Surproduction éolienne et solaire : pourquoi c’est une aubaine à saisir


Surproduction éolienne et solaire : pourquoi c’est une aubaine à saisir

Illustration : RE.

Le phénomène devient de plus en plus récurrent. À certains moments de la journée, les éoliennes et panneaux photovoltaïques installés en France produisent trop d’électricité, et doivent être temporairement bridés. Si certains pointent là un défaut de ces sources renouvelables, pour d’autres, il s’agirait d’une incroyable opportunité.

Les enquêtes montrent que les Français sont aujourd’hui favorables au développement des énergies renouvelables. Cela tombe plutôt bien parce que dans notre pays, le solaire et l’éolien continuent de progresser. Selon les données gouvernementales, la production photovoltaïque s’est élevée à 12,1 térawattheures (TWh) au premier semestre 2024. Une hausse de 8 % par rapport à la production sur la même période en 2023. L’éolien, lui, a vu sa production, toujours sur le premier semestre de l’année, augmenter de 3,2 % pour atteindre les 25,5 TWh.

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Mais le résultat de ce déploiement du solaire et de l’éolien qui s’accélère — combiné aux mesures de sobriété, choisie ou subie —, c’est que la France connaît de plus en plus de situations de surcapacité. Comprenez que notre pays est, à certains moments, capable de produire plus d’électricité qu’il en consomme. Or, en la matière, pour assurer la sécurité du réseau, il est indispensable de toujours équilibrer production et consommation d’électricité. Alors le gestionnaire est contraint d’écrêter. De plus en plus. Principalement de la production nucléaire et renouvelable, pourtant les plus vertueuses.

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Une surproduction renouvelable comme coup de boost à la transition

Doit-on pour autant mettre un frein au déploiement du photovoltaïque et de l’éolien ? Rien n’est moins sûr. Parce que notre transition énergétique est loin d’être achevée.

Certes, le mix électrique de la France est assez largement décarboné. Mais c’est loin d’être le cas de son mix énergétique. Dans l’énergie que nous consommons, il reste en effet encore beaucoup de pétrole et de gaz. Un poil de charbon aussi. En 2020, 28 % pour le premier, presque 16 % pour le second et 2,5 % pour le dernier. Alors de l’énergie bas-carbone comme l’énergie solaire ou éolienne, nous en avons encore besoin. Selon les chiffres de France renouvelables, l’association porte-parole des énergies renouvelables électriques dans notre pays, pour réussir notre trajectoire de décarbonation pour 2035, nous aurions ainsi besoin de multiplier par 5 la puissance photovoltaïque installée aujourd’hui, par 2 la puissance de l’éolien terrestre et par 12, celle de l’éolien en mer. Le tout pour soutenir l’électrification des usages.

Ainsi, justement, dans cette surproduction solaire et éolienne que la France connaît actuellement, on pourrait déceler le signe d’un décalage entre l’allant donné au déploiement des énergies renouvelables et le manque d’électrification de nos usages. Avec plus de voitures électriques ou encore plus de pompes à chaleur, nous pourrions en effet absorber celle qui, en l’absence d’un parc électrique suffisamment développé, apparaît comme une surproduction. À condition, évidemment, que notre système électrique soit adapté et se montre capable de flexibilité.

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Plus d’éolien et de solaire pour pousser l’électrification des usages

De manière plus optimiste, on pourrait aussi y voir une opportunité de pousser à cette électrification de nos usages dont nous avons besoin pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées — et qui nous coûtent cher, individuellement et collectivement — et, in fine, nos émissions de gaz à effet de serre.

Il est vrai, toutefois, que disposer de suffisamment de moyens de production d’une électricité bas-carbone ne suffira probablement pas à encourager le passage des technologies fossiles aux technologies électriques. Il faudra peut-être y ajouter des taxes plus élevées pour le pétrole et le gaz que pour l’électricité, renouvelable ou nucléaire. Et puis, également, des aides à l’investissement. Pour convaincre les foyers de changer leurs équipements. Le tout en souhaitant que l’Europe développe en parallèle une politique industrielle qui permette de produire toujours plus de ces équipements bas-carbone sur nos territoires.

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