Travail forcé et abus de droits humains dans la filière de batteries de stockage : quelle solution ?


Travail forcé et abus de droits humains dans la filière de batteries de stockage : quelle solution ?

Des mineurs « artisanaux » dans une mine de Cobalt au Congo / Image : Wikimedia - IIED.

Une grande partie de la chaîne de valeur des batteries pourrait être issue du travail forcé ou d’abus de droits humains. Éthiquement et juridiquement, elle est doublement regrettable, d’autant que ces produits pourront être bannis aux États-Unis et en Europe.

L’industrie de l’énergie fait face à une crise éthique majeure : une grande partie de la chaîne d’approvisionnement des batteries lithium-ion pourrait être exposée au travail forcé, en violation des lois des États-Unis et de l’Union européenne (UE). Cette révélation, issue d’un rapport publié par la plateforme de gestion des risques Infyos, soulève des inquiétudes quant à l’avenir des technologies de stockage d’énergie et à la capacité des entreprises à se conformer aux nouvelles réglementations en matière de droits humains.

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Une dépendance lourde de conséquences

Le rapport d’Infyos met en lumière une réalité alarmante : de nombreuses entreprises de premier plan dans les secteurs de l’automobile et du stockage d’énergie utilisent des batteries lithium-ion dont la chaîne d’approvisionnement pourrait être liée à des abus des droits humains, notamment en Chine. Le lithium-ion est aujourd’hui la technologie prédominante pour les systèmes de stockage d’énergie (BESS), et son rôle ne cesse de croître la transition énergétique mondiale.

Cette dépendance aux batteries lithium-ion a un coût moral. Une partie de la production de ces batteries repose sur des matières premières extraites et raffinées dans des régions controversées, en particulier la région autonome ouïghoure du Xinjiang en Chine, où des allégations de travail forcé ont été formulées.

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Des lois plus strictes aux États-Unis et en Europe

Les implications pour les entreprises sont considérables. Aux États-Unis, la loi de prévention du travail forcé ouïghour (UFLPA) vise à bloquer les importations de produits liés au travail forcé, y compris les batteries. L’année dernière, des produits d’une valeur de 1,4 milliard de dollars ont été saisis en vertu de cette loi. De son côté, l’UE introduira en août prochain une nouvelle réglementation sur les batteries, imposant des exigences strictes en matière de transparence et de responsabilité dans la chaîne d’approvisionnement.

En cas de non-conformité, les entreprises pourraient voir leurs produits interdits sur ces marchés cruciaux. Une situation qui pourrait avoir des répercussions économiques importantes, mais qui pourrait aussi inciter les entreprises à renforcer leurs efforts en matière de traçabilité et de durabilité dans leur chaîne de production.

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Les entreprises au cœur de la tourmente

Bien qu’Infyos n’ait pas spécifiquement nommé les entreprises impliquées, les regards sont orientés vers les principaux acteurs de l’industrie des batteries pour les voitures, notamment CATL et Gotion, des entreprises chinoises dominantes sur le marché mondial. Des législateurs américains ont récemment appelé à bloquer immédiatement les expéditions de batteries provenant de ces entreprises, les accusant de liens avec des organisations chinoises impliquées dans l’exploitation des Ouïghours.

Face à ces accusations, CATL a fermement démenti toute implication dans le travail forcé, affirmant que ses pratiques de sourcing respectaient les normes internationales en matière de droits humains. Cependant, la pression s’intensifie, et les entreprises devront désormais prouver, de manière transparente, que leurs chaînes d’approvisionnement sont exemptes de violations des droits humains.

Outre les allégations de travail forcé en Chine, des préoccupations subsistent concernant les conditions de travail dans d’autres pays asiatiques. Un incendie survenu lundi 24 juin 2024 dans une usine de pièces pour batteries en Corée du Sud a tué 23 travailleurs, principalement des contractuels étrangers. L’usine Aricell, installée à Hwaseong, a pris feu, entraînant la mort de dix-huit Chinois, un Laotien et une personne de nationalité inconnue, selon un pompier sur place.

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