📣 La phrase : « Le déploiement massif de l’éolien en France est anti-climat, anti-environnement et anti-social »
🗞️ La source : Il s’agit d’un post publié sur X (ex-Twitter) par Myrto Tripathi, ingénieure industrielle et présidente de l’ONG RePlanet. La publication renvoie vers un documentaire anti-éolienne réalisé par l’association pro-nucléaire Documentaire et Vérité.
⚖️ Le verdict : Les propos sont à nuancer puisque le déploiement des éoliennes n’est certes pas la solution miracle pour mettre fin à la crise climatique, mais c’est un levier intéressant pour parvenir à la neutralité carbone. Et la filière créée bien des emplois sur le territoire.
La publication met en avant un documentaire d’une association pro-nucléaire qui conteste le déploiement des éoliennes. Pendant deux heures, le film montre les dégâts que provoquent les éoliennes sur le paysage, sur le marché de l’emploi, et sur le mix énergétique. Qu’en est-il exactement ? Comme souvent avec les points de vue partisans, tout n’est pas vrai et il convient d’apporter beaucoup de nuances aux propos.
Pour apporter un point de vue objectif, on peut se référer notamment à l’avis de l’ADEME publié en mars 2022 sur l’énergie éolienne terrestre et en mer. Toutes les citations de l’ADEME de cet article viennent de ce document.
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L’éolien est une énergie renouvelable qui s’appuie sur la force du vent pour produire de l’électricité. Mais ses opposants affirment que les éoliennes sont en réalité une catastrophe pour le climat puisque leur construction et leur installation génèrent de la pollution. Leurs propos visent à casser l’image d’un moyen de production 100 % propre qui ne provoquerait aucune émission de CO2.
En réalité, si on analyse l’ensemble du cycle de vie d’une éolienne, on s’aperçoit, en effet, qu’il est émetteur d’une certaine pollution.
À ce sujet, une étude publiée par EDF en 2022 sur le cycle de vie du parc nucléaire français indique que le kilowattheure (kWh) nucléaire français émet moins de 4 grammes équivalent CO2 (gCO2) (Source : Sfen). Pour l’éolien, il faudrait compter 12 gCO2/kWh pour l’éolien terrestre et 14,8 gCO2/kWh pour l’éolien en mer selon l’ADEME.
De ce point de vue, sur toute la durée du cycle de vie, le parc éolien émet davantage de CO2 que le parc nucléaire. Mais pour autant, cela ne signifie pas que l’éolien est mauvais pour le climat. Comme le rappelle l’ADEME, les émissions indirectes liées à l’activité éolienne « sont faibles par rapport au taux d’émission moyen du mix électrique français qui est de 34 gCO2/kWh et celui du mix européen de 216 gCO2/kWh en 2020. D’autre part, la production éolienne permet d’éviter le recours aux centrales thermiques à combustibles fossiles et contribue ainsi à diminuer les émissions de CO2 directes pour la production d’électricité ».
Pour conclure sur ce point, si le cycle de vie d’une éolienne provoque des émissions indirectes de CO2, on ne peut pas dire pour autant qu’il s’agisse d’une énergie anti-climat puisqu’elle est plus propre que les centrales thermiques à combustibles fossiles.
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Les parcs éoliens seraient également nocifs pour l’environnement et pas du tout écologiques.
Pour les ancrer dans le sol, il faut poser d’énormes fondations en béton (entre 800 et 1500 tonnes) ainsi qu’un socle en ferraille gigantesque. Il est vrai que les parcs éoliens nécessitent l’emploi de béton pour les fondations, de la fonte pour les mâts et de l’acier. Ces trois matériaux sont toutefois facilement recyclables, selon l’ADEME.
Par ailleurs, le fonctionnement des éoliennes nécessite le recours aux terres rares, en grande quantité lorsqu’il s’agit des parcs éoliens en mer. En effet, le néodyme, le praséodyme et le dysprosium sont utilités pour fabriquer les aimants permanents installés dans les éoliennes. Toutefois, l’ADEME indique que « le parc éolien terrestre français est peu consommateur d’aimants permanents. Seuls 6 % de la capacité installée y a recours […]. Les éoliennes en mer déployées dans les années à venir contiennent des génératrices à aimants permanents ». L’ADEME ajoute que des solutions alternatives aux terres rares seront sûrement disponibles à l’avenir.
