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D’après une note d’analyse de France Stratégie, seuls un tiers des 85 milliards d’euros d’investissements annuels nécessaires à la transition écologique d’ici 2030 seraient rentables sans soutien public pour les ménages et les entreprises.
D’après une récente note d’analyse de France Stratégie, seuls un tiers des 85 milliards d’euros d’investissements annuels nécessaires à la transition écologique d’ici 2030 seraient rentables sans soutien public, tant pour les ménages que pour les entreprises. Ce constat met en évidence la difficulté de financer cette transition de manière durable et efficace, et interroge sur la capacité des dispositifs existants à combler ce fossé financier.
Le rapport de France Stratégie, publié en octobre 2024, précise qu’un tiers des 85 milliards d’euros par an, destinés aux secteurs du bâtiment et du transport routier, sont rentables sans intervention publique. Ces investissements sont considérés comme nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques, mais leur rentabilité reste incertaine.
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Les investissements identifiés dans les secteurs du bâtiment et du transport routier se concentrent principalement sur deux axes : la rénovation énergétique des bâtiments et l’électrification du parc automobile. En effet, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ces secteurs clés doivent progressivement basculer vers des solutions moins carbonées. Certains de ces investissements, comme le remplacement des chaudières au fioul par des pompes à chaleur, peuvent être immédiatement rentables pour les ménages, notamment en raison des économies d’énergie qu’ils permettent de réaliser à court terme. Cependant, d’autres investissements, comme l’isolation thermique des bâtiments ou le remplacement des chaudières à gaz par des systèmes de chauffage électrique, restent largement non rentables, à prix de l’énergie constant.
Un besoin d’investissement public
Pour les investissements considérés comme non rentables, France Stratégie chiffre à 19 milliards d’euros par an le montant des transferts publics nécessaires pour assurer leur rentabilité. Ce chiffre inclut environ 17 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments, un secteur particulièrement déficitaire en termes de rentabilité. Actuellement, les aides publiques, telles que le dispositif MaPrimeRénov’, atteignent environ 8 milliards d’euros par an, un montant encore bien en deçà des besoins identifiés. Ce décalage interpelle sur la nécessité de revoir et d’augmenter le budget alloué à ces aides, pour garantir un soutien plus large et efficace aux ménages.
France Stratégie évoque également plusieurs pistes pour compléter le financement. Subventions directes, régulations incitatives ou encore des mécanismes fiscaux tels que des taxes sur les énergies fossiles ou des malus sur les « actifs bruns » – ces installations ou équipements à forte intensité carbone – sont envisagés comme des solutions à court terme. Ces leviers permettraient non seulement de stimuler la transition, mais aussi de répartir de manière plus équilibrée l’impact financier, en limitant la charge sur les finances publiques.
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Pour éviter les effets d’aubaine – où les ménages les plus aisés bénéficieraient des mêmes subventions que les ménages modestes pour des investissements qu’ils auraient de toute façon réalisés – France Stratégie propose de calibrer les aides en fonction des revenus des ménages. Cette approche permettrait de mieux cibler les aides, en concentrant les transferts sur les foyers les plus modestes, ceux qui en ont le plus besoin pour entreprendre les rénovations nécessaires. Cette stratégie, en limitant les aides aux plus hauts revenus, pourrait réduire les besoins de financement public à environ 19 milliards d’euros par an.
La note suggère également de revoir certains avantages fiscaux jugés inefficaces ou même contre-productifs, comme la réduction de TVA sur les rénovations écologiques. Ce type de mesure, bien qu’a priori incitatif, profite également à des ménages ayant déjà la capacité de financer ces travaux sans aide. Redistribuer ces ressources vers les foyers plus modestes pourrait ainsi mieux soutenir la transition écologique, en assurant une répartition plus juste des subventions et un impact maximal pour chaque euro investi.
Commentaires
Il y a des projets de transition qui sont en eux même rentables,sans soutien public, et d'autres qui en le sont pas.
Quand on veut faire un vrai calcul il faut aussi inclure le cout des externalités du à une absence de transition et là on explose tous les compteurs économiques..
