La mythique baie de Fundy qui sépare les provinces canadiennes de Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick est le siège des plus puissantes marées du globe. Jusqu’il y a peu, tous les projets visant à les exploiter pour fournir de l’énergie avaient échoué. Mais aujourd’hui, l’entreprise écossaise Sustainable Marine annonce l’injection dans le réseau électrique des premiers électrons produits par une hydrolienne flottante installée dans la baie.
La baie de Fundy est un bras de mer situé sur la côte atlantique du Canada, à l’extrémité nord du golfe du Maine, entre les provinces du Nouveau-Brunswick et de Nouvelle-Écosse. Elle a la forme d’un entonnoir de 80 à 100 km de largeur à l’entrée, se terminant en deux étroits prolongements : la baie de Chignectou et le bassin de Minas (ou bassin des Mines). Celui-ci est le siège des marées les plus extrêmes du monde, affichant un marnage[1] moyen de 16,8 m, pour « seulement » 8 mètres dans la baie du Mont-Saint-Michel, où l’on dit que la marée monte « à la vitesse d’un cheval au galop ».
L’équivalent de mille grandes éoliennes offshore
L’énorme ressource marémotrice de la baie de Fundy – qui avec 115 milliards de tonnes d’eau entrant et sortant deux fois par jour contiendrait plus de quatre fois le débit combiné de toutes les fleuves de la planète – permettrait, selon les estimations, d’en extraire environ 7 gigawatts (GW) d’énergie, l’équivalent, en puissance, de mille grandes éoliennes offshore.
Le Canada avait caressé le projet de fermer la baie par un barrage et d’y construire une usine marémotrice, à l’image de celle qui est située à l’embouchure de la Rance, en Bretagne. Mais les Canadiens ont observé les impacts environnementaux engendrés par un barrage similaire construit dans l’embouchure de l’Annapolis, une rivière de la Nouvelle-Ecosse qui se jette dans la baie de Fundy : érosion des berges, ensablement de la rivière, rétention de métaux lourds et de pesticides par le barrage, blocage imposé à la faune aquatique et effets sur la flore vivant dans la zone inter-marée.
Partout dans le monde, les projets de grandes centrales marémotrices qui imposeraient la fermeture de larges baies sont, les uns après les autres, remisés aux oubliettes. En cause, les problèmes rencontrés dans l’Annapolis et dans une moindre mesure dans la Rance, en Bretagne. Mais aussi la crainte d’une amplification probable des marées due à la restriction des courants que provoque le barrage. Dans la baie de Fundy, ce phénomène pourrait causer des inondations jusque sur la côte du Maine, aux Etats-Unis.
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Aujourd’hui une autre technique d’exploitation de l’énergie des marées, et plus généralement des courants marins, semble plus prometteuse : les hydroliennes. Il s’agit de turbines dont les pales transforment les courants en électricité de la même manière qu’une éolienne génère de l’énergie grâce au vent. Les premières hydroliennes ont d’abord été ancrées au fond de la mer.
Dans la baie de Fundy, un essai a été tenté en 2009 lorsqu’une hydrolienne fut placée sur le plancher marin, à l’entrée du bassin de Minas. Elle a toutefois été rapidement mise en pièces par les courants rapides qui, à cet endroit, peuvent dépasser les 10 nœuds (18 km/h).
Mais une technologie alternative est apparue récemment : celle des hydroliennes flottantes. C’est la solution qu’a notamment adopté la startup écossaise Orbital Marine Power dont le modèle O2 de 2 MW, en service au large des Orcades, à 16 km des côtes de l’Ecosse, est actuellement l’hydrolienne la plus puissante du monde.
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Il y a évidemment une différence énorme entre les 0,42 MW de cette hydrolienne et la capacité qui serait nécessaire pour éliminer le charbon. Mais l’intérêt du concept de Sustainable Marine réside dans la possibilité d’accoupler plusieurs plateformes et de construire ainsi une centrale plus puissante.
