En moins de deux mois, la crise sanitaire a rebattu les cartes de la mondialisation. Pour beaucoup d’observateurs, mais aussi de décideurs, la relocalisation de notre industrie n’est plus une option, mais une condition de survie de nos économies. Les milliards du Green Deal proposé par la Commission de Bruxelles et les plans de relance concoctés par les différents gouvernements sont une opportunité pour la filière photovoltaïque européenne, asphyxiée il y a une dizaine d’année par ses concurrents asiatiques. Pourrions-nous voir l’émergence d’un « Airbus » du solaire ?
Le Covid-19 semble enfin avoir ouvert les yeux de l’Europe sur sa dépendance criante aux importations de nombreux produits stratégiques en provenance d’Asie. Dès le début de la propagation du virus en Chine, beaucoup de nos entreprises ont été forcées au ralenti, voire à l’arrêt. Dans l’automobile, l’aéronautique, la chimie et bien d’autres secteurs, des matières premières, des composants électroniques ou d’autres pièces essentielles manquaient à l’appel. La pénurie de masques, de gel hydroalcoolique, et de réactifs, tous fabriqués en grande partie par la Chine n’ont été que la pointe de l’Iceberg. 80% des principes actifs utilisés dans la fabrication des médicaments proviennent d’Asie.
« Les gouvernements de la zone euro réalisent à l’occasion de cette crise à quel point il est important de produire en Europe les équipements stratégiques dont dépendent nos sociétés » explique Patrick Artus, le chef économiste de Natixis.
Peut-être moins évidente, cette fragilité est toute aussi critique dans le secteur de l’énergie qui dépend en grande majorité des importations de pétrole, gaz, charbon ou uranium. Une raison supplémentaire de donner la priorité aux énergies renouvelables dont les ressources, que ce soit le soleil, le vent la pluie ou la biomasse, sont bel et bien locales.
Problème : beaucoup de composants de nos éoliennes et de nos installations solaires sont également fabriqués en dehors du continent. 93% des wafers (ou gaufrettes) de silicium utilisés dans les panneaux photovoltaïques, par exemple, sont fabriqués en Chine.
L’Europe doit relocaliser sa production photovoltaïque
Face à la concurrence asiatique, la filière photovoltaïque européenne a dû baisser pavillon. Pourtant la technologie avait été en grande partie développée sur notre continent et, il y a moins de dix ans, elle faisait encore tourner bon nombre de nos usines.
L’Europe, si elle veut atteindre ses objectifs de transition énergétique, doit donc s’affranchir de cette dépendance et relocaliser sur son territoire la production des composants nécessaires à la production d’énergie solaire.
Une opportunité que compte bien saisir le secteur européen du photovoltaïque. Interrogé par nos confrères de renouvelle.be, Andre Langwost, secrétaire général de l’European Solar Manufacturing Council (ESMC) plaide pour une stratégie européenne commune. « Il faut faire comprendre aux ministres européens de l’économie qu’ils doivent stimuler la fabrication solaire en Europe. C’est une nécessité pour y maintenir la recherche et développer des nouvelles technologies compétitives » déclare-t-il.
La filière estime d’ailleurs que cette réindustrialisation doit être intégrée dans le plan de relance vert, le « Green Deal » proposé par la Commission. Celle-ci mise sur la création d’alliances pour développer les industries bas-carbone. L’Airbus des batteries lancé par la France et l’Allemagne en est un bel exemple.
Pour « SolarPower Europe », Bruxelles devrait reconnaître le secteur comme stratégique. Il pourrait alors bénéficier des investissements considérés comme prioritaires. Plusieurs dizaines d’associations nationales et d’instituts de recherche ont déjà lancé un appel dans ce sens.
Miser sur les nouvelles technologies
Contrairement aux apparences, les atouts de l’Europe pour une relocalisation de son industrie photovoltaïque ne manquent pas. Ainsi, la chute des coûts de production amplifie l’importance du transport, lequel compte désormais pour près de 10% dans le prix des panneaux. En outre, la fabrication de ceux-ci est maintenant largement robotisée ce qui réduit l’impact du coût de la main-d’œuvre.
