Centrale de Neckarwestheim en Allemagne, aujourd'hui arrêtée / Image : Thomas Springer, modifié par : RE
L’Allemagne a fait le choix de supprimer le nucléaire de son mix énergétique, malgré ses objectifs climatiques qui l’obligent à décarboner sa production électrique. Mais est-ce le bon choix ? Notre voisin d’outre-Rhin ne devrait-il pas revenir en arrière pour miser à nouveau sur l’atome ? La sortie du nucléaire n’est-elle pas un frein à la réussite de sa transition énergétique ?
Selon les données de l’agence internationale de l’énergie (AIE), le mix électrique allemand était dominé par le charbon et le nucléaire au début des années 2000. Mais pour son avenir, l’Allemagne a fait le choix de sortir du nucléaire, dans le cadre de son plan de transition énergétique appelé « Energiewende ». Pourquoi une telle décision ? D’abord et surtout parce que les Allemands sont pour la plupart farouchement anti-nucléaires. Après la catastrophe de Tchernobyl, celle de Fukushima en 2011 au Japon a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, poussant la chancelière de l’époque, Angela Merkel a prendre une décision stricte.
L’Allemagne a fait le choix de la sortie du nucléaire
En effet, nos voisins ont alors fait le choix de sortir du nucléaire pour des raisons de sécurité. En avril 2023, c’était chose faite avec l’arrêt des trois dernières centrales nucléaires qui fonctionnaient encore jusque-là. Pour le futur de son mix électrique, le pays mise sur le développement massif des énergies renouvelables et sur le gaz naturel. D’ailleurs, pour l’année 2023, les énergies renouvelables ont représenté plus de 50 % de la consommation électrique allemande. L’objectif est de porter ce niveau à 80 % d’ici 2030.
Néanmoins, les émissions de CO2 sont toujours très élevées dans le pays, notamment du fait de la part importante du charbon dans le bouquet énergétique allemand. Même si en 2023, les émissions allemandes de gaz à effet de serre (GES) ont atteint un niveau historiquement bas avec 673 millions de tonnes, le pays reste le plus gros émetteur de l’Union européenne (UE).
À lire aussi Qu’est-ce qu’un réacteur nucléaire de 4ᵉ génération ?Énergies renouvelables et gaz naturel en hausse dans un contexte géopolitique tendu
En effet, rappelons que les énergies renouvelables n’étant pas une source de production pilotable, elles doivent être accompagnées de moyens de flexibilité qui permettent d’ajuster en temps réel l’offre à la demande en électricité. Ces moyens de production pilotables sont le charbon, le gaz ou encore le nucléaire. Les Allemands ayant fait le choix de se passer de nucléaire, la part du charbon et du gaz naturel reste donc nécessairement importante dans leur mix électrique.
Or, avec la crise en Ukraine, les approvisionnements en gaz naturel en provenance de Russie se sont arrêtés. Et le gazoduc Nord Stream 2 qui devait alimenter l’Allemagne via la mer Baltique n’a pas été mis en service du fait des sanctions par l’Union européenne à l’encontre de la Russie, et de son sabotage le 26 septembre 2022.
Le pays possède toutefois sur son territoire encore du charbon, mais surtout une abondante réserve de lignite qui est un charbon à faible pouvoir calorifique. Sources d’indépendance énergétique pour le pays, charbon et lignite sont toutefois particulièrement néfastes pour l’environnement.
Le retour vers l’atome est-il envisageable en Allemagne ?
Le charbon et le gaz naturel étant des énergies fossiles, on peut se demander si nos voisins d’outre-Rhin ont bien fait de se passer du nucléaire, source de production pilotable décarbonée. Et ne serait-il pas judicieux de revenir sur la décision de sortie de l’atome et de relancer les centrales pour atteindre les objectifs climatiques du pays ?
Sur le plan environnemental, il est clair que privilégier l’atome permettrait de se désengager du charbon et du gaz naturel, ce qui serait bénéfique pour les émissions du pays. Cela permettrait également au pays de réussir plus facilement sa transition énergétique.
