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Dans le cadre d’un débat organisé sur France Inter, le président de RTE, Xavier Piechaczyk a évoqué l’avenir du mix électrique français. Et selon lui, il faut cesser d’opposer le nucléaire aux énergies renouvelables.
Pourquoi, depuis plusieurs mois, parle-t-on autant de notre futur énergétique ? Pour de multiples raisons. D’abord, en 2022, la guerre en Ukraine a tendu l’approvisionnement en gaz partout en Europe. De plus, les difficultés rencontrées par le parc nucléaire en raison du phénomène de corrosion sous contrainte ont contribué à fragiliser le réseau et à soulever des doutes quant à la possibilité de prolonger la durée de vie des réacteurs. Enfin, la hausse des prix de l’énergie a conduit les consommateurs à se pencher sur un sujet réservé jusque-là aux initiés.
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C’est dans ce contexte que samedi 26 août, le président du gestionnaire du réseau de transport électrique, RTE a été l’invité de l’émission « L’éco de l’été » menée par Dominique Seux. L’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot participait aussi à ce débat. Au cours de cet échange, Xavier Piechaczyk a tenu à rappeler que dans la perspective d’une électrification progressive de nos usages, il fallait cesser d’opposer le nucléaire aux énergies renouvelables.
Selon le scénario de RTE, si la France respecte ses engagements climatiques (réduction des émissions de 55 % d’ici 2030 et neutralité carbone d’ici 2050), la demande en électricité pourrait dépasser 600 TWh/an en 2035 et atteindre 750 TWh/an en 2050. Pour information, aujourd’hui, elle s’établit autour de 450 TWh/an. Pour répondre à la demande croissante en électricité, il va donc falloir compter à la fois sur le nucléaire, qui permet de produire une énergie décarbonée pilotable, et sur les énergies renouvelables. Cela se fera en deux temps selon le président de RTE.
Dans l’immédiat, nous ne pourrons pas compter sur de nouveaux EPR, dont la mise en service n’interviendra pas avant 2035. Dans cet intervalle de temps, pour le patron de RTE, « il n’y a pas d’autre solution que de faire des énergies renouvelables », tout en utilisant au mieux le parc nucléaire actuel. Ensuite, entre 2035 et 2050, nous devrions pouvoir compter sur les 6 nouveaux EPR souhaités par le président de la République.
Pour le président de RTE, notre avenir énergétique n’implique pas de faire un choix entre nucléaire et énergies renouvelables. Nous aurons besoin de toutes les sources d’énergie décarbonée pour espérer, non seulement répondre à la demande des consommateurs, mais aussi atteindre nos objectifs climatiques.
Une baisse de la consommation de 9 % pendant l’hiver 2022/2023
Notons que Cécile Duflot s’est montrée plus réservée sur l’électrification massive de nos usages. L’ancienne ministre mise plutôt sur une nécessaire sobriété énergétique afin de limiter la consommation. Le président de RTE confirme que l’hiver dernier, des efforts en matière de sobriété énergétique ont été constatés avec une baisse de la consommation d’environ 9 %. Ce phénomène a été enregistré dans un contexte de hausse des prix de l’énergie et suite à une campagne de sensibilisation des pouvoirs publics alertant les consommateurs à appliquer des mesures de sobriété énergétique, indispensables pour passer l’hiver sans encombre.
Finalement, grâce aux efforts des consommateurs cumulés à une météo clémente, l’hiver s’est déroulé sans que le signal Ecowatt passe au rouge. Pour Xavier Piechaczyk, l’enjeu est maintenant de pérenniser les habitudes de sobriété énergétique adoptées par les Français.
À lire aussi Ce contrat EDF quasi secret peut anéantir votre facture d’électricitéLe président de RTE a également été interrogé par le journaliste sur la faible attractivité du tarif heures pleines/heures creuses. Il a esquissé une réponse sans toutefois la développer en reconnaissant qu’il fallait « inciter et remercier » les consommateurs à ce « qu’une machine à laver soit lancée au bon moment dans la journée », « par exemple, au moment dans la journée où on a une électricité complètement décarbonée ». « Et ça on le fera dans les prochaines semaines ». Attendons de voir quelle forme prendra ce remerciement de RTE à l’égard des Français qui sont prêts à reporter leurs usages en cas de tension sur le réseau…
Commentaires
Dixit l'article il resterait à "atteindre 750 TWh/an en 2050" alors que pour aujourd’hui, la consommation/production "elle s’établit autour de 450 TWh/an"..Même avec la sobriété ça parait difficile : d'où l'intérêt d'utiliser l'hydrogène qui peut se substituer à l'électricité ( et aux énergies fossiles) en particulier pour le chauffage ( près de la moitié de la consommation d'énergie en France) et les déplacements ( ~le tiers du dégagement de CO2 qui serait remplacé par l'électrique), d'autant qu'il est stockable.
