D’ici 2026, Air Liquide devrait mettre en service un électrolyseur de 200 mégawatts (MW), près du Havre. La quasi-totalité de sa production s’adressera à Total pour raffiner son pétrole. L’industriel fabrique actuellement de l’hydrogène carboné et espère, grâce à l’électrolyse de l’eau, décarboner cette production et la massifier pour atteindre une capacité de 3 gigawatts (GW) à horizon 2030.
Le projet a été annoncé par le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton. Implanté à Saint-Jean-de-Folleville (Seine-Maritime), Normand’Hy est un consortium formé par Air Liquide et Siemens Energy et vise à produire du dihydrogène par électrolyse de l’eau (H2 vert) à destination, principalement, de l’usine TotalEnergies. Le raffinage du pétrole brut capte aujourd’hui 70 % des flux de dihydrogène.
Si le commissaire, portant le nom de la région voisine éponyme, se rendait sur le site du futur projet, c’est parce que le gigaélectrolyseur a bénéficié d’une subvention de l’Union européenne. Un coup de pouce bienvenu pour les 35 Piiec (Projets importants d’intérêt européen commun) qui totalisent cinq milliards d’euros issus de l’UE, abondé de 7 milliards des industriels.
La région Normandie, terre d’hydrogène ?
Le bassin industriel niché à l’est du Havre concentre, à lui seul, 13 % des émissions de CO2 de l’industrie française. La décarbonation de l’industrie lourde est bien comprise par la France ainsi que l’UE. Elles en ont fait leur objectif principal, soumettant le raffinage du pétrole notamment au système d’échange des quotas carbones. Le prix de la tonne de carbone (tCO2) a triplé en 2 ans, culminant à près de 100 €/tCO2 aujourd’hui.
Plus largement, la région Normandie est un bassin propice au développement de la production et de l’utilisation du dihydrogène. Parmi les réussites de ce territoire, les premiers bus à H2 dans la Manche, des cars scolaires jusqu’aux voitures Hopium.
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D’ici 2026, Air Liquide Normandie devrait mettre en service son électrolyseur à membrane par échange de protons (PEM) de 200 MW avant de passer à une échelle supérieure, avec une augmentation de capacité à 3 GW en 2030. Il s’agira du plus puissant de France et de l’un des plus puissants du monde. Toutefois, jusqu’à la construction de l’électrolyseur, Air Liquide continuera à produire de l’H2 à partir du méthane. Selon Carbone4, ce procédé émet 13 kilogrammes de dioxyde de carbone équivalent (CO2éq) par kilogramme d’H2 produit. Bien que l’entreprise séquestre une partie du carbone émis, ce procédé très répandu est aussi environnementalement très néfaste.
L’H2 ainsi produit est envoyé pour moitié (100 MW) à la raffinerie Gonfreville de TotalEnergies. Le gazole léger, le gazole lourd, mais aussi une partie des kérosènes doivent subir un traitement à l’hydrogène. Objectif : réduire la teneur en soufre de la coupe. Car, en présence de l’H2 contenu dans l’eau, de l’hydrogène sulfuré se forme et sépare ainsi le soufre du carburant.
Nous pouvons nous réjouir d’une telle annonce, réduisant l’impact environnemental du raffinage du pétrole. Ce secteur industriel de production du gazole émet beaucoup de CO2, tout comme son utilisation notamment dans le domaine des transports, encore responsable de 33 % des émissions de gaz à effet de serre françaises et de l’émission de particules nocives tuant chaque année 40 000 français.
Le plan du projet montre qu’il ne s’agit pas d’hydrogène bleu mais jaune, l’électricité provenant d’hypothétiques SMR. De toute façon 1kg d’hydrogène produit par électrolyse de l’eau coûte ~ 4 fois plus cher que par vaporeformage ( le gris) et ce serait encore plus bien plus vis à vis du bleu, proposé par la SEPRA 81.