L’hydrolienne qui se trouve actuellement à Grand Passage va subir une série de tests pour valider la technologie. Elle remontera ensuite vers le nord, dans le bassin de Midas, là où le courant de marée est le plus puissant. Elle y sera raccordée à deux autres plateforme identique pour générer une capacité de 1,26 MW. « Mais ce n’est là que la pointe de l’iceberg » précise Jason Hayman qui prévoit que des centrales flottantes de ce type, disséminées le long des côtes de la baie pourront produire à l’avenir des centaines de mégawatts.
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[1] Le marnage est la différence de niveau entre la marée haute et la marée basse.
Bonjour, Les marées au Mont Saint-Michel crées jusque 14 mètres de marnage au Mont Saint-Michel (et aussi à Saint-Malo) et non « 8 m seulement » comme mentionné dans votre article ! Les expériences d’hydroliennes depuis 20 ans sont hélas assez décevantes ! Les courants marins très variables dans l’espace et dans leurs directions n’y sont pas pour rien. C’est dommage car l’énergie de ces courants est pharaonique !!! Est-ce que de nouvelles centrales marémotrices sur d’autres estuaires de la cote Nord Bretonne sont envisageables ? En prenant en compte les inondations passées et récentes et l’augmentation du Niveau des mers, cela… Lire plus »
Bonjour Antoine, Vous dites: »Les expériences d’hydroliennes depuis 20 ans sont hélas assez décevantes ! » Je suis d’accord avec vous. C’était le cas pour Open-Hydro et Sabella, qu’il fallait remonter à la surface car pbs, de dépôts-fixation de molusques sur les pales, étanchéîté, avec de longs délais…(treuil ad hoc pas dispo pour remonter Open-Hydro pendant de longs mois!) C’est , je crois, surtout des pbs de mise au point et d’apprentissage, y compris sur des technos ! le REX a fait progresser, dt notamment des solutions flottante-auto-déplaçables, plus efficaces et globalement moins chères (Orbital, par ex) que les gros bébées posées… Lire plus »
Bonjour Guy, Merci pour votre commentaire. Plusieurs points néanmoins : Des solutions auto-déplaçables en surface risquent de ne pas faire des « game-changers » énergétiques : leur déploiement sera limité à des zones protégées de la houle donc des estuaires ou des fleuves/rivières avec des concurrences d’usage pour la place sans compter les protestations d’implantation (type NIMBY)… Cela risque de rester faible à anecdotique donc (pour mémoire, il y a 15 ans, on parlait de parcs de plusieurs GW en divers points de la manche avec des Hydroliennes colossales…) Que les hydroliennes soient préférables aux UMM est un point de vue respectable,… Lire plus »
Et » Une approche façon « Swansea bay » semble retenue pour un projet « genre UMM-boucle-ds-l’océan-pas-sur-estuaire » auSud de Liverpool. A suivre ! » En effet c’est une version moderne des « moulins à marée qui furent très présents et efficaces durant des siècles en Bretagne Nord (avec les niveaux de besoins énergétiques de l’époque toutefois…). L’impact écologique de tels projets est quand même proportionnelle à la quantité d’énergie attendue…
De la même façon qu’on bloque les sédiments qui manquent ensuite pour protéger les côtes en construisant des barrages qui réchauffent par effet radiateur grâce au vent, le milieu montagnard, avec toutes les conséquences sur le réchauffement global que ça sous tend ? Ralentir les courants marins pour en tirer de l’énergie n’est pas sans risques sur les changements climatiques. Car ce sont ces courants qui favorisent les échanges thermiques entre régions chaudes et froides. Sans compter que c’est grâce à ces courants que les côtes se nettoient de tout ce qu’on peut y jeter Et que flore et faune… Lire plus »
Grd Oui aux hydroliennes, surtout là où les courants sont puissants et soutenus ! Je ne comprends pas bien ici le § La pointe de l’Iceberg, où il est question de 0.42 ou 1.26 MW qd en batterie: la solution qu’a notamment adopté la startup écossaise Orbital Marine Power existe et le modèle O2 développe 2 MW, en service/tests à l’EMEC depuis qqs temps au large des Orcades, après la version O1. Il y a du REX chez Orbital ! Pourquoi ne pas tester 1 voire plusieurs O2 en batterie à Fundy !? Avec l’approche décrite, 0.42 et 1.26, on a l’impression… Lire plus »