Trois exemples de projets de transition qui sont rentables, sans soutien public:
-remplacer la plupart des centrales à gaz par des steps: projets amortis en 20 ans (ref https://methanolenergy.org/fr/node/4)
-Développer les réseaux de chaleur en milieu urbain/et ou la géothermie en ile de France. Les économies de gaz faites auto-financent les projets (probablement sur 1/4 de décennie)..P46: https://www.enrchoix.idf.ademe.fr/ressources/mutualiser-les-besoins/etat-des-lieux-et-perspectives-geothermie-93.pdf
-capter la chaleur qui provient des centrales nucléaires pour la réinjecter dans des réseaux de chaleur (pratiqué en Chine) ->C'est rentable.
Vu les contraitnes budgetaires que l'on a en France, il vaudrait mieux développer en priorité les projets qui sont les plus rentables, etant donné que l'atmosphére ne différencie pas l'origine du CO2 emis.
Pour les STEPs : le problème c'est que la plupart des sites adaptés en montagne sont déjà équipés. Et si on essaie d'en construire sur des sites avec moins de dénivelé, il faut des bassins de surface assez énorme, qui risquent de surcroît d'empieter sur des terres potentiellement agricoles ou sauvages, et là vous allez vous retrouver sur le dos des mouvements anti-bassines et anti-infrastructures très bien conseillés qui vont multiplier les recours légaux, organiser des manifestations, saboter les travaux et in fine couler les projets.
Pour les réseaux de chaleur, il faudrait effectivement les multiplier, surtout dans les centre-villes avec beaucoup d'immeubles anciens avec appartements à chaudières individuelles, souvent impossibles à équiper de pompes à chaleur.
Pour la récupération de chaleur issue des centrales nucléaires, là aussi l'idée est valable (d'ailleurs ça a été ponctuellement mis en place), mais le problème est que les centrales sont souvent éloignées des grandes villes et des zones d'activité (pour des raisons évidentes d'attractivité), donc le potentiel pratique me paraît faible (sauf à y développer des activité industrielles ayant précisément besoin de vapeur ou d'eau chaude).
2) D'aprés cette étude
https://www.allianceenergie.fr/wp-content/uploads/2017/05/Rapport-dEtude-Cogeneration-Nucleaire-Aout-2016.pdf p60, la cogénération permetrait d'éviter 8% des émissions de l'industrie. C'est pas tout à fait négligeable
D'aprés cette étude 25% de la consommation énergetique Française
https://www.connaissancedesenergies.org/sites/connaissancedesenergies.org/files/pdf-pt-vue/la-cogeneration-nucleaire-une-formidable-economie-energie.pdf
1) On s'en fout un peu des quelques illuminés anti-bassines, sinon on aurait pas de nucléaire en France par exemple.
La capacité de steps en France est évaluée à 22 fois la capacité instalée en 2024 par cette étude: https://www.passerelleco.info/spip.php?page=article&id_article=2184
6 fois par cette étude: https://minesparis-psl.hal.science/hal-01513139/document
Il y a de la marge pour augmenter la capacité de steps, alors que l'on a chaque jour en France des prix spots de l'électricité proche de zéro, et encore plus souvent en Europe à cause du déficit en moyens de stockage, ce qui amoindrit la rentabiltié de la transition.
Sur les 473 gigawatts (GW) supplémentaires enregistrés en 2023, 81 % ou 382 GW des nouveaux projets d’énergies renouvelables à grande échelle mis en service avaient des coûts inférieurs à ceux de leurs alternatives alimentées aux combustibles fossiles.
Le nouveau rapport de l’IRENA montre qu’après des décennies de baisse des coûts et d’amélioration des technologies, notamment dans les domaines solaire et éolien, les avantages socio-économiques et environnementaux du déploiement des énergies renouvelables sont désormais particulièrement convaincants.
Avec une baisse spectaculaire de ses coûts mondiaux à environ 4 centimes d’USD par kilowattheure en seulement un an, en 2023, l’énergie solaire photovoltaïque était 56 % moins chère que les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire.
