Veolia, Waga Energy et GRDF ont inauguré le 18 mai la plus importante unité de production de biométhane de France. Entièrement automatisée et pilotée à distance, elle récupère et traite le biogaz, issu de la fermentation des déchets accumulés dans l’immense décharge de Claye-Souilly en Seine-et-Marne. Elle va produire chaque année 120 GWh de gaz renouvelable qui seront injectés dans le réseau.
Lorsqu’ils sont enfuis en décharge, les déchets organiques provenant des ordures ménagères se putréfient et produisent un mélange gazeux contenant du méthane, mais aussi du dioxyde de carbone, de l’azote, de l’oxygène et des impuretés. Tel quel il ne peut pas être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel. Comme il s’agit d’un puissant gaz à effet de serre (responsable au niveau mondial de 5 % des émissions), les centres d’enfouissement ont l’obligation de le capter, en France du moins. Certains l’utilisent pour produire de la chaleur ou de l’électricité, mais le rendement est faible et, dans 50 % des cas, le gaz récupéré est juste brûlé dans des torchères.
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Une petite équipe d’ingénieurs a planché sur un procédé consistant à épurer ce gaz pour en faire du méthane pur à 98 %, apte à être injecté dans le réseau de gaz ou utilisé comme carburant pour véhicules.
En 2015, après 10 ans de recherches, la technologie est au point. L’équipe crée alors la start-up Waga Energy pour exploiter et commercialiser le procédé baptisé Wagabox. Celui-ci combine deux techniques : une filtration par membrane permet d’abord de séparer le CO2. Ensuite, une distillation cryogénique élimine l’oxygène et l’azote.
Les deux premières installations ont été inaugurées en 2017, à Saint-Florentin (Yonne) et à Saint-Maximin dans l’Oise. Aujourd’hui, la jeune entreprise exploite déjà plus d’une dizaine de Wagabox en France. Pour financer son développement, elle a fait son entrée à la bourse de Paris en octobre 2021. A la fin de sa première séance sur le marché, l’action a flambé de plus de 11% à 26,2 euros, alors que son prix d’introduction avait été fixé à 23,54 €. L’offre, sursouscrite 4 fois avec une demande totale de 345 M€, a permis à la jeune pousse iséroise de lever plus de 108 millions d’euros. Elle est désormais valorisée à plus de 500 M€.
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La nouvelle unité inaugurée récemment est située sur le plus grand site de production de biogaz de France : le pôle d’écologie industrielle de Veolia à Claye-Souilly en Seine-et-Marne. Il traite et valorise annuellement jusqu’à 1,5 million de tonnes de déchets principalement industriels et commerciaux qui n’ont pas encore de solutions de recyclage et de valorisation.
Entièrement automatisé et piloté à distance, le Wagabox de Claye-Soully va produire annuellement 120 GWh de gaz renouvelable qui seront injectés dans le réseau exploité par GRDF. Ce biométhane alimentera donc les particuliers et les entreprises de la région dans leurs usages traditionnels, mais il pourra également décarboner le secteur du transport sous la forme de BioGNV.
Cette production représente l’équivalent de la consommation annuelle de 20 000 foyers se chauffant au gaz ou 480 bus roulant au BioGNV, et permettra d’éviter l’émission d’environ 25 000 tonnes de CO2 par an. Il s’agit pour l’heure du plus grand site de production de biométhane du pays.
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Cette nouvelle unité de production de biométhane est le 27e site à injecter du biométhane dans le réseau de distribution exploité par GRDF sur le territoire de la Seine-et-Marne. Grâce à cette nouvelle installation, le département progresse dans son indépendance énergétique avec 16 % de ses usages résidentiels de
gaz désormais couverts par une production locale de biométhane.
« GRDF a investi dans l’adaptation du réseau afin d’accueillir la production de gaz renouvelable de ce projet exceptionnel. Ainsi progressivement, le gaz circulant dans le réseau se verdit. En raccordant les installations productrices de gaz vert, GRDF renforce le maillage du territoire et permet aux consommateurs finaux de tirer profit de la flexibilité de l’ensemble des infrastructures gazières, tout en favorisant l’économie circulaire locale : grâce au gaz vert, rien ne se perd, tout se transforme« , explique le gestionnaire de réseau dans un communiqué.
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Voilà une excellente nouvelle. Les décharges qui dégagent du gaz, ce sont finalement des installations de « méthanisation » spontanée et incontrôlée, et malheureusement perdue, sauf si comme ici on s’arrange pour récupérer ce gaz (tout ou seulement une partie?) afin d’en faire bon usage.