L’annonce avait fait grand bruit début 2023 : l’Allemagne allait construire entre 17 et 21 GW de centrales thermiques au gaz. Le champion des énergies renouvelables annonçait-il un renversement de sa stratégie ? Non, car il s’agissait de centrales dites « Hydrogen Ready » qui devaient fonctionner à l’hydrogène ou qui pouvaient être facilement converties à son utilisation. Mais ce projet a du plomb dans l’aile, faute de financement. L’Allemagne va-t-elle devoir abandonner ses plans sur l’hydrogène ?
Revenons sur le début du feuilleton. L’Allemagne vise une production d’électricité 100 % neutre en carbone pour 2035, en se basant sur une large part d’énergie éolienne et photovoltaïque. Ces dernières sont intermittentes, et nécessitent des moyens pilotables de secours. Jusqu’à maintenant, en Allemagne, ce rôle a été dévolu aux centrales thermiques au gaz, lesquelles utilisent donc un combustible fossile. Notre voisin d’Outre-Rhin se trouve ainsi devant un dilemme difficile à résoudre : augmenter la puissance installée des moyens de production intermittents ou réduire de la consommation de combustibles fossiles ?
Début 2023, le gouvernement d’Olaf Scholz a présenté une stratégie pour résoudre ce dilemme. Cette stratégie se fonde sur la constitution d’un parc de centrales thermiques à hydrogène. Cette stratégie ne peut être que progressive, pour deux raisons. La première est l’indisponibilité de sources d’approvisionnement massives en hydrogène vert, c’est-à-dire non produits à partir de sources fossiles. La deuxième raison réside dans les difficultés techniques et financières de conversion du parc existant vers l’utilisation de l’hydrogène, notamment concernant la technologie des brûleurs.
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Pour constituer ce parc, le gouvernement allemand prévoit la construction de centrales dites « Hydrogen Ready », que l’on pourrait tenter de traduire en français par « prêtes pour l’Hydrogène ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Plus explicitement, le projet allemand consiste à construire des centrales thermiques au gaz naturel, mais qui pourront être converties à moindres frais à la consommation d’hydrogène. L’Agence fédérale des réseaux allemande table ainsi sur la construction de nouvelles centrales « Hydrogen Ready » pour une puissance comprise entre 17 et 21 GW (gigawatts) sur la période 2025-2031, qui s’ajouteraient aux 27,5 GW déjà existants.
Un premier obstacle auquel se heurte cette politique est la très faible rentabilité des investissements. En effet, ces nouvelles centrales thermiques seront construites pour assurer une réserve de secours, et ne seront sollicitées qu’en période de faible vent et de faible ensoleillement. Leur taux d’usage devrait ainsi être faible, le coût unitaire de l’électricité sera très élevé et il est peu probables que les centrales soient rentables par leur seule activité. Il est ainsi nécessaire de prévoir des subventions publiques pour financer leur investissement. Or les subventions induisent une distorsion de la concurrence, qui se heurte à son tour à des réglementations, notamment européennes.
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C’est au mois d’août 2023 que le gouvernement allemand triomphe : la Commission Européenne a accepté que soient construites des centrales de secours subventionnées. Les nouvelles constructions comprendront une puissance totale de 8,8 GW de centrales thermiques qui consommeront directement de l’hydrogène, ainsi que 15 GW de centrales au gaz naturel « Hydrogène Ready », destinées à être converties à l’hydrogène d’ici 2035. Les subventions prévues s’élevaient à 7 milliards d’euros.
Début 2024, cette stratégie se heurte à un nouvel obstacle : la grave crise budgétaire dans laquelle est plongé le gouvernement allemand. Ce dernier avait en effet prévu de transférer 60 milliards d’un fond destiné au Covid vers le fond pour le climat et la transformation de l’économie. Or, en toute fin d’année dernière, la Cour de Karlsruhe avait jugé inconstitutionnel ce transfert. Il s’agissait en effet de dettes supplémentaires acceptées dans l’urgence et affectées uniquement à la gestion de la crise sanitaire. Le gouvernement allemand commence donc l’année avec un trou de 60 milliards d’euros, et les subventions destinées aux centrales « Hydrogen Ready » étaient incluses dans ce budget.
