Selon l’IRENA et l’ADEME, le coût de production du mégawattheure d’origine renouvelable continue à baisser, et le soutien public devient moins indispensable.
Dans son rapport de 2019, l’Agence Internationale de l’Energie Renouvelable (Irena) affirme que le coût de production des énergies vertes a diminué de plus de 10% en un an. Le coût du mégawattheure éolien terrestre a baissé de 13%, l’hydroélectricité de 12%, et l’éolien offshore de 10%. Sur les 25 dernières années, le coût de production de l’énergie éolienne a chuté de… 44% !
L’Agence De L’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) confirme la même tendance dans la réactualisation de son étude de 2017 sur les coûts de EnR. En effet, les récents appels d’offres pour les projets en mer ont confirmé des prix historiquement bas : 44 €/MWh pour le parc de Dunkerque attribué en 2019, et des estimations entre 24 et 54 €/MWh à l’horizon 2050 pour l’offshore posé, contre 58 à 71 €/MWh pour les éoliennes flottantes.
Cette baisse du coût de production s’observe dans les autres filières renouvelables : le coût de production de l’éolien terrestre, pour les installations mises en service entre 2018 et 2020, se situe entre 50 et 71 €/MWh, et entre 45 et 81 €/MWh pour le photovoltaïque au sol. A titre comparatif, une nouvelle centrale au gaz à cycle combiné affiche un coût de production compris entre 50 et 66 €/MWh.
Dans ce contexte, le soutien public au mégawattheure se réduit considérablement, mais il joue cependant un rôle de garantie qui reste toujours important pour l’obtention de financements à bas coût.
Le soutien public ne fait pas que des heureux
Si le soutien public a été et reste indispensable au développement des EnR, la Cour des Comptes pointait du doigt en avril 2018 le coût important que la politique énergétique entraîne pour les Français. Ces dépenses sont prélevées auprès du particulier via la CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité).
Pour les contrats signés avant 2017, le total des dépenses publiques en soutien aux EnR s’élèvera à 121 milliards d’euros en 2043. Ces dépenses atteindront un pic de 7,2 milliards d’euros en 2025.
Plusieurs acteurs reprochent à la France une politique énergétique mal ciblée, qui n’a pas visé les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (chauffage, transport routier), et a négligé l’impact économique lié à la création d’emplois sur le territoire national.
La Cour des Comptes note par ailleurs que le coût des contrats photovoltaïques signés avant 2010 pèseront au total, lorsqu’ils arriveront à terme, « pas moins de 38,4 milliards d’euros pour les finances publiques » pour couvrir à peine 0,7% de l’électricité produite.
Une stratégie énergétique plus axée sur les EnR thermiques (bois, géothermie, réseaux de chaleur, pompes à chaleur), aurait pu sans doute réduire davantage nos émissions de GES tout en créant des emplois durables supplémentaires.
Un développement spontané des EnR
Le moment approche où il deviendra plus rentable de produire de l’électricité renouvelable, quelle que soit la technologie, que par une quelconque source fossile. Dans un ou deux ans, plus de 75% de l’énergie éolienne terrestre et 80% du solaire photovoltaïque produiront de l’électricité moins chère que toute centrale fossile, que ce soit au charbon, au pétrole ou au gaz.
L’explication de cette diminution du coût de production des renouvelables, déjà anticipée par l’ADEME dans son rapport de 2018 intitulé « Quelle trajectoire d’évolution du mix électrique français d’ici 2060 », est multifactorielle : la baisse du coût du matériel, les processus de production en amélioration constante, la multiplication des installations et les économies d’échelle, le tout accéléré par des ventes aux enchères compétitives, ont fait pression sur les marges à tous les niveaux de la chaîne de valeur.