Mais pour cela, il faudrait que ce revirement dans la politique énergétique allemande soit accepté par la population. Or, ce n’est pas le cas pour l’instant. Et l’Allemagne s’oppose d’ailleurs régulièrement à la France sur la scène européenne, pour critiquer notre choix de laisser au nucléaire une place prépondérante dans notre mix électrique. Il semble donc que le retour de l’atome dans le mix électrique allemand relève d’un choix politique qui n’est pas à l’ordre du jour.
Commentaires
Oser se poser cette question consistant à savoir mieux que son voisin ce qui est bon pour lui même, c'est se mettre le nombril à la hauteur des yeux. Autrement dit, se prendre pour Dieu, le Père !
La question technique clé : que sont devenues les centrales arrêtées ?
Demantelees ou mises sous cocon ?
Certains disent que,moins bêtes que nous avec Fessenheim, les Allemands n'ont pas entrepris de démanteler les dernières
. Vrai ou faux ?
Il faut d'abord attendre que les barres de combustibles refroidissent, ce qui dure plusieurs années.Chaque centrale à son planning et le démantèlement total prend au moins une quinzaine d'années, Pour les réacteurs de Philippsburg arrêtés en 2011 et 2019 par exemple, les tours de refroidissement ont déjà été détruites en 2020. Pour les 3 dernières centrales, ce qui a déjà été fait ou est en passe d'être fait, c'est une décontamination du circuit primaire à l'acide plus agressive que dans le cas d'une révision normale et qui rend une remise en route difficile. Le transport des crayons en lui même est n'est pas prévu avant 2027.
L'article reprend une fake news que la décision de la sortie de l'atome à été prise sur un coup de tête d'Angela Merkel, ce qui est complètement faux.
la décision avait déjà été prise par le gouvernement précédent. Merkel, lors de son arrivé au pouvoir à d'abord repoussé le sortie du nucléaire pris par le gouvernement précédent mais à la suite de Fukushima, a simplement pris la décision de revenir au calendrier précédemment décidé.
Ensuite le gouvernement actuel sous Scholz n'a fait que mettre en œuvre la décision décidé sous Merkel et les deux gouvernements précédents.
Donc cela n'a rien d'un coup de tête, tout les gouvernements sans exception depuis 2000 ont œuvré à l'arrêt du nucléaire.
La décision est en effet bien antérieure à Merkel est à surtout été prise comme le résultat d'un référendum sur le sujet, même si le gournement de l'époque ne s'est pas précipité pour la mettre en pratique car la décision incluait de laisser les centrales nucléaires aller jusqu'à la fin des contrats qui liaient leurs propriétaires, des entreprises privées en Allemagne.
Là ou Merkel à fait fort, c'est de rompre unilatéralement ces contrats (idem avec les propriétaires de mines de charbon et centrale à charbon quelle décidait de fermer)
Il y a une conséquence directe sur le prix de l'électricité dans ce pays, comme au Danemark qui a pratiqué la même politique. Cette conséquence a été de faire supporter le poids des indemnités à verser à ces propriétaires de mines et centrales thermiques qui se sont senti floués et qui ont bataillé ferme pour obtenir le plus possible. C'est ainsi qu'Allemands et Danois sont embarqués pour plus d'une décennie à payer un KWh dans le prix duquel la fourniture proprement dite représente peanut's en regard de la part de taxe de la dette de l'état envers ces entreprises privées.
Contrairement à ce qui est dit dans cet article, la part du gaz dans le mix électrique n'est pas particulièrement élevé en Allemagne: de l'ordre de 12% (en valeur nette), c'est à dire nettement moins que la moyenne européenne qui se situe à environ 20%. A titre de comparaison en Italie, le gaz représente environs 50% du mix électrique. Alors en effet, il est prévu de construire de nombreuse centrales à gaz qui tourneront dans un premier temps au gaz naturel. Mais cela ne veut pas dire que la consommation de gaz globale de l'Allemagne va nécessairement fortement augmenter: d'après le prévisions, c'est même l'inverse, la conso de gaz va continuer de fortement baisser dans les années à venir. Pourquoi? Parce que le gaz pour produire de l’électricité ne représente qu'une petite partie (10-15%) de la consommation globale Allemande et dans les autre domaines (c'est à dire chauffage residentiel et industrie) une forte baisse est déjà enclenchée.