Le documentaire pointe également du doigt le souci du recyclage des éoliennes en fin de vie avec l’impossibilité de recycler les pales. Si la question du recyclage est souvent mise sur la table par les opposants de l’éolien, il faut préciser que la filière avance sur ce point et que la législation est stricte à ce sujet. On a vu circuler des images de pales d’éoliennes entreposées sur des sites gigantesques, mais cela n’est pas représentatif du traitement des parcs en fin de vie.
L’an dernier, le fabricant danois Vestas a indiqué avoir mis au point un procédé permettant le recyclage de toutes les pales d’éoliennes, même les plus anciennes. Et Siemans Gamesa commercialise des modèles de pales entièrement recyclables. Ces avancées prouvent que la filière se penche sérieusement sur le sujet et que des nouveautés devraient voir le jour à l’avenir.
Pour conclure sur ce point, les éoliennes ont un impact sur l’environnement, mais on ne peut pas affirmer pour autant qu’elles soient anti-environnement. D’ailleurs, dire que les éoliennes sont anti-environnement pour mettre en avant le nucléaire est assez ironique quand on pense à la question épineuse du traitement de certains déchets radioactifs et au recours indispensable à l’uranium pour faire tourner les centrales.
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Enfin, le développement des éoliennes conduirait à détruire l’emploi puisque selon le documentaire, autant la filière du nucléaire crée de l’emploi sur le territoire, autant les parcs éoliens sont majoritairement détenus par des entreprises étrangères et la fabrication se fait hors de France.
Pourtant, selon les chiffres officiels, le secteur de l’éolien crée des emplois en France. D’abord, au sein des énergies renouvelables, l’éolien terrestre représente 10 % des emplois équivalents temps plein en 2020. Dans la rubrique « évolution de l’emploi relevant des éco-activités dans les énergies renouvelables et de récupération », l’éolien terrestre représente 1736 emplois en 2004. Le chiffre est monté à 10 281 en 2018. Et cela va augmenter puisque les projets vont se multiplier avec les années.
D’ailleurs, dans son avis publié en mars 2022, l’ADEME estime que 22 600 personnes travaillent en France grâce à la filière, directement ou indirectement et que l’éolien est maintenant le premier employeur du secteur des énergies renouvelables.
L’ADEME reconnaît toutefois que la majeure partie des éoliennes sont importées en France « à défaut de présence de grands turbiniers français à rayonnement international ». Pour autant, l’agence note que « les retombées économiques sur le territoire français ont été évaluées à environ 60 % du coût complet d’un parc (90 % en Europe) ».
Compte tenu de ces données, il est faux de dire que le développement des éoliennes est anti-social puisqu’il est bien vecteur d’emploi.
En réalité, le document auquel renvoie le post de Myrto Tripathi critique le développement des éoliennes en les opposant au nucléaire qui serait beaucoup intéressant pour parvenir à notre objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Mais au lieu d’opposer tel ou tel moyen de production décarbonée, il serait plus judicieux de les associer les uns aux autres. C’est d’ailleurs la politique actuelle de la France qui entend à la fois redynamiser le secteur du nucléaire et développer les énergies renouvelables.
Les infox de l'énergie, c'est quoi ?