L’augmentation de la capacité des turbines offshore est une illustration de l’évolution technologique que connaît le secteur des renouvelables. Jadis d’une puissance d’à peine 2 MW, des turbines nouvelle génération de 13 MW voire de 15 MW seront commercialisées dès 2024. Cette augmentation sensible de la capacité des génératrices a un impact considérable sur le coût moyen actualisé de l’énergie (LCOE – Levelized Cost Of Energy).
Quant au secteur photovoltaïque, il n’a pas été en reste : avec un coût moyen des grandes installations qui a chuté de 33 c€/kWh en 2010 à 7,7 c€/kWh en 2018, la filière a connu une baisse record de 77% en 8 ans !
Le marché qui avait déjà bénéficié des progrès « naturels » liés à la technologie, à l’expérience ou aux effets d’échelle, s’est trouvé largement en surcapacité ces dernières années. Les milliards investis par la Chine dans de nouvelles capacités de production de panneaux photovoltaïques ont mené à une concurrence des prix salutaire pour le consommateur.
Au Brésil et au Portugal, de nouveaux records ont été atteints durant l’été 2019 lors de mises aux enchères où les gagnants ont remporté les marchés pour un coût proche de 1,5 c€/kWh.
Le prix de la transition énergétique
Vus par la lorgnette des chiffres, la stratégie énergétique de la France peut sembler dispendieuse et le coût du soutien public aux énergies renouvelables énorme : pour 2020, les contrats conclus avant 2017 coûteront 5,6 milliards d’euros, ce qui représente 198 € par ménage.
Mais tous ces montants n’évoquent pas le coût sociétal du réchauffement climatique. Car, comme l’ont indiqué plusieurs études financières sur le coût du dérèglement climatique, notamment le rapport de 2006 de Nicholas Stern (ancien chef économiste et vice-président de la Banque mondiale), le coût de l’inaction climatique d’ici à 2100 pourrait atteindre 5500 milliards d’euros au niveau mondial.
D’autres études plus récentes sont venues renforcer l’hypothèse de Nicholas Stern, confirmant que le coût de l’inaction serait bien plus élevé que les chiffres cités.
Alors, quel soutien public sommes-nous prêts à accepter pour la transition énergétique ?
Commentaires
Il est parfaitement normal que BOUYGUES soit condamné pour de telles pratiques
Toutefois, les personnels étrangers concernés , des ouvriers en général peu qualifiés, ne représentent qu' une très faible partie de l' ensemble du personnel de Flamenville
Pouvez vous certifier que la réalisation des grands parcs solaires PV s'est effectuée sur notre territoire sans l' appoint de travailleurs « étrangers "? »
La construction des deux premiers EPR chinois a vu la participation d' une centaine d' ingénieurs et techniciens français, artisans de la mise en production de ces deux réacteurs. Il semble que ceci compense largement cela Il n' en reste pas moins que la suppression de plus de 200 000 emplois travaillant dans le nucléaire sans compter les emplois indirects, au profit des chinois, serait durement ressentie,
L' ADEME vante les mérites des En R en mattière d' emplois :
Perspecives d' emplois directs et indirects dans les En R :
La fabrication de panneaux solaires étant un monopole chinois, l' emploi n' est concerné que par l' Installation et la maintenance de parcs solaires soit 16 000 ETP chiffre communiqué par l' ADEME dans « Feuille de route stratégique du solaire PV »
Perspectives d' emplois directs dans le nucléaire :
Construction de 30 EPR......................35 000
Fonctionnement « ............. ....... 90 000
Gestion des déchets.............................80 000
Démantèlement...................................20 000
R et D........Soit..... 235 000 techniciens (ETP) qualifiés pour des emplois pérennes et un cout moyen annuel par emploi de 40 000 €
Il convient de rajouter à ce chiffre les emplois indirects (Sous-traitance)
La M.O. nécessaire à la construction et à la gestion d' EPR est entièrement française
Comment l' ADEME, en remplaçant le nucléaire et ses 235 000 techniciens par des panneaux solaires et des éoliennes fabriqués en CHINE peut elle vanter les bienfaits des EnR sur l' emploi ?
