AccueilÉolienFaut-il vraiment freiner le déploiement des énergies renouvelables ?

Faut-il vraiment freiner le déploiement des énergies renouvelables ?

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Par Kevin CHAMPEAUPublié le 16 avril 2025
Illustration : Getty, modifiée par RE.

À l’aube de la publication de la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie, une question anime les débats : les objectifs de déploiement d’éolien et de solaire sont-ils trop élevés ? Pourtant, la vraie question à se poser ne serait-elle pas : les objectifs d’électrification des usages sont-ils suffisants ?

Tandis que la production d’électricité s’est envolée en 2024, bien aidée par la forme olympique du parc nucléaire et des centrales hydroélectriques, la consommation électrique française, elle, reste stable depuis plusieurs années. De ce fait, la France a produit 90 TWh de plus qu’elle n’en a consommé.

Dans ce contexte, nombreux sont les observateurs qui s’inquiètent des objectifs toujours plus grands de déploiement des énergies renouvelables, notamment à travers l’éolien et le solaire. Et pour cause, une production d’électricité, certes décarbonée, décorrélée des besoins réels, pourrait avoir des effets négatifs avec de fortes hausses de prix. Parmi ces observateurs, Vincent Berger, haut commissaire à l’énergie atomique, a indiqué qu’il fallait ralentir sur le déploiement du renouvelable pour éviter cette trop grande différence entre production et consommation.

Ces inquiétudes se concentrent actuellement autour de l’imminente publication de la PPE3 (Programmation pluriannuelle de l’énergie) qui doit fixer les objectifs en matière de production et de consommation d’énergie pour les dix prochaines années. De nombreux acteurs de la vie politique dénoncent une trajectoire pas en accord avec la réalité du pays. Si le texte devait faire l’objet d’un simple décret, et donc éviter un passage par la case Assemblée Nationale, il fera finalement l’objet d’un débat parlementaire sans vote à la fin du mois d’avril.

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Sans consommation, la production électrique n’est rien

Néanmoins, les objectifs de déploiement en matière d’éolien ou de solaire sont-ils les véritables problèmes de la politique énergétique française ? Si on parle souvent du faible impact carbone du mix électrique français, il faut rappeler que celui-ci ne compte que pour 25 % de l’énergie totale consommée en France. Le mix énergétique de la France est encore largement dominé par les énergies fossiles, qui comptent pour 63 % de l’énergie finale en 2022.

L’électrification progressive des usages constitue le meilleur espoir d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour cela, le déploiement massif des énergies renouvelables est effectivement indispensable. En revanche, il n’a de sens que s’il est accompagné d’une solide politique de transition énergétique, intégrant notamment le développement du réseau électrique et du stockage d’énergie à grande ampleur.

Or, la consommation électrique française, en baisse quasi constante depuis la crise du COVID, ne montre pas de signe d’électrification des usages. La réussite de la transition énergétique française tiendra donc à la métamorphose de plusieurs secteurs particulièrement émetteurs de CO2. Parmi ces secteurs, on peut citer le transport, responsable de 123 millions de tonnes de CO2 par an dans l’hexagone, mais également l’industrie (41 Mt CO2/an) ou encore le secteur résidentiel et en particulier le chauffage (33 Mt CO2/an).

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