Dans l’ensemble, les énergies renouvelables déployées dans le monde depuis 2000 ont permis d’économiser jusqu’à 409 milliards d’USD sur les coûts des combustibles dans le secteur de l’électricité.
Le directeur général de l’IRENA, Francesco La Camera, a déclaré : « Les énergies renouvelables restent compétitives en termes de coût par rapport aux combustibles fossiles. Le cercle vertueux des politiques de soutien à long terme a accéléré le développement des énergies renouvelables.
En retour, cette croissance a débouché sur des améliorations technologiques et une réduction des coûts. Les prix des énergies renouvelables ne sont plus une excuse, bien au contraire. La croissance record des énergies renouvelables en 2023 en est un exemple. « Les énergies renouvelables à faible coût représentent une incitation clé pour augmenter considérablement l’ambition et tripler la capacité d’énergie renouvelable d’ici 2030, comme le modèle l’IRENA et le définit le consensus des Émirats arabes unis à la COP28 ».
.. Mais pour etre complet il faudrait aussi rajotuer le cout des externalités des énergies fossiles, ce qui les ferait dans ce cas repasser nettement au dessus de celui des Enr..
..Sauf que ce n'est pas le sujet de la note de France-statégie:
"Sur environ 85 milliards d’euros d’investissements bruts nécessaires en moyenne chaque année entre 2024 et 2030 dans le bâtiment et le transport routier, seul un tiers serait rentable":
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2024-na144-investissements_bas_carbone-10octobre_0.pdf
Sinon pour le calcul du cout des Enr, les chiffres de couts bruts sont biaisés, la plupart du temps, car ils n'intégrent pas:
-les couts d'investissements (Capex)->La durée de vie d'une éolienne est 1/3 de celle d'une centrale, par exemple. >Dans ce cas le rapport cité semble totuefois l'avoir intégré puisqu'il parle du LCOE, https://www.irena.org/Publications/2023/Aug/Renewable-Power-Generation-Costs-in-2022-FR
-les couts de gestion de l'intermittence (stockage). D'après cet article
https://www.larevuedelenergie.com/wp-content/uploads/2018/11/Couts-insertion-ENR-dans-systeme-electrique.pdf (p9), il faudrait rajouter environ 10c/kw pour les Enr en moyenne, ce qui invaliderait pour l'instant presqu'entiérement les conclusions du rapport cité..
Résumons : sans aides publiques, un grand nombre de travaux de rénovation énergétique de sont pas financièrement rentables (c'est à dire que les économies d'énergie ne permettront pas, même à moyen terme, de payer les travaux). Il faut donc augmenter les subventions, mais les deniers publics étant rares, il faut les réserver aux plus modestes. Les classes moyennes/superieures et aisées n'y auront plus du tout droit.
Le problème, c'est que la plupart des ménages aisés savent compter - ils ont reçu l'instruction nécessaire pour cela, et "creuser" les choses à fond fait souvent partie de leur travail quotidien, raison pour laquelle ils sont aisés - ; donc si les travaux ne sont pas rentabilisable en un temps raisonnable... La plupart ne les feront pas.
Impasse.
Les classes moyennes et plus vont quand même isoler un minimum, non pas pour le retour sur investissement, mais pour le confort de ne pas vivre dans une passoire thermique.
Je paye des impôts bien que n'étant pas un foyer riche. C'est normal, je contribue au fonctionnement de mon pays via ces impôts.
J'ai isolé sur mes propres deniers mon logement car j'ai compris que les aides étaient non-rentables.
Mais en plus de mon engagement personnel, mes impôts servent à payer l'isolation des autres, qui est d'une rentabilité économique globale modeste.
C'est beau le communisme. C'est beau de vivre dans une quasi-URSS.
C'est beau de demander à notre pays peu carboné de sauver la planète à lui tout seul, à la place des autres.
Et pendant ce temps-là , je n'ai plus de médecin traitant (ce qui est une pure vérité).
Où sont les priorités ?