Le parc eolien de Chuanshan en Chine / Illustration : Wikimedia - Siyuwj.
À l’occasion de la COP28, un objectif a été fixé : tripler la capacité de production renouvelable d’ici 2030. Et bonne nouvelle, selon les derniers chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cela pourrait être possible.
Parmi les objectifs chiffrés fixés lors de la COP28 qui s’est tenue il y a quelques semaines à Dubaï, il y a celui qui concerne les énergies renouvelables. Le monde s’est engagé à tripler les capacités installées d’ici 2030. Et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé qu’elle allait suivre de près les évolutions en la matière. Elle vient d’ailleurs de publier un premier rapport à ce sujet. Il est plutôt encourageant.
Le déploiement des énergies renouvelables s’accélère
Les experts de l’AIE notent en effet que la capacité mondiale de production d’électricité renouvelable a augmenté en 2023 plus rapidement que jamais au cours des trois dernières décennies. De quoi nous donner une véritable chance d’atteindre l’objectif de tripler cette capacité d’ici 2030. Au cours de l’année qui vient de s’écouler, près de 510 GW supplémentaires ont été installés. C’est 50 % de plus qu’en 2022. Et les cinq prochaines années devraient connaître une croissance encore plus rapide. Compte tenu des politiques actuelles et des conditions de marché, l’AIE table ainsi sur une capacité mondiale de production renouvelable augmentée de 3 700 GW sur la période 2023-2028. C’est l’équivalent d’une multiplication des capacités de production par deux fois et demie. Pas tout à fait par trois, donc.
Selon Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, le plus important reste désormais d’« accroître rapidement le financement et le déploiement des énergies renouvelables dans les économies émergentes et en développement, dont beaucoup sont laissées pour compte dans la nouvelle économie énergétique. La réussite de l’objectif de triplement dépendra de cela. »
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Le rapport de l’AIE rappelle aussi que le solaire et l’éolien représentent 95 % des nouvelles capacités de production renouvelables prévues. En 2023, l’énergie solaire photovoltaïque, à elle seule, a ainsi compté pour trois quarts des nouvelles capacités ajoutées dans le monde. Grâce notamment à des prix des modules photovoltaïques qui ont baissé de près de 50 % par rapport à 2022. Et qui devrait baisser encore avec une capacité de production qui s’apprête à dépasser largement la demande.
Le déploiement de l’énergie solaire photovoltaïque et de l’éolien terrestre jusqu’en 2028 devrait ainsi plus que doubler aux États-Unis, en Europe, en Inde et au Brésil, par rapport aux cinq dernières années. Alors que déjà, l’augmentation de la capacité y a atteint des sommets sans précédent en 2023. Mais c’est en Chine que la croissance a été la plus importante. Le pays a mis en service autant de solaire photovoltaïque l’année dernière que le monde entier en 2022. La Chine a aussi ajouté 66 % de capacité éolienne sur l’année.
Hors solaire et éolien, l’AIE souligne que les biocarburants commencent eux aussi à montrer leur potentiel. Notamment dans le secteur du transport aérien ou en remplacement de carburants comme le diesel. Mais cela reste insuffisant. D’autant que très peu de projets de production d’hydrogène renouvelable devraient voir le jour d’ici 2030.
Commentaires
Plus on augmente la production des ENRi, plus il faut augmenter la puissance et la capacité des sources qui compensent les périodes non productives (nuit, absence de vent, etc.), soit par du stockage (batteries, STEP, ...), soit par des centrales à énergies fossiles. Vu le coût et le délai de mise en oeuvre du stockage, cela veut dire qu'il va falloir continuer à consommer des énergies fossiles en parallèle !
Cela pourrait s'améliorer après 2030, puisque les AMR (réacteurs nucléaires de 4e génération) pourront commencer à remplacer ces centrales.
La Pologne a validé un gros investissement pour remplacer ses centrales à charbon dans les prochaines années avec des SMR dont la durée de construction est de 2-3 ans. https://www.revolution-energetique.com/du-charbon-au-nucleaire-ce-pays-veut-devenir-le-royaume-des-mini-reacteurs-smr/
Si il y a des AMR en France dans les années 30, se sera au mieux quelques démonstrateurs. Donc un déploiement au mieux en 2040 où 2050.
Pour le temps de construction des SMR, j'attends de voir dans la pratique la durée effective. Si ont avait voulu croire le cahier des charges de l'EPR, il aurait du être 2 fois plus rapide à construire et nettement moins cher que les générations de réacteurs précédentes...
Cela dépend bien entendu des situations de départ.