De toute manière, le titre même de l'article est à coté de la plaque: Une centrale nucléaire ça ne se rouvre pas comme un magasin de bonbon. Même les producteurs d'électricité qui ont longtemps combattus l'arrêt de leur centrales nucléaires sont contre aujourd'hui parce que l'investissement nécessaire pour remettre leur centrales à niveau n'en vaut plus la chandelle et ce sera bien trop tard avant de pouvoir recommencer à produire suffisamment afin de pouvoir prendre le relai des centrales aux charbons qui vont s’arrêter dans les années à venir.
Vu les productions actuelles des centrales à charbon, même si en tendance elles ont baissé, rien ne dit que celles-ci ne vont pas perdurer bien longtemps pour diverses raisons (notamment la dispo du Gaz en Europe en volume et le développement des pompes à chaleur qui va augmenter les besoins électriques par temps froid avec peu de vent... avec aussi bien entendu les périodes avec peu de vent en Europe...). Certes leurs facteurs de charge vont continuer de décroitre... mais beaucoup risque d'avoir des surprises de maintes reports de fermeture (comme ce que l'on connait en France avec nos divers reports de fermeture des centrales à charbon... avec un cout de maintien en service pas ridicule en plus qui est porté par le consommateur "in fine"... et la nécessité de "bruler" une partie des stocks approvisionnés également...).
Le gaz, ça ne sert pas uniquement à faire de l'électricité.
L'Allemagne est de loin le 1er consommateur de gaz naturel en Europe avec une consommation qui atteignait les 100 milliards de M3 dans le passé.
La France reste le premier importateur de gaz russe aujourd'hui.
En 2022, L'Allemagne à consommé 77 milliards de M3, le Royaume-Uni 72 et l'Italie 65, donc pour l'instant encore le plus gros consommateur. Mais le Royaume-Uni et l'Italie vont avoir bien plus de mal à se passer de gaz que l'Allemagne, vu que le gaz représente une plus grande part de leur mix énergétique.
Tout à fait, en valeur absolue bien sur, ils sont aussi les pkus nombreux. Environ 50% de la consommation est utilisé pour le chauffage et 30 par l'industrie mais cette consommation diminue et est passé sous les 80 milliard de m3.
Tu n'aurais pas oublier de parler des STEPS et de l'hydraulique pour aider à la gestion de l'intermittence de l'éloien et du solaire? D'aprés le site ElectricityMaps, en début de soirée les STEPS peuvent représenter jusqu'à 15% du mix électrique allemand, presqu'autant que les batteries en Californie lors du pic en début de soirée. Je ne pense pas que c'est négligeable
Une step nécessite la construction de deux barrages pour créer deux lacs artificiels. Pas sûr que les grunen laissent faire.
@Karim,
Pas mal de barrages Français peuvent servir de réservoir Aval ou amont suivant les cas pour faire des STEP - Cf redenat en Projet ou Montezic en opération qui a le bassin d'un réservoir existant comme bassin bas...). Mais l'hydraulique Français est bloqué... par Bruxelles...
En Allemagne, une grosse STEP avec avis favorable des Grunen au niveau national a été annulé car les Grunen locaux n'en voulaient pas...
Après il faut trouver les sites et rester dans des budgets raisonnables (raccordement réseau compris et c'est parfois la goutte qui fait exploser les budgets...).
Mais comme l'Europe manque d'eau de temps à autre, des STEP propices à de grands stockages d'eau dans certaines régions risquent de refaire surface, sachant que l'été il ne faut que du stockage journalier du fait du PV... Mais en volume (en GW) cela a des limites, 10 GW de plus pour la France serait magnifique !!! (mais tout au plus de 30 GW.h à 100 GW.h stocké suivant les saisons soit pas grand chose pour l'hiver...)