Et puis, surtout, la filière européenne peut miser sur les nouvelles technologies. Ses chercheurs et ses industriels sont en effet à la pointe dans ce domaine. Ils ont développé des nouvelles techniques qui vont révolutionner le secteur dans les prochaines années : films organiques, cellules à hétérojonction ou à base de pérovskites, fabrication «Kerfless », modules bifaciaux : les innovations ne manquent pas. Les applications non plus, avec l’émergence de l’agrivoltaïsme, du photovoltaïque flottant ou même marin et du BIPV. Si, face à la Chine, les industriels européens avaient perdu la bataille du solaire de première génération, ils sont donc maintenant en mesure de prendre leur revanche.
L’enjeu est gigantesque : l’Europe devrait installer 25 GW de panneaux par an d’ici 2025 et le secteur table sur un rythme annuel de 50 GW vers 2030. SolarPower Europe estime, par exemple, qu’il faudra installer 30 millions de toitures solaires d’ici 2030 et que le déploiement de centrales solaires au sol va s’accélérer.
En France, l’objectif du gouvernement est de multiplier la capacité photovoltaïque installée par quatre d’ici 2028, « ce qui nécessite d’avantages d’usines sur le territoire », estime Daniel Bour, le président d’Enerplan, le syndicat de l’énergie solaire.
Vers un « Airbus » du solaire ?
Mais comment la résurrection du photovoltaïque européen pourra-t-elle s’opérer ? Pour Andre Langwost, il faut se garder d’imaginer une gigafactory comme celle que la Chine projette de construire. Nous aurions plutôt besoin de plusieurs usines, de belle taille, certes, mais éparpillées dans différents Etats. Cela réduira d’autant les coûts et les nuisances dues au transport. « Nos membres ont identifié dans les pays européens toutes les compétences nécessaires pour couvrir toute la chaîne de valeur » expliquait-il dans renouvelle.be ; « il faut encourager ces entreprises à se structurer au niveau européen et pas uniquement sur leur marché frontalier ». Si un Airbus du solaire devait voir le jour, comme il en existe désormais un pour les batteries, « il ne faudrait pas qu’il soit monopolisé par les grandes puissances comme la France et l’Allemagne », plaide encore Andre Langwost : « Il nous faut un mouvement vraiment européen, qui implique tous les acteurs du continent ».
Les dirigeants devront aussi créer les conditions nécessaires, lever les barrières administratives et réglementaires pour permettre l’émergence rapide des projets d’usines, et faciliter l’accès aux capitaux. Des priorités qui ne devront pas être oubliées dans les plans de relance des économies concoctés déjà par plusieurs gouvernements.
Qui veut encore créer une usine avec de l’emploi a la clef quand 200 jours par an les syndicats font grève de manière sauvage pour tout et n importe quoi… Quand l état vole toute la richesse créée et ensuite plume l indépendant a la premiere occasion. Continuons a acheter chinois, au moins on est sur que ça arrive a bon port et bon marché.
Relancer l industrie européenne du pv: très bien mais je crains fortement que les politiciens soient tentés de le faire par la voie la plus facile qui serait de taxer les produits asiatiques. Les prix moyens augmenteraient fortement. Ce serait un nouveau coup dur pour le PV qui a mauvaise presse avec tous les bâtons qu on lui a mis dans les roues.
Le censure me semble souvent présente lors de commentaires qui ne vous conviennent pas. Les sites anti-nucléaires comme vous n’aiment pas beaucoup la liberté d’expression !