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En dehors de la bataille des chiffres (qui ne seront plus contestés le jour où on mettra à travailler très sérieusement ensemble les acteurs de toutes ces filières, scientifiques, ONG…), si on parle de recyclage, il y a aussi beaucoup à dire sur le nucléaire. Le combustible pour commencer, considéré usé à 15 % environ, comment exploiter les 85% qui restent (https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-vers-un-recyclage-infini-du-combustible-991775.html) ? Le retraitement de tous les déchets (combustible, métaux, pièces de maintenance, protections diverses contres les radiations et contaminations et j’en passe) et de toutes les méthodes utilisées ainsi que les rejets dans l’environnement. Quand au démontage prévu… Lire plus »
Merci pour ce commentaire posé, sans parti-pris caricatural, c’est rare ! Dans tous ces débats, une approche des énergies dans leur globalité serait bienvenue, en cherchant avant tout à réduire d’abord les besoins (sobriété), et avec une adaptation de la production aux formes d’énergie, chaleur, force motrice, électricité dans les possibilités territoriales (rivières > moulins, murs capteurs, solaire thermique, architecture bioclimatique). L’argument du bilan carbone du nucléaire est un écran de fumée, qui sert à promouvoir une électrification de nos usages alors que physiquement le courant électrique n’est vraiment pas le plus efficace pour la propulsion, pour la chaleur, pour… Lire plus »
Toute l’énergie que produit l’éolien c’est autant de richesses perdues par les monopoles de l’uranium, du gaz , du pétrole et du charbon. Dans ces conditions on peut comprendre pourquoi l’éolien sucite autant de colère ! Seulement quand on mesure les efforts que doivent faire les Français et les Européens pour payer la facture finale,plusieurs centaines de milliards chaque année, on comprend mal l’inertie gouvernementale qui en retardant les projets de développement du solaire, de l’éolien et du stockage, encourage implicitement cette dépendance économique, qui ruine nos entreprises et appauvrit le pays au seul bénéfice des multinationales. Nucléaire : le coût de… Lire plus »
Le rapport « futurs énergétiques 2050 » de RTE ayant clairement montré qu’il n’y avait pas de scénario de décarbonation répondant à la SNBC sans éolien et solaire massifs, il serait bon de savoir ce que Myrto Tripathi préconise.
Et pourtant la France n’a jamais autant produit d’électricité décarbonée (nucléaire+ENR)qu’en 2015 (500 TWh et pas de données auparavant _ 443 TWh en 2023), alors que les ENR toutes confondues ne produisaient que 83,75 TWh cette année-là. Record européen jamais égalé depuis 2015, et par aucun pays en Europe.
Je n’ai pas du tout compris ce que vous voulez me dire, désolé.
C’est facile. Il suffit de lire et d’additionner les productions nucléaires et renouvelables de chaque année. L’année 2014 qui ne figure pas ici est encore meilleure en ce qui concerne les productions bas-carbone. Ces années-là, la consommation d’électricité était supérieure aux années 2022-2023, le parc nucléaire plus productif, et les ENR variables moins présentes : Diagrammes à colonnes pour la production d’électricité | Energy-Charts
Désolé, mais je n’ai toujours pas compris ce que vous essayez de me dire. Pourquoi ce « et pourtant » ? Vous me parlez du passé, alors que le rapport de RTE parle du mix électrique à horizon 2050…
le nucleaire est la pire des énergie car sous couvert quel a un bilan carbone bas et je pense qu’on ne prend pas en compte tous les aspects,minier,dechets a géré sur des milliers d’années , démantèlement.Quand au risque et menace sur la survie de l’humanité on est en plein dedans avec un dictateur brandissant l’apocalypse a chaque fois qu’il est contrarié dans ces projets de destruction en tout genre materiel humain ,vie sur terre..Tout le monde est dans l’angoisse. qu’un fou démoniaque appuie sur le bouton.Au main de dictateur russe, chinois, iran, core et d’autre cela met notre vie en… Lire plus »
Vous confondez nucléaire civil et militaire. Et il est illusoire de penser qu’on peuit arrêter le nucléaire militaire.
@Vacheret,
Etes vous pour l’interdiction des sources « radioactives » dans la médecine !? (c’est faisable… mais impactant)
(Avez-vous votre « carte » pour ne jamais passé à la Radio et/ou recevoir d’autres types de traitement dépendant du « Nucléaire Civil » ?)
Article assez objectif. Mais la baisse de la production nucléaire depuis quelques années n’est pas encore compensée par la montée des énergies renouvelables. Les productions bas-carbone actuelles (ENR+ nucléaire )sont encore inférieures à celles d’avant 2020.
Moi, je dirais surtout qu’elles sont inutiles car on ne peut pas contrôler la production d’une source intermittente.
ça produit au final quand ça le veut bien.
Quand ça produit trop, il faut diminuer la puissance du parc nucléaire pour leur permettre d’injecter sur le réseau ou exporter vers l’étranger.
Et quand ça produit pas assez, il faut lancer des turbine à gaz pour prendre le relais.
Au final, ça permet pas de sortir des énergies fossiles, juste d’en diminuer un peu la part.
