Les interconnexions électriques entre la France et l’Espagne devraient atteindre près de 5 GW à partir de 2028, avec la mise en service d’une nouvelle liaison à très haute tension. Face au développement massif du renouvelable, l’intérêt de cette nouvelle ligne est national, et même européen.
Les équipes de RTE viennent d’entamer un projet de liaison électrique chiffré à plus de 3 milliards d’euros. Ici, il ne s’agit pas de relier un nouveau parc éolien offshore, mais d’améliorer la puissance d’interconnexion entre la France et l’Espagne, qui plafonne à 2 800 MW. Pour cela, le gestionnaire de réseau et son homologue espagnol ont dessiné un tracé de quelque 390 km entre Bordeaux et Bilbao.
Les chiffres de ce projet sont impressionnants : la capacité de cette liaison en 400 kV atteint les 2 200 MW. Principalement sous-marin, le câble électrique devra toutefois faire une incursion dans la terre ferme à cause du Gouf de Capbreton. Créé par l’écartement de deux plaques tectoniques, ce canyon sous-marin, dont la profondeur croît brutalement, aurait été trop difficile à traverser.
« Faire jouer la solidarité entre les énergies renouvelables des territoires »
On peut néanmoins se demander l’intérêt d’une telle interconnexion entre la France et l’Espagne. Selon RTE, il s’agit là d’une liaison nécessaire pour mieux utiliser l’énergie produite par les énergies renouvelables qui sont présentes de part et d’autres de la frontière. Ainsi, le surplus de production photovoltaïque espagnol pourra contribuer au mix électrique français, tandis que, durant d’autres périodes, c’est plutôt l’éolien français des côtes de la Manche qui pourrait, à son tour, participer au mix électrique espagnol.
L’intérêt est même plus grand, puisque cette interconnexion participe à la création d’un réseau électrique européen, qui permettrait d’optimiser la production renouvelable à l’échelle du continent. D’ailleurs, la Commission Européenne a participé au financement de ce projet à hauteur de 500 millions d’euros.
Un soutien à l’interconnexion entre Baixas et Santa Llogaia
Jusqu’en 2013, la frontière franco-espagnole n’était traversée que de quatre lignes électriques pour un total de 1 400 MW. RTE et Red Electrica se sont donc lancé la construction d’une nouvelle ligne HVDC de 320 kV, reliant Baixa à Santa Llogaia. Cette ligne de 65 km, et d’une puissance nominale de 2 GW, a permis de faire passer la capacité d’interconnexion de 1 400 MW à 2 800 MW. Cette interconnexion a la particularité de passer sous les Pyrénées, au moyen d’une galerie technique de 8,5 km de long.