Dans bon nombre de pays africains le bois est encore la principale source d’énergie. Utilisé principalement pour la cuisson des aliments son exploitation intensive est malheureusement l’une des causes d’une déforestation galopante responsable de 17 % des émissions de CO2 dans le monde. Sanga Moses, un jeune entrepreneur Ougandais a mis au point un combustible à base de déchets agricoles qui permet de réduire cet impact écologique.
En Ouganda, la déforestation est 2 fois plus rapide que dans le reste du continent africain. Au cours des dernières décennies 75% des forêts du pays ont disparu.
Se rendant dans son village natal pour visiter la famille, Sango Moses, comptable dans une banque de Kampala rencontra sa sœur de 12 ans. A la vue du grand frère celle-ci se mit à pleurer car au lieu d’être à l’école elle était obligée d‘aller, à pied, acheter du bois à 10 km de là. Sanga, qui participait financièrement aux frais de scolarisation de sa sœur, en fut très affecté. Quelques jours plus tard il décidait de quitter son emploi pour trouver une solution au problème.
Après plusieurs échecs Sanga eut l’idée d’utiliser des déchets agricoles comme les coques de café et les résidus des cultures de riz et de canne à sucre pour en faire un combustible. En utilisant la technique qui permet aux populations locales de fabriquer du charbon de bois, il mit au point des briquettes compressées dont le prix de revient était largement inférieur au bois vendu dans la région. Ce nouveau combustible brûle moins vite que le bois. Il en faut donc moins pour produire la même quantité de chaleur. En outre il produit moins de fumées et permet dès lors de réduire les maladies respiratoires causées par leur inhalation.
Il s’agit bien sûr d’une énergie renouvelable car le CO2 émis lors de la combustion de cette biomasse a été absorbée dans l’atmosphère par les plantes lors de leur croissance. Si ces déchets n’étaient pas utilisés comme combustible, ils finiraient d’une façon ou d’une autre par « pourrir » lentement et cette décomposition émettrait la même quantité de CO2 qu’une combustion.
Pour commercialiser son invention, Sanga Moses créa en 2010 l’entreprise Eco-Fuel Africa. Cinq ans plus tard, son charbon de « déchets agricoles », vert et « durable », produit par un réseau de 2.500 petits agriculteurs locaux était utilisé par 19.000 ménages pour la préparation de leurs repas. Au total, cette initiative a permis d’éviter à ce jour l’émission de plus d‘un million de tonnes de gaz à effet de serre.
L’invention de Sanga Moses valu à Eco-fuel Africa de remporter le « Verizon Powerful Answers Award » d’une valeur d’un million de dollars. Ce concours lancé par l’entreprise américaine Verizon a pour objet de récompenser des innovations en matière d’enseignement, de soins de santé, de développement durable et de transport.
En Afrique, comme partout dans le monde, la transition énergétique est en marche et il est important que notre site s’en face aussi l’écho.