L’Allemagne est le parfait exemple de l’échec de la stratégie « tout ENR »
c est vrai, l allemagne produit plus de 50% de son electricte a partir de renouvelables, sans nucleaire et va eliminait le charbon en 2032
Merci. Pourriez vous également eclaircir 2 sujets: le nombre de ´lobbyistes’ petroler au cop (qui sont ils/elles? Leur presence est elle vraiment pour faire du lobby pour plus de petrole et de gaz?) et l’affirmation que ´l’industrie pétroliere’ financerait la désinformation et des medias climato sceptique : quelles entreprises? Quels médias? Quel financement ? Quels messages climato sceptiques? Merci!
Bien, le fact checking a de l’avenir, tant depuis leur création, les réseaux sociaux inondent le monde de m… en tout genre jamais vérifiées. Quand paieront-ils pour cette pollution informassive permanente ?
Contredire des propos à l’emporte pièce est assez simple. Citer un reportage sans fournir le lien est assez facile aussi, peu de chance que le lecteur aille le chercher. https://documentaire-et-verite.com/eoliennes/ Si on commence à citer quelques personnages remarquables apparaissant dans ce reportage (Jancovici, ex-directeur d’edf, …), peut-être certains iront écouter les différents discours (écouter, pas regarder, parce que les images sont très orientées…) Sinon, je suggère à Révolution Énergétique une infox de mon cru: « les éoliennes en France ne servent pas la France, mais essentiellement les pays voisins…” En effet, si l’on consulte Eco2mix, production par filière, en affichant sur… Lire plus »
Bien d’accord avec vous. Surtout sur les Exports, notamment vers la Suisse et l’Italie qui ne font que très peu d’éolien (mais ont fait des STEP supplémentaires durant la dernière décennie). Vu les prix de Marché actuel, pas sur que les prix de vente couvrent en permanence les niveaux de subvention (et là le « bas blesse »…). Toutefois sur les images certes orientées, on ne peut pas nier que certains paysages et zones géographiques françaises ont été fort impactées par les éoliennes et que certaines populations ne sont pas très heureuses de cet état de fait ! Certes, avant les éoliennes,… Lire plus »
Beaucoup de choses sont mentionnés explicitement dans le Rapport RTE 2023 sur les échanges – Bilan électrique 2023 rapport complet_29fev24.pdf (rte-france.com)
Et oui, nous décarbonons nos voisins avec nos ENRi pour le moment… Et nous faisons transiter beaucoup d’électricité à travers notre pays entre nos voisins.
Par contre on ne connait pas le montants exacts et la Balance Couts-Bénéfices de ces Exports et transits… En 2023 ce fut probablement profitable.
Le tendance actuelle des Marchés à la baisse peut faire craindre le pire… pour les années futures.
C’est bien d’énoncer quelques vérités, mais il y en a tout de même une autre : aucun des scénarios de RTE ne parvient à faire l’économie d’éolien massif, notre industrie nucléaire ayant déclaré qu’elle pourrait au maximum produire environ 325TWh en 2050. Qu’est-ce que cette ONG préconise donc et qui aurait échappé aux ingénieurs de RTE ?
Donc en fait elle a raison. Par rapport au nucléaire l’éolien émet plus de CO2, consomme plus de ressources, occupe plus de place, et crée moins d’emploi. Et en plus il faut le backuper. Si c’est c’est pour couper les centrales nucléaires quand y a du vent ça n’a aucuns sens ..( imaginez l’inverse: on coupe les éoliennes si le nucléaire est suffisant)
Si on avait installé toutes nos éoliennes en Pologne le climat se porterait beaucoup mieux.
@JBB, On « exporte » un peu d’électricité jusqu’en Pologne (Cf Rapport RTE sur les échanges – Bilan électrique 2023 rapport complet_29fev24.pdf (rte-france.com) ). Et heureusement que nous exportons dans toute l’Europe mais in fine on exporte beaucoup nos productions d’ENRi. Nos ENRi servent donc en bonne partie à décarboner les pays voisins (L’Italie en 1er lieu – c’est clairement mentionné dans le rapport RTE !). Est-ce logique de rendre des territoires couverts d’éoliennes plus très attractif et agréable pour les habitants locaux au profit d’autres régions européennes !? (La Toscane n’est pas couverte d’éoliennes…) Le problème des ENRi est le besoin… Lire plus »