Pour prendre une exemple extrêmement simple : l'Allemagne a largement augmenté son parc solaire/éolien tout en sortant du nucléaire et en diminuant son recours au fossile (y compris la puissance installée).
Si les déploiement des ENR ne fait pas baisser la part des énergies fossiles, cela ne sert strictement à rien.
Il ne s'est jamais brûler autant de charbon qu'en 2023.
Cela montre qu'au niveau mondial, les ENR échouent totalement à faire baisser les émissions de GES et qu'elle ne se substitue pas aux énergies fossiles.
Et cela donne raison à JB Fressoz ou à Jancovici quand ils affirment qu'il n'y a pas de transition énergétique et qu'il n'y en aura Jamais.
C'est un faux résonnement par l'absurde qui n'a queue ni tête. Les ENR font définitivement baisser, en pourcentage, la part des fossiles. Mais si dans le même temps la consommation d'énergie dans le monde continue d'augmenter plus vite que la croissance des ENR, alors on a la situation actuelle que les fossiles n'ont toujours pas atteint leur pic. La conclusion logique est qu'il faut soit reduire la consommation (mais, allez dire ça à la Chine où aux pays en voie de développement) où alors augmenter les enr plus vite que la hausse de la demande. Donc exactement l'inverse que votre raisonnement qui ne tiens pas la route.
D'abord, ce n'est pas mon raisonnement mais celui de Janco et Fressoz.
Et ensuite, celui ci tient parfaitement la route puisqu'il est étayé par des chiffres.
En valeur absolue, la consommation d'énergie fossiles n'a jamais baissé au niveau mondial.
Dire qu'on consommerait encore plus de fossiles si il n'y avait pas d'ENR ne repose sur rien.
Et c'est même sûrement le contraire car des puits de pétrole ne seraient pas apparu comme par magie si il n'y avait pas eu les ENRs.
C'est sur que si on raisonnement en pourcentage, cela donne une autre vision du problème mais une vision complètement fausse et trompeuse.
Mon post n'est toujours pas apparu (censuré ?), alors nouvel essai:
J'ai toujours du mal à suivre le raisonnement: pourquoi "l'apparition" des puits de pétroles devraient être lié au développement des ENR ? Je ne vois pas le rapport.
Un puits de pétrole n'apparaît jamais comme par magie il faut le chercher activement.
Donc si on les cherche, c'est parce qu'il existe une demande de pétrole. Et si il y a une demande de pétrole, c'est parce que les autres formes d'énergies, comme les ENR, ne sont pas encore en mesure de couvrir la demande d'énergie et aussi à cause du carbon lock-in.
@Bouboul : JP Fressoz n'affirme pas qu'il n'y aura pas de transition énergétique - c'est d'ailleurs ce qui le différencie des élucubrations à la Janco, qui n'hésitait pas à "démontrer" il y a 15 ou 20 ans que l'éolien n'avait pas grand avenir...
Il commence ainsi par le rappeler à la première phrase de son interview donnée au Monde aujourd'hui :
"Je suis un historien et je ne suis pas payé pour prédire le futur. L’argument de mon livre n’est pas de dire que la transition est impossible car elle n’a pas eu lieu par le passé."
Sa thèse est d'une part de dénoncer l'approche historique "phasiste", en montrant qu'il n'y a jamais eu de transition énergétique jusqu'à maintenant, mais plutôt une symbiose entre les différentes énergies ; et d'autre part de critiquer le concept de "transition" en ce qu'il permet d'éviter de penser d'autres modes d'organisation, de production, etc. alors que ces changements semblent inévitables si l'on veut réellement aller vers le zéro carbone (exemple insigne de l'aviation, dont les prévisions de croissance délirantes sont totalement incompatibles avec ces objectifs).
Fressoz est suffisamment malin pour ne pas se risquer à faire des prédictions comme le fait l'AIE.
Cependant, il a clairement dit qu'il ne pensait pas qu'une transition énergétique serait possible même si on avait 2 siècles devant nous.
Car en 2000 ans, on ne l'a jamais fait.
Ce n'est pas aussi simple. Il faudrait connaitre l'évolution qu'aurait eu les fossiles sans les EnR. L'augmentation aurait certainement été encore plus grande, dans ce cas alors les EnR sont efficaces (mais évidement pas assez et sans aucune garantie qu'elles remplacent un jour les fossiles)
La Chine à installé 66% des nouvelles capacités éoliens mondiale en 2023 ou elle a installé 66% de plus qu'en 2022?
Il ne faut pas confondre capacité installée et production réellement utilisable... là c'est moins glorieux !
Il faudra pour commencer inventer la machine à remonter le temps.