Je vois tout de même des différences entre la question des batteries et celle du photovoltaïque. Dans le premier cas il y a une forte demande de l’industrie et pas d’offre locale adéquate ; dans le second il existe déjà des fabricants européens (p. ex. Photowatt en France) mais il faut stimuler la demande. Une deuxième différence est que dans le cas du photovoltaïque chaque citoyen peut être acteur, en installant des panneaux et en faisant le choix d’acheter des panneaux produits localement, que ce soit au travers d’une installation individuelle ou au travers d’une coopérative citoyenne comme il en… Lire plus »
» asphyxiée il y a une dizaine d’année par ses concurrents asiatiques »
D ou une taxe de 65% il me semble sur les importations non ?? elle avait sauté il me semble en septembre 2018…mais les prix n avait pas baissé d autant…
Par contre ne pas associé airbus a l europe…car airbus n est pas europeen…
Multiplier le solaire par 4 en 8 ans est une ambition bien limitée en France. Le solaire ne représente que 2 2,% de notre ,mixe électrique ce serait l’amener (le reste ne changeant pas) à 8,8% ce qui est déjà ce que fait l’Allemagne aujourd’hui ! Alors qu’avec notre bande méditerranéenne nous sommes infiniment mieux placé que l’Allemagne. Si nous couvrions tout le bâtie du pays dont la part agricole est largement dominante, nous produirions avec nos PPV le double de ce que produisent nos 58 (devenu 56 et même moins) réacteurs nucléaire. Sachant que c’est l’activité économique qui s’exerce… Lire plus »
M. Rochain qui a des actions dans le salaire photovoltaïque ne pouvant pas écrire autre chose. Mais de là à prouver ce qu’il avance, c’est autre chose. Le solaire photovoltaïque, tel qu’il l’envisage, nécessiterait un parc de plus de 300 GW installé avec stockage massif conséquent (la production est une courbe en cloche, donc pas de production nocturne, et l’hiver très faible)pour supplanter le parc nucléaire. Aucun chiffre n’est avancé pour l’investissement mais considérablement plus cher qu’un parc nucléaire. Aucun pays n’a pu réaliser ce système sorti tout droit d’un esprit rêveur. A lui de prouver qu’un tel système puisse… Lire plus »
Je mets mes économies dans les domaines dans lequel j’ai confiance, mais pour comprendre cela il faut avoir autre chose qu’un petit poids dans le crane. Par ailleurs, vous n’avez manifestement aucune notion de ce que renouvelable veut dire. Il n’y a pas que le solaire. il y a aussi l’éolien, il y a aussi les bioénergies naturellement stockée dès leur production et pouvant être utilisées à loisir pour linéariser les productions variables, ce qui rendra minime le besoin de stockage et que nous sommes déjà capable de réaliser aujourd’hui si le besoin existait. D’ailleurs, aujourd’hui Le nucléaire est le… Lire plus »
Mais qui se ridiculise ? Si vous voulez produire, avec du solaire photovoltaïque, avec toute la variabilité évoquée par moi-même plus haut, l’équivalent du parc nucléaire en 2019 (environ 400 TWh) https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/synthese-les-faits-marquants-de-2019/# il vous faudra bien, en prenant pour facteur de charge moyen annuel en région méditerranéenne (autour de 15 %) , environ 300 GW. C’est ce que s’annonçais. Pour le double, comme vous le proposiez, il vous faudra 600 GW de photovoltaïque. Concernant l’éolien, 10 000 éoliennes, même avec une puissance installée théorique de 30 GW, vous n’atteindrez jamais cette production de 30 GW, et vous devriez tenir compte… Lire plus »
Vous continuez à vous ridiculiser en pensant qu’il n’y a que vous qui savez les facteurs de charge du solaire et de l’éolien, tien je pari que vous ne connaissez même pas lui du nucléaire de 2019 !! Rien que pour le solaire si vous couvrez ne serait ce que tout le bâti du pays, vous produirez une fois et demi ce qu’étaient capables de produire les 58 réacteurs du parc français., mais le calcul et le recherche des variables devant être pris en compte ce n’est pas votre fort. Vous préférez le blabla genre « ce n’est pas possible » …..… Lire plus »
Plutôt que de « vociférer » ainsi, prenez le temps de vous informer : https://www.connaissancedesenergies.org/qu-est-ce-que-le-facteur-de-charge-d-une-unite-de-production-electrique-120305
Vous continuez à dire n’importe quoi, vous êtes totalement ignorant et croyez apprendre quelque chose au reste du monde. En revanche je vous ai posé une question très simple et là silence radio !! Vous ne savez donc même pas ce qu’a été le facteur de charge du nucléaire en 2019 !!! Quel nul vous faites ! allez je suis bon prince…. c’est 68%, à peine mieux que l’éolien en mer du Nord et en Baltique