100 % français les techniciens du nucléaire ?
https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/03/20/travail-dissimule-a-l-epr-de-flamanville-bouygues-tp-condamne-en-appel_5097835_3234.html
Ce qui compte, ce n'est pas le coût de production, mais le prix de vente du MWh produit, qui devrait correspondre à la valeur économique de ce MWh.
Les économistes Finon et Lévêque (il suffit de taper leurs noms dans Google pour plus details) ont montré que plus on développe l'éolien, plus sa valeur s'effondre. Au delà de 15 % d'éolien dans le mix, il ne vaut quasiment plus rien... les producteurs d'éolien le savent, et ont donc besoin de maintenir ces subventions pour survivre.
Quelques explications pour mieux comprendre : si le vent souffle fort, il y a surproduction et les prix de marché plongent jusqu'à devenir négatifs (on paye le consommateur pour consommer ! ). Cela arrive déjà en Allemagne, qui s'approche des 15 % précités. Quand il souffle peu, les éoliennes ne produisent quasiment pas de MWh (la puissance délivrée est proportionnelle au cube de la vitesse du vent : si celle-ci est divisée par 10, la puissance est divisée par 1000, il ne reste donc plus rien) : et dans ce cas, les éoliennes ne rapportent plus !
L'ADEME a publié récemment une étude où elle affirme que l'éolien sera moins cher que le nucléaire même si on dépasse 15 % (elle parle de 80 à 90 % !!). Où est donc l'arnaque ? Très simple : comme le dénonce M. Finon, l'ADEME suppose que la consommation s'adapte à la production disponible, ce qui évite la surproduction ou la pénurie !! Concrètement, l'ADEME postule que les consommateurs accepteront de réduire spontanément de 60 à 80 % leur consommation si le vent ne souffle pas. Comment les y contraindre s'ils ne sont pas d'accord ? Mystère... ou alors l'ADEME rêve d'un régime de type "khmers Verts".
Pour conclure, en l'absence de dispositifs de stockage de masse de l'électricité à la fois fiables et bon marché (l'Arlésienne ! ou la pierre philosophale), jamais l'éolien ou plus globalement les énergies dites intermittentes ou aléatoires ne pourront se développer au-delà de quelques % dans le mix, sauf à rendre notre alimentation en électricité à la fois très onéreuse et précaire.
Et malgré le déploiement du solaire et photovoltaïque, les émissions de CO2 ne baissent plus depuis 2014. Remontées en 2017 et 2019. Conclusion ?
Bah, on va pas encore assez vite, évidemment !
Les énergies renouvelables électriques voient leur part augmenter sur toutes les parties du globe, elles deviennent concurrentielles avec les énergies fossile, mais malheureusement, leur développement ne suffit pas à contenir la hausse des émissions de gaz à effet des serre liée à l'augmentation conjointe du niveau de vie moyen et de l'augmentation de la population. Globalement, l'augmentation des émissions est quasi continue en dehors des grandes crises économiques. Les énergies renouvelables n'ont pas encore réussit à complètement inverser cette tendance, mais ont permis, avec les efforts sur l'efficacité énergétique, de contenir cette hausse en stabilisant presque les émissions.
Il reste du chemin à faire, mais on progresse...
A moins que la transition énergétique par les ENRi actuelles soient un mirage, car les émissions de CO2 ne sont pas vraiment contenues. encore + 2% en plus en un an ! https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13563467.2019.1598964?journalCode=cnpe20
" le coût de l’inaction climatique d’ici à 2100 pourrait atteindre 5500 milliards d’euros au niveau mondial. "
lol. Le coût de l’inaction climatique va être l'effondrement de notre économie, de nos services publics, de nos approvisionnements en tout genre. Il ne nous coûtera rien car l'argent même n'existera plus. 2100... et pourquoi pas 2200, 2300 ?
Notre horizon est bien plus court que ça.