C’est la première fois depuis 2013 qu’un tel phénomène se produit : en 2018 les émissions de CO2 de la France ont baissé de 4,2% par rapport à 2017. Elle occupe désormais la 3e place du podium dans le classement des meilleures performances environnementales en Europe.
Bien sûr, ce constat enthousiasmant ne s’explique pas uniquement par l’adoption de mesures environnementales, diront certains. Ces chiffres encourageants tiennent en partie à l’hiver doux que nous avons connu. Et si les hivers doux se succèdent, c’est sans doute la preuve que nous n’arrivons pas à contenir le réchauffement global. S’ajoute à cela le phénomène de désindustrialisation, qui continue à inciter un certain nombre d’industriels à délocaliser leurs usines.
Mais ne boudons pas notre plaisir : il faut aussi reconnaître que les politiques climatiques commencent à porter leurs fruits dans plusieurs secteurs, et ce, dans un contexte de croissance économique de 1,7%.
Les températures clémentes ont permis au secteur de la production d’électricité de baisser ses émissions de 26,9% (2017 avait connu une hausse des émissions du secteur liée à l’arrêt de certains réacteurs nucléaires, compensé par d’autres centrales plus émettrices de CO2).
Le secteur résidentiel et tertiaire a comprimé ses émissions de 6,8%, et même le secteur des transports, qui constitue 30% des émissions totales, a réduit les siennes de 1,6%. Selon le Citepa – Centre technique d’études de la pollution atmosphérique – les émissions liées aux véhicules particuliers ont baissé de 3,1%, et celles des véhicules utilitaires de 3,6%. Des chiffres qui s’expliquent par la baisse des livraisons de diesel.
Les véhicules électriques et hybrides, qui totalisaient 30.000
immatriculations en 2018, n’ont pas encore eu d’effet tangible sur ces chiffres
et ne représentent que 6% du parc automobile français.
Quant à l’industrie manufacturière, qui représente 17% du total des émissions,
une réduction des consommations d’énergie a permis de faire baisser ses
émissions de 2,8%.
Une baisse globale de 18,8% par rapport à 1990
Au total, la France a émis 445 millions de tonnes équivalent CO2 en 2018 ; elle en émettait 548 millions en 1990. C’est 100 millions de tonnes en moins. Une preuve que les émissions de CO2 sont de plus en plus décorrélées de la croissance économique. En 2050, la France compte atteindre la neutralité carbone. Pour ce faire, elle devra diviser ses émissions au moins par cinq, par rapport au niveau actuel.
Objectif 2020 atteint en Europe
Même si elles ont atteint un nouveau record au niveau mondial en 2018, les émissions de CO2 ont néanmoins diminué de 2,5% dans l’Union Européenne, alors qu’elles avaient augmenté de 1,8% en 2017.
L’Europe a ainsi atteint son objectif 2020 en matière de CO2, le niveau de ses émissions étant inférieur de 20% à celui de 1990. Un résultat qu’il faut mettre en regard d’une économie qui ne cesse de se développer, et qu’il faut attribuer en particulier au développement des énergies renouvelables, notamment dans le secteur de la production d’électricité (éolien, solaire, hydroélectrique), alors que de nombreuses centrales au charbon ferment.
Les résultats au sein de l’Union Européenne sont toutefois contrastés : sur les 28 pays membres, seuls 20 enregistrent une baisse de leurs émissions de CO2. En tête du groupe, le Portugal diminue de 9%, la Bulgarie de 8,1%, l’Irlande de 6,8%, l’Allemagne de 5,4% et les Pays-Bas de 4,6%. Malgré sa performance, l’Allemagne reste le plus gros émetteur de CO2 de l’Europe (664 millions de T CO2 , soit 22,5% des émissions de l’UE). Mais les choses changent : Berlin vient de prévoir une enveloppe de 40 milliards d’euros pour reconvertir les régions minières.
Les huit pays restants ont vu leurs émissions augmenter en 2018 : la Lettonie (+ 8,5%), Malte (+ 6,7%), l’Estonie (+ 4,5%), le Luxembourg (+ 3,7%) et la Pologne (+ 3,5%).
Notons que les émissions de la Lettonie, malgré leur hausse record, ne représentent que 0,2% des émissions globales de l’UE. Une baisse de sa production hydroélectrique l’avait contrainte à augmenter sa génération d’électricité à partir de gaz et de charbon.
Cela tient compte de notre consommation de produits importés ? Comme ceux venant de Chine où nous délocalisons nos émissions ?
Non, comme l’indique Bernard ce sont des chiffres CITEPA, donc réduits au périmètre national.
La question des délocalisations est d’ailleurs évoquée dans l’article.
Pour mesurer ce que vous dites il existe la méthodologie de l’empreinte carbone des français qui est aussi calculée.
Comme vous le suggérez celle ci stagne quand elle ne monte pas alors que les émissions nationales baissent…
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3281683?sommaire=3281778
Ça ne disqualifie pas pour autant l’indicateur CITEPA, qui a le mérite de compter les émissions sur lesquelles nous avons directement prise, et ça permet quantifier les effets par secteur.
Personnellement je constate entre 2017 et 2018 une augmentation de <1% en région parisienne donc stable.
il n’ y a pas eu d’arret de tranche nuk en plein hiver imposé par l’ASN en 2018.
faut pas chercher plus loin, et certainement pas dans la hausse de intermittente
Mon cher Bruno, il va vous falloir vérifier vos chiffres et retourner à l’école… Il n’y a pas eu de croissance en France en 2018 puisque le PIB est monté de 1.5% (et non 1.7%) avec une inflation de 1.8%. Donc décroissance de 0.3%. Et encore, je ne tiens pas compte de l’augmentation de la Dette. Quant à une économie décorélée du CO2, c’est malheureusement une vue de l’esprit. L’économie française tourne à près de 70% grâce aux énergies fossiles (moyenne mondiale de 80%) et la baisse de CO2 ne fait donc que traduire le fait qu’il y a eu… Lire plus »
Vous avez des sources pour vos chiffres ?
Car vos 1.8% d’inflation je me demande vraiment d’où vous les sortez.
En général, les chiffres sur la croissance prennent en compte l’inflation. Si vous avez des chiffres et des sources, je suis tout ouïe.
Pour l’inflation, c’est l’INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2122401
Sinon les chiffres de la croissance ne prennent pas en compte l’inflation puisque établis en euros courants (et pas en euros constants qui, eux, tiennent comptent de l’inflation, comme précisé ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_int%C3%A9rieur_brut_de_la_France)
Le PIB n »est pas un très bon indicateur, mais l’inflation est déjà prise en compte, contrairement à ce que vous dites.
PIB nominal = valeur du PIB mesurée aux prix de l’année courante (cette mesure inclut donc les effets de l’inflation ou de la déflation)