750TWh/an c'est le scénario RTE qui est le plus élevé, celui qui a déjà une très grosse part d'hydrogène.
Actuellement, à grande échelle comme c'est le cas dans ce scénario, l'hydrogène ne peut pas être utilisé ainsi.
Merci d'indiquer où dans le scénario RTE , au besoin citations, vous avez trouvé "une très grosse part d'hydrogène".A priori c'est contradictoire avec votre affirmation : "l'hydrogène ne peut pas être utilisé ainsi".
Ce n'est pas l'un des 6 scenarios, c'est l'option avec très forte augmentation de l'hydrogène. C'est décrit dans le tableau qui présente tous les scenarios (à peu prêt vers la page 10-15).
Et ce n'est absolument pas contradictoire. Un scénario repose sur des hypothèses. Si les hypothèses ne sont pas correctes, alors le scénario ne fonctionne pas. Il se trouve que les hypothèses pour cette option sont basées sur des technologiques qui n'existent pas aujourd'hui (ça existe en laboratoire, éventuellement à petite échelle mais ce n'est pas prêt d'arriver à l'échelle nationale).
L'hydrogène ne pourra jamais se substituer à l'électricité (sauf rare exception) car il est fabriqué avec de l'électricité (c'est le seul qui compte pour la transition énergétique) son utilisation augmente donc la quantité d'électricité bas carbone nécessaire (il faut plus d'électricité pour faire rouler une voiture hydrogène que la même voiture avec batterie)
Désolé: 1) ce tableau n'apparait pas dans les pages 10-15 (ni à côté) du rapport qui en contient … 989. 2) les chaudières à hydrogène « marchent comme une horloge » déjà aux Pays-Bas : voir, entre autres, la société SERVELITE : 3) des voitures à moteur thermique à hydrogène avaient été utilisées par la Commission Européenne, et font l’objet de perfectionnements : voir le cabinet d’études Tamris ( son directeur Mr Flot a publié dans Arts et Métiers Magazine: n°431, 24-27, 2021). 4 ) Il y a de multiples sources d’hydrogène ( d’où des attributions de couleurs) : il n’y a pas que le vert. Pour le bleu, on peut se référer à la présentation du projet intitulé « Production d’hydrogène bleu par piégeage chimique », (en régie municipale), déposé il y a 3 semaines dans le cadre du budget participatif de la région Occitanie, par l’association SEPRA81.
1) Je parlais bien sur du scénario "Futures énergétiques 2050 Principaux résultats", je pensais que c'était implicite, et vous vous doutez bien que faire le malin avec un rapport de 1000 pages que personne ici, pas même vous, n'a lu ne fait pas avancer le sujet. Et donc dans ce rapport on trouve bien le tableau dont je parlais à la page 16 (effectivement j'étais à cotè;).
2)3) Vous citez tout un tas de projets, je pourrais en citer moi même. Je n'ai pas dit que l’hydrogène ne marche pas (on connait la technologie depuis longtemps), j'ai dis que à grande échelle ça ne marche pas. J'ai assisté à une conférence le week-end dernier : dans toute la région l'hydrogène consiste à alimenter 10 stations service avec de l'hydrogène fabriqué à partir de gaz et livré par camion sur 150km. Ce n'est clairement pas la bonne échelle.
4) Toutes les méthodes ont soit trop d'émission de CO2, soit un rendement trop mauvais pour être utilisé comme vecteur d'énergie (comme réactif c'est autre chose). Vous pensez peut être aussi à l'hydrogène blanc, on en est à se dire qu'il pourrait peut être y avoir quelque chose quelque part. C'est comme la fusion, il ne faut pas compter dessus et si par miracle ça arrive alors on verra ce qu'on en fait.