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Dans la panade, le gouvernement d’Olaf Scholz est pressé par les industriels de trouver une solution. Ces derniers sont en effet mis à rude épreuve par la hausse brutale des coûts de l’énergie, qui réduit leur compétitivité face à la concurrence internationale. Deux puissantes associations, la Fédération des industries allemandes (BDI) et l’association de l’industrie de l’énergie (BDEW) exhortent le gouvernement d’abandonner ses projets hydrogène. Ces projets sont en effet jugés très coûteux, et d’un impact limité sur la sécurité d’approvisionnement. En effet, il n’existe pas de source d’hydrogène vert suffisamment massive et locale, et le gouvernement prévoit d’importer cet hydrogène.
Dans l’attente d’une stratégie claire, l’Allemagne doit toutefois toujours produire de l’électricité et reste privée de gaz russe du fait des sanctions de l’OTAN. Elle poursuit donc ses importations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL), en provenance notamment des États-Unis, tout en continuant à compter sur ses centrales à charbon. Alimentant d’autant plus les spéculations sur le fait que les centrales « Hydrogen Ready » ne seraient que du greenwashing, un cache-nez pour dissimuler la construction de centrales au gaz naturel.
« l’attente d’une stratégie claire » (fin de l’article) risque fort de durer tant qu’est considérée seulement l’utilisation d’ « hydrogène vert » qui, comme indiqué au début de l’article, n’est pas performant ( voir aussi sur le site internet de la SEPRA81 le dernier exposé participatif sur l’hydrogène ).
Ne serait-il pas plus simple de transformer cet H2 en CH4 ? Le développement de cette bonne vieille réaction de Sabatier ne devrait pas coûter quelques milliards, sans compter la plus grande facilité de stockage.
Ce qui serait plus simple c’est de consommer directement le gaz qui a permis de fabriquer massivement le H2…
L hydrogène est aujourd’hui une fausse solution
on est bien d’accord que l’hydrogène dont on parle est bien issu d’électrolyse de surplus de production éolienne ou solaire, ou blanc, sinon, cela ne servirait à rien. Mon propos était que l’on pourrait se passer du développement de brûleur « hydrogène-ready », que les coût de développement associés de 7 milliards (dixit l’article) à cela serait bien plus profitables pour développer des solutions H2-to-CH4 ou MeOH. Là, le vecteur H2 prendrait du sens malgré un rendement de production par électrolyse médiocre.
Pour cela il faut de l’énergie pour produire l’hydrogène, bref on tourne en rond, a moins d’avoir assez d’hydrogène blanc….
Juste une petite correction : les sanctions ne sont pas décidés par l’OTAN, ni par seulement ses pays membres, mais par une plus large quantité de pays pour sanctionner l’invasion de l’Ukraine par la Russie : avec Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Géorgie… et puis Singapour, Taïwan et plusieurs pays insulaires :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctions_contre_la_Russie#Apr%C3%A8s_l'invasion_de_l'Ukraine_en_2022
L’hydrogène c’est du greenwashing?!?
Il était temps de s’en apercevoir…
Et comme le GNL risque de manquer sous peu en provenance des USA (surtout si le prochain président est Républicain) , le Lignite « Allemand » a une longue vie quasi « garanti » devant lui… En plus des boites comme RWE qui ont annoncé leur sortie du Lignite pourront se voir « prier » de continuer et donc de justifier que cela est « contre » leur volonté… Les Allemands vont vraiment rire « jaune » dans les années à venir faute d’avoir maintenu des convertisseurs à « yellow cake » et ils vont aussi « broyer du noir » régulièrement à presque tous les sens du terme (charbon et regrets de la… Lire plus »
Mauvaise analyse de nouveau comme toujours 😉 les États-Unis ont toujours fait pression pour abandonner Nord Stream bien sûr pour des raisons géopolitiques mais aussi et surtout pour pouvoir écouler leur GNL. Et Trump a toujours été un des plus fervents adapte du « drill baby drill ». Il n’y a absolument aucun risque du moins pour ce qui est de l’approvisionnement en GNL si Trump revient au pouvoir. Donc le problème n’est pas du tout du côté d’un manque d’approvisionnement en gaz. Vu que d’après les prévisions, même avec la baisse du lignite enclenché, la demande en gaz va continuer de… Lire plus »
vendons leur des EPR subventionnes par le gouvernement français….. kkklk
On va surtout leur vendre beaucoup d’électricité à certaines périodes… Et en importer beaucoup à pas cher lorsque leurs ENRi produiront beaucoup (Dommage que nous n’ayons pas plus de STEP et qu’on traine pour mettre les Chauffe-eaux Elec à l’heure d’été… pour vendre encore plus de production nucléaire nocturne outre-rhin…).
ouais , on verra dans 2 ans , qui aura l electricite la moins chere ….