre tous nos problèmes. Mais compter sur l’hydrogène comme vecteur énergétique ne vaut évidemment que si cet hydrogène est produit à partir de sources bas-carbone. C’est aujourd’hui encore loin — très loin — d’être majoritairement le cas. Mais un projet porté notamment par EDF Energy pourrait montrer une voie.
Le gouvernement britannique vient en effet tout juste d’annoncer avoir accordé un nouveau financement — à hauteur d’environ 7 millions d’euros, en plus des 450 000 euros déjà versés fin 2022 — à un projet baptisé Bay Hydrogen Hub — Hydrogen4Hanson. Son objectif : utiliser un hydrogène produit à partir d’énergie nucléaire — une première en Europe — pour décarboner la production d’asphalte et de ciment. Une production qui compte pour pas moins de 10 % des émissions des industries britanniques.
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Au cœur du projet Bay Hydrogen Hub — Hydrogen4Hanson, il y a la centrale nucléaire Heysham 2, située dans le nord-ouest de l’Angleterre. Elle doit être fermée en 2028. En attendant, une partie de sa production d’électricité, mais aussi de chaleur, pourrait être réorientée vers un électrolyseur dit à oxyde solide, dont la construction commencera en 2024. Si les études préliminaires valident les conceptions et les coûts.
Précisons que si certains voudraient compter sur des surplus de production d’énergies renouvelables, solaire ou éolienne, pour produire de l’hydrogène bas-carbone, d’autres voient dans le nucléaire une solution bien plus efficace. Par exemple, parce qu’alimenter un électrolyseur avec de l’énergie nucléaire devrait aider à garantir un facteur de charge suffisant à rendre l’opération économiquement intéressante.
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L’autre atout du nucléaire en la matière, c’est qu’il peut, en plus de l’électricité bas-carbone indispensable à faire fonctionner un électrolyseur, fournir de la chaleur qui en améliore les rendements. Les responsables du projet Bay Hydrogen Hub — Hydrogen4Hanson avancent d’ailleurs que leurs performances de production d’hydrogène sont d’au moins 20 % supérieures à celles des technologies plus classiques. De telles performances pourraient aussi être atteintes grâce à des petits réacteurs nucléaires de type Nuward.
Quelques questions restent encore posées. Celles des financements de ce type de projet et de leurs coûts d’exploitation. Et sur le plan technique, la phase de compression de l’hydrogène dans l’électrolyseur doit encore être validée. Des réponses qui seront apportées par les experts dépendra la suite du projet. Si tout se passe bien, l’hydrogène produit partira pour le nord du Pays de Galles. Pour servir de carburant à un site de production d’asphalte. Ça non plus, ça n’a jamais encore été fait !
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On sait faire de l’hydrogène vert pas cher à partir des urines de porc et ça serait une partie de la solution pour les algues vertes !!
Dans le domaine de l’absurde il est difficile de faire mieux ! Le rendement du nucléaire (rapport entre l’électricité produite et l’énergie potentielle de départ) est de 0,3. L’électrolyse de l’eau pour produire de l’hydrogène est très énergivore (60 % de perte env.) et c’est augmenté par l’électrolyse inversée de la pile à combustible.
Autant pour la chaleur qui serait perdu, je comprends, autant dédier la petite production d’électricité nucléaire qui a l’avantage d’être à peu près pilotable pour produire de l’hydrogène, cela me dépasse.
« à peu près pilotable » :Pas tellement, comme le montre l’ utilisation des STEPs ou des centrales à gaz. De plus les fluctuations, de façon générale, sont dégradantes : voir sur le site de la SEPRA81 la lettre ( sans réponse) à Mr de Rugy via son chef de cabinet. Par ailleurs l’article ne considère pas d’autres sources d’hydrogène de moins en moins potentielles : blanc, orange, bleu ( à ce sujet, on peut se reporter au projet de la SEPRA soumis au budget participatif de la région Occitanie).
Les STEP ou les centrales à gaz sont utiles lorsque la production nucléaire est trop élevée (STEP) ou trop faible (recours au gaz), mais ce que je veux dire, c’est que tant qu’á utiliser du nucléaire, autant le faire en base (pilotable dans le sens qu’on peut normalement compter sur lui sauf problème technique), là où il est le plus efficace. Il sera mille fois plus efficace (dans une perspective de décarbonation) de se contenter de faire de la production de base chez nous ou chez d’autres, que de l’utiliser pour produire de l’hydrogène avec un rendement énergie finale/énergie primaire… Lire plus »
Ne serait-ce que c’est parce que « la production [d’électricité] nucléaire » n’est pas « pilotable » sur un moment très court qu’elle est couplée avec celle des barrages qui, elle, l’est ? Et, si on utilise les STEPs « lorsque la production nucléaire est trop élevée », pourquoi cela ne serait pas possible pour produire de l’Hydrogène ? D’autant que celui-ci présente bien des usages ( par exemple pour le chauffage ) qui ne nécessitent pas sa conversion en électricité ( via des piles à combustible, ou des turbines).
Ne serait-ce que c’est parce que « la production [d’électricité] nucléaire » n’est pas « pilotable » sur un moment très court qu’elle est couplée avec celle des barrages qui, elle, l’est ? Et, si on utilise les STEPs « lorsque la production nucléaire est trop élevée », pourquoi cela ne serait pas possible pour produire de l’Hydrogène ? D’autant que celui-ci présente bien des usages ( par exemple pour le chauffage ) qui ne nécessitent pas sa conversion en électricité.
C’est bien sûr possible de produire de l’hydrogène lorsque la production nucléaire est trop élevée pour la consommation du moment, mais cela semble être absurde d’utiliser une source d’énergie « à peu près pilotable » (encore une fois, je ne dis pas qu’on pilote une centrale nucléaire comme une centrale à gaz ou un barrage, mais que vous pouvez prévoir 1GW tel jour) pour un usage qui ne nécessite pas de l’être et avec un rendement dérisoire, alors que nous savons que les moyens pilotables vont manquer dans le futur en décarbonant.
Startup plus greenwashing, voilà la vraie réponse ici.