Illustration : Révolution Énergétique.
Le milliardaire aurait soutenu le développement de l’Hyperloop dans l’unique but de saboter le projet de train à grande vitesse californien, selon le Time. Un tour de passe-passe climaticide du dirigeant, qui se présente pourtant comme très préoccupé par les émissions de gaz à effet de serre.
Les transports en commun, « ça craint » pour Elon Musk. Fin 2017, le patron de Tesla et SpaceX déclarait tout son dégoût envers ce mode de déplacement pourtant vertueux. Bus, tramways, trains et métros seraient « extrêmement douloureux » à utiliser, expliquait-il à l’occasion d’une conférence.
« On y est exposé à plein de gens inconnus, parmi lesquels pourrait se trouver un tueur en série » s’angoissait le milliardaire, qui déclarait ne pas comprendre l’intérêt d’un système « qui ne part pas d’où vous voulez partir, n’arrive pas où vous voulez arriver, et ne part pas à tout moment ».
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Mais alors, pourquoi Elon Musk a-t-il encouragé l’Hyperloop en 2013 ? Le projet de train à très grande vitesse, circulant dans des tubes sous vides, prévoyait d’entasser une trentaine de passagers dans des capsules particulièrement exigües. Tout ce que le sulfureux dirigeant semble donc répugner.
Le concept a toutefois suscité un enthousiasme débordant, bien au-delà des frontières californiennes. En France, de nombreux médias annonçaient un Paris – Marseille en 40 minutes d’ici quelques dizaines d’années.
La France est tombée dans le panneau
L’État et des collectivités locales sont même tombées dans le panneau : elles ont subventionné la base toulousaine d’Hyperloop TT, une des sociétés ayant répondu à l’appel d’offres d’Elon Musk.
Malgré l’installation de quelques dizaines de mètres de tubes et l’arrivée d’une capsule en 2019, le projet patauge. Pire, fin 2021, la construction d’une piste longue d’un kilomètre qui devait permettre de lancer les premiers essais, a été abandonnée. Lenteur, opacité, promesses non tenues : tout semble s’expliquer à la lumière d’une révélation du Time.
Faire échouer le projet de TGV californien
Selon l’hebdomadaire américain, Elon Musk aurait confié à sa biographe n’avoir eu aucune intention de construire réellement l’Hyperloop. Il aurait uniquement développé le concept dans le but de convaincre les autorités californiennes d’abandonner le projet local de TGV.
Sans que l’on sache si ce tour passe-passe a eu une réelle influence ou non, la ligne de train à grande vitesse qui devait relier Los Angeles à San Francisco a bel et bien été abandonnée en février 2019.
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Entre Elon Musk et la Californie, le mariage semblait battre de l’aile depuis quelques années. Très critiques envers les politiques appliquées par l’État, le dirigeant a fini par s’expatrier fin 2020 vers le Texas, en emportant Tesla dans ses bagages. Quoi qu’il en soit, Elon Musk a contribué à saboter un projet de transport public qui aurait permis d’éviter le rejet d’importantes quantités de gaz à effet de serre.
Plus d’une centaine de vols relient chaque jour Los Angeles à San Francisco, l’avion bouclant le trajet en 1 heure contre 7 à 8 heures en autocar et plus de 10 heures en train. Le TGV californien promettait de relier les deux villes en 2 heures seulement et aurait détourné 90 à 100 millions de passagers des routes et aéroports chaque année.
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Commentaires
L'article du times sur lequel se fonde cet article me semble être un ramassi de de desinformation.
Si c'est vrai, ce type est un sacré abruti, c'est certain. Et vu sa fortune, Musk aurait largement les moyens d'investir dans ce genre de projet, ce qui serait d'ailleurs bien plus intelligent, plus visionnaire, plus progressiste et plus écologique que de parier sur des projets de niche comme le voyage spatial privé ou le rachat des réseaux sociaux. Sachant en plus que l'Hyperloop peut remplacer un certain nombre de lignes aériennes.
100 millions de voyageurs, beaucoup ou pas beaucoup pour un TGV cela représente le trafic français sur une seul voie au kms cela semble énorme.
je ne sais pas d'où provient l'information de l'abandon du projet de TGV en Californie, mais elle est erronée. En effet, le projet CSHR (le TGV californien) et toujours en cours de construction, et des fonds continuent à être levés pour sa réalisation et la mise en service des premiers tronçons en 2028. De plus, le corridor ferroviaire Caltrain est en cours d'électrification pour permettre de moderniser la flotte de trains de banlieue reliant San Francisco et San Diego, et pour permettre aux TGV utilisant la ligne actuellement en construction d'accéder au centre ville de San Francisco en utilisant l' infrastructure existante, qui pour le moment ne permet pas à des trains électriques alimentés par caténaire de circuler.
Un LGV n'est pas particulièrement efficient lorsque l'on additionne le coût de la construction de la voie et son entretien. À 300 à l'heure la voie à chaque passage du train souffre sacrément.
Pour tenir les recommandations du Giec, il faudra voyager moins lourd, moins vite et moins loin...
Donc même le LGV n'est pas la solution.
Tout d'abord, il n'y aurait pas de coût et pas de frein à la créativité si on était dans un système économique évolué, c'est-à-dire une économie de l'abondance. Le système monétaire-marchand n'est pas une fatalité. Or, aujourd'hui c'est lui qui induit une mauvaise gestion des ressources et fabrique artificiellement leur rareté. Il influe par conséquent sur le choix et l'utilisation des ressources, déterminés ici précisément pour des questions qui n'ont rien à voir avec l'intelligence, la qualité ou l'efficience. Quand par exemple le but est de minimiser les coûts de production et d'entretien, il n'y a pas d'intérêt à parer aux matières qui sont les plus durables.
Le potentiel intellectuel et technique n'a jamais eu besoin de l'argent. Donc il faut élargir la réflexion sur tous les plans avant de prêcher la stratégie de l'échec et d'expliquer que l'on va revenir aux chevaux et régresser culturellement et socialement. Car voyager loin, c'est aussi découvrir des nouvelles cultures et c'est indispensable pour connaître l'environnement. L'humanité ne se développe pas (seulement) pour le plaisir ou pour passer le temps...
Ensuite, il faut peut-être revoir les priorités. Le bâtiment, le béton, l'agriculture intensive, tout cela pollue beaucoup plus et nécessite beaucoup plus de ressources que des lignes de train. Pourtant, bizarrement, on en parle moins parce que c'est moins symbolique.
Troisièmement, je rappelle que les trains à grande vitesse, actuellement, sont moins polluants que les avions et constituent des alternatives sérieuses sur des grandes distances. l'Hyperloop a d'ailleurs aussi été imaginé pour remplacer des lignes aériennes.
Bref, ce qui vous dites n'est pas exact et assez simpliste. Il faut penser plus largement si on veut relever les grands défis par le haut, comme l'humanité l'a d'ailleurs déjà fait par le passé sur d'autres enjeux.