Désolé ( bis) :
1) Le tableau indique , à la fin, les « variantes » de la « trajectoire de référence », dont celle avec l’hydrogène : 170 TWh au lieu de 51.Cela représente près du quart du total de ~750 TWh : ce n’est pas important ? Surtout il convient de remarquer que l’étude date de près de 2 ans : ne faut-il pas prendre en compte les avancées depuis , par exemple l’hydrogène bleu, et, probablement, bientôt le blanc (cf.la découverte , il y a peu en Lorraine) ? De toute façon l’étude de RTE voit la situation en fonction de l’électricité, ce qui est compréhensible avec leur compétence en matière de transports : d’autres études sont à considérer .Avec TEREGA pour le réseau de transport du gaz , la vision vis à vis de l’hydrogène est très différente. 2) à 4: Ne serait pas plus convaincant de ne pas vous mettre en avant de façon assez péremptoire ? Merci en tout cas : j'ai compris.
Dans le scénario évoqué, pour faire de l'hydrogène, on utilise de l'électricité décarboné, c'est à dire une part des 750TWh. A aucun moment il est indiqué que de l'électricité sera fabriqué à partir d'hydrogène naturel.
Si de l'hydrogène est utilisé en grande quantité, ce ne sera pas en priorité dans les secteurs que vous mentionnez (chauffage personnel et les déplacements) mais dans la sidérurgie et le transport lourd (cf rapport p40 §10.1). Se substituer ne signifie pas que on va utiliser l'hydrogène à la place de l'électricité mais que on va utiliser l'hydrogène à la place du carbone dans les secteurs difficiles à électrifier (et les transports personnels ne sont pas difficile à électrifier comparé à d'autres choses).
je vais surement me répéter mais concernant les avancées technologiques, il n'y a que 2 façons de fabriquer l'hydrogène :
J'admets bien sur qu'il y a eu quelques améliorations sur ces sujets au cours du temps, mais aucune révolution.
Je ne suis pas péremptoire (comme Perceval je ne savais même pas ce que ça veut dire) mais ces arguments chiffrés ne se démontent pas avec quelques belles promesse venant des vendeurs de gaz, de pétrole ou de voitures. S'il faut injecter quelques % d'hydrogènes dans le réseau de gaz pour faire du greenwashing, alors on peut être sur qu'ils investiront dedans.
Vous avez dit : "Je ne suis pas péremptoire" ? ... Chacun peut en juger ( pour moi : "Merci, j'ai compris"). Pour le reste, je vous renvoie à l'article de ce magazine , (et à ses commentaires) qui vient de sortir intitulé : "le nucléaire peut-il aider à aider à capturer le CO2 de l'atmosphère".
"d’autant qu’il est stockable"
C'est vrai mais on peut encore faire mieux en poussant l'avantage qui consiste à réduire le prix de l'H2, notamment pas le fait de pouvoir le produire sans intermittence jour et nuit avec les Enr.
"Dans l’immédiat, nous ne pourrons pas compter sur de nouveaux EPR, dont la mise en service n’interviendra pas avant 2035. Dans cet intervalle de temps, pour le patron de RTE, « il n’y a pas d’autre solution que de faire des énergies renouvelables », tout en utilisant au mieux le parc nucléaire actuel."
Voilà des paroles sensées qu'on aimerait voir se concrétiser dans des actes ?
La priorité étant d'investir dans le stockage renouvelable, parce qu'évidemment lui seul pourrait permettre - comme le font les fossiles - de produire quand les besoins s'en font sentir, et de stocker les surplus quand la consommation n'est pas au rendez-vous.
Marier éolien, nucléaire et stockage permettrait donc, dans un premier temps, de ne plus dépendre du charbon, gaz ou pétrole dont les dépenses représentent actuellement environ 100 milliards/an, alors même qu’on pourrait faire sans ?
Inventeur indépendant, je propose une solution innovante, capable de résoudre économiquement tous les problèmes liés au stockage de masse.
« Pour le président de RTE, notre avenir énergétique n’implique pas de faire un choix entre nucléaire et énergies renouvelables »
Si ce choix n’est pas nécessaire actuellement, puisque nous avons les outils pour pouvoir produire, il le deviendra nécessairement lorsque le stockage renouvelable aura trouvé sa place. Parce que si le nucléaire produit moins de co2 que les fossiles, il produit des quantités phénoménales de chaleur fatale qui s’ajoutent à celle du soleil pour transformer le climat. De plus, son prix dont on nous explique qu’il est le plus bas mais que des margoulins ont associé au gaz, pour le faire exploser , pourrait bien être battu par la production renouvelable stockée !
