En attendant ITER, les équipes du CEA de Cadarache s’entraînent sur leur « petit » tokamak WEST, et viennent de battre un record du monde de maintien d’un plasma. 

À quelques centaines de mètres du futur plus grand tokamak au monde, sur son site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) est parvenu à maintenir un plasma pendant plus de 22 minutes au sein de sa version miniature WEST. Le précédent record, datant d’il y a quelques semaines, et réalisé par le tokamak chinois EAST, avait duré cinq minutes de moins. Pendant l’expérience, les équipes du CEA sont parvenues à maintenir une température stationnaire de près de 50 millions de degrés Celsius, soit trois fois plus que la température qui règne au cœur du soleil.

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Le monde entier prépare ITER

Ce record est une nouvelle étape franchie vers la mise en service d’ITER, et la maîtrise de la fusion nucléaire. Mais la route reste encore longue. Pour permettre la fusion d’un atome de deutérium et d’un atome tritium en atome d’hélium, ce plasma devra être maintenu pendant plusieurs heures, et atteindre la température presque irréelle de 150 millions de degrés.

Pour relever ce défi, des expérimentations de ce type sont menées dans près de 200 tokamaks à travers le monde afin de préparer la mise en service d’ITER. Situé à Cadarache, ce dernier a pour objectif de démontrer la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire. Il devrait permettre d’atteindre cette température de plasma de 150 millions de degrés, mais également de produire plus d’énergie qu’il n’en faut pour chauffer le plasma.  Cependant, le projet ITER a pris énormément de retard. Initialement prévus pour 2025, les premiers plasmas devraient être produits en 2033, et la première réaction de fusion en 2039.

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La concurrence privée accélère

Si les institutions scientifiques internationales travaillent de concert pour le projet ITER, ce n’est pas le seul projet au monde sur la fusion nucléaire. Sous le soleil de Californie, le laboratoire Lawrence Livemore travaille également sur la fusion nucléaire, mais mise sur un confinement inertiel plutôt qu’un confinement magnétique. Ce confinement est obtenu grâce à 192 lasers braqués sur une capsule de quelques millimètres, contenant du deutérium et du tritium.

De plus en plus d’acteurs privés se retrouvent désormais sur la scène de la fusion nucléaire. Aux États-Unis, on retrouve Helion, qui a déjà construit 6 prototypes fonctionnels de réacteur à fusion nucléaire. Le dernier prototype de l’entreprise est parvenu à créer un plasma de 100 millions de degrés Celsius. Dans l’État de Virginie, l’entreprise américaine Commonwealth Fusion Systems (CFS) a annoncé vouloir construire un réacteur à fusion nucléaire de 400 MW d’ici 2030. Celui-ci pourrait être connecté au réseau électrique, et desservir 150 000 foyers.