Une nouvelle centrale de stockage d’électricité par batterie vient d’être inaugurée en Belgique. Le projet vise à optimiser la stabilité du réseau électrique européen en régulant sa fréquence. Celle-ci doit strictement être maintenue entre 49,85 et 50,15 hertz (Hz).
En cette période de crise, les solutions de stockage d’électricité devraient être stratégiques pour l’indépendance énergétique. Ce n’est hélas pas encore le cas, mais les projets avancent peu à peu, notamment sur les batteries géantes. Il y a quelques semaines, le Royaume-Uni démarrait une importante batterie stationnaire de 196 MWh. Le 1ᵉʳ décembre, la Belgique inaugurait à son tour une méga-batterie, considérée comme la plus puissante d’Europe continentale.
Située à Deux-Acren, l’installation s’étend sur une surface de 7 000 m². Elle est composée de 20 transformateurs et de 40 Tesla Megapacks, de puissantes batteries lithium-ion développées par le célèbre fabricant de voitures électriques. Ces accumulateurs ont été choisis en raison de leur maturité et de leur durée de vie atteignant au moins 10 ans, assure Corsica Sole, l’opérateur qui a repris le projet initialement lancé par Innovent.
À lire aussi La plus grande batterie du monde redémarre après une longue avarieStocker la consommation de 8 000 foyers sur 24 h
L’ensemble du système dispose d’une capacité de stockage de 100 MWh, qui en France, équivaudrait au besoin journalier de 8 000 foyers, sachant que la consommation quotidienne est d’environ 12,5 kWh. La puissance est, quant à elle, évaluée à 50 MW. La centrale est raccordée à une ligne à haute tension, prête à déstocker ou à stocker l’énergie en temps voulu.
Durant son fonctionnement, la centrale risque d’être bruyante, en raison de son système de ventilation. Un problème, alors qu’elle est implantée en pleine agglomération, à quelques dizaines de mètres d’habitations. L’entreprise explique avoir mis en place des talus antibruit afin de minimiser les nuisances sonores. Concernant la sécurité, les unités de batterie ont fait l’objet de divers tests par leur fabricant, attestant ainsi leur sûreté, assure-t-elle. Alors que l’élaboration de ce projet a pris plusieurs années, sa concrétisation a duré moins de six mois. En effet, les batteries Tesla sont fournies prêtes à fonctionner.
À lire aussi Dunkerque : mise en service de la plus grande batterie de FranceUn meilleur équilibre entre l’offre et la demande
L’énergie stockée dans cette centrale viendra s’ajouter à la réserve électrique belge, principalement constituée de STEP (station de transfert d’énergie par pompage-turbinage). Elle assurera ainsi la stabilité de la distribution en répondant aux variations de fréquence et de tension. Pour ce faire, la centrale déstockera de l’énergie en cas de hausse de la demande et absorbera en cas de baisse. Chaque action est déclenchée en moins de 30 secondes, assure Corsica Sole.
Le contexte actuel incite l’Union européenne à sécuriser cet équilibre entre l’offre et la demande. Davantage de moyens de stockage d’électricité permettrait notamment de mieux maîtriser les coûts et de réduire l’utilisation, voire se défaire, des centrales fossiles.
À lire aussi Les 3 plus grands sites de stockage d’électricité du mondeLa variabilité est le problème majeur des énergies renouvelables, particulièrement éolienne et solaire. Le stockage en batteries peut permettre de lisser leur production, qui fluctue en fonction du jour, de la nuit et des conditions météorologiques. De plus, grâce à la méga-batterie, l’énergie excédentaire pourra être accumulée puis restituée en soirée. Ce principe peut également s’appliquer à l’échelle de la semaine : stockage chaque dimanche (où la consommation est faible), et déstockage les autres jours. Le système limite donc les pertes.
On voit bien le probleme : 7000m2 d’installations complexes pour stocker seulement 100MWh. Les batteries ne sont clairement pas la solution d’avenir pour assurer le stockage de masse indispensable au développement des ENR intermittentes. Grâce à leur temps de reaction très rapide, leur role se limitera à assurer la continuité de service pendant quelques minutes, le temps de mettre en service des unites de production pilotables de capacité beaucoup plus élevées telles qu’hydroelectrique, STEPs ou centrales a flamme renouvelables (H2 ou biogaz).