Encore une fois, le nucléaire ne produit pas de chaleur comparable avec celle qui vient du soleil. Le nucléaire a des inconvénient, alors utilisez les mais n'en inventez pas, vous n’êtes pas crédible.
Le nucléaire est, en l'état actuel des connaissances, le seul moyen de maintenir un peu une société industrielle. Cela pourra changer si un miracle technologique arrive, et à ce moment je serait ravis de changer mon opinion, mais pour l'instant les EnR ne peuvent pas remplacer le pilotable à la bonne échelle (d'où l’intérêt de continuer la recherche sur tous les moyens de production).
L'avantage des EnR sur le nucléaire est la vitesse d'installation, et pour cela on peut remercier les autres pays, principalement la Chine. Car si on veut des EnR 100% français et dans les bons ordres de grandeurs on doit plutôt miser sur un démarrage en 2042 comme les EPR.
Mais qui peut garantir que en 2050 (ou même avant) on pourra toujours acheter autant à la Chine?
Il n'y a pas si longtemps on pensait avoir des achats de gaz tant qu'on voulait avec la Russie...
Même les plus optimistes pro-nucléaire misent sur l'augmentation des EnR pendant encore 20ans, par exemple le scénario 100% nucléaire de TerraWater.
Oui, faire une eolienne ça va plus vite que faire un réacteur.
Mais une eolienne et même 1000 eoliennes ne remplacent pas un réacteur nucléaire, donc c'est complètement bidon comme argument.
Et justement sans gaz, ça sera encore plus compliqué de faire sans nucléaire.
Visiblement, la filière française ne sait plus construire de réacteurs.
Il faudra probablement contacter les chinois ou les coréens.
Eux savent faire.
Xavier Piechaczyk n'est pas un pro du nucléaire bien au contraire, ni un pro de l'électricité tout court... (on est très loin d'un André Merlin par exemple) Il suffit de constater son parcours professionnel pour comprendre qu'il a été parachuté chez RTE comme Emmanuelle Wargon l'a été à la CRE. Ayant été conseiller sous Hollande / Royal et Duflot, on peut deviner ce qu'il pense. C'en est d'ailleurs risible dans cette interview, il faut écouter pour comprendre, ici https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-eco-de-l-ete/l-eco-de-l-ete-du-samedi-26-aout-2023-2536789. Il est président de RTE, donc il doit se retenir un minimum, surtout depuis que Macron a changé d'avis sur le nucléaire... M'enfin son ex-collègue Duflot n'est pas dupe et se marre ouvertement de la manière de présenter les choses par son ex-conseiller... A 5'05 on apprend qu'on a en France 2 réacteurs à charbon à Cordemais , quand même pour un directeur de RTE en fonction... :-( Et concernant le nucléaire, comme le titre l'indique, Mr Piechaczyk n'en dit pas de mal, juste il n'en dit pas de bien. Il passe son temps à dire que ça ne sera pas suffisant, etc... mais lorsqu'il entame sa séquence de oui oui oui , Duflot son ancienne ministre, manifestement rie aux éclats devant tant de mauvaise foi :-) :-) (à partir de 32'10 dans l'interview)
On va dire qu'il essaie d'être constructif, il a raison en France du moment où tu es contre le nuk tu es hors jeux.
Les professionnels de la profession on déjà un avis assez clair sur l'epr2 et il n'est pas très bon, les délais sont court, les erreurs de l'EPR sont en train de se reproduire.
Pour faire les choses bien il faut du temps et en poussant le calendrier a 2035 on coupe l'herbe sous le pied aux ingénieurs, résultat des pertes de temps et des doubles voir triple étude tout ça pour faire plaisir aux caprices des politiques.
Si tout marche bien on parle plus de 2042 a 2047.
Faire du renouvelable une priorité nationale nous permettrai d'avoir un joker, car d'ici là le parc nucléaire n'est pas à l'abrit d'un rhume fatal.
Mais tout les décideurs d'ici là seront bien loin ou si vieux qu'il faudra faire avec.
La solution la plus intelligente réduire notre consommation.