Cette entreprise a-t-elle trouvé la formule magique pour faire des pompes à chaleur l’outil parfait de la transition énergétique ? Peut-être pas, mais en tout cas, on s’en rapproche.
Une petite révolution vient d’agiter l’univers du génie climatique, et devrait avoir un impact considérable sur le futur impact environnemental des pompes à chaleur (PAC). Si ces dernières constituent une clé de la transition énergétique permettant d’optimiser les dépenses énergétiques liées au chauffage, elles ont un point faible : elles nécessitent l’utilisation de fluides frigorigènes, dont certains ont un impact important sur le climat s’ils sont libérés dans l’atmosphère.
Dans ce contexte, le géant de la pompe à chaleur Carrier est parvenu à un petit exploit en commercialisant un nouveau modèle, l’AquaSnap 61AQ. Cette PAC, principalement destinée à des applications commerciales et tertiaires, a troqué le gaz R407C de sa précédente version pour… du propane, aussi appelé R290. Cette solution permet d’en minimiser l’impact environnemental de manière considérable : son pouvoir réchauffant sur le climat est 600 fois moins élevé !
À lire aussi Voici la consommation réelle d’une pompe à chaleur air/eau sur un anLe propane a néanmoins un défaut majeur : il est inflammable. Pour cette raison, il était jusqu’à présent réservé à des petites PAC, d’une puissance comprise entre 2 kW et 10 kW. Ici, la puissance de la AquaSnap 61AQ peut atteindre 140 kW, et même 560 kW quand quatre machines sont branchées en série. Pour y parvenir, Carrier a limité au maximum la quantité de fluide présente dans le circuit, avec seulement 4 kg de propane. En parallèle, tous les composants en contact avec le réfrigérant sont situés dans une enceinte ventilée. Ces dispositions techniques permettant son implantation dans les mêmes conditions qu’une PAC fonctionnant avec du R32.
Le Global warming potential (GWP) : un indice sur le pouvoir réchauffant d’un gaz
Le potentiel de réchauffement d’un gaz est un indice de comparaison d’un gaz, qui permet de quantifier la contribution potentielle d’un gaz au réchauffement climatique, en comparaison au dioxyde de carbone. Ce dernier affiche donc naturellement une valeur de 1.
D’autres gaz sont considérés comme beaucoup plus réchauffants, en voici quelques exemples :
- 1 kg de méthane = 27 kg de CO2 sur 100 ans,
- 1 kg de protoxyde d’azote = 273 kg de CO2 sur 100 ans,
- 1 kg de R32 = 675 kg de CO2 sur 100 ans.
Si vous vous demandez pourquoi le R22 est totalement interdit en Europe depuis 2015, l’une des raisons concerne son GWP, dont la valeur atteint 1 810. En d’autres termes, 1 kg de R22 équivaut à presque 2 tonnes de CO2 !
La chasse aux réfrigérants polluants est lancée
De manière générale, tous les hydrofluorocarbures ont un impact très élevé sur le réchauffement climatique, et donc GWP élevé. De plus, certains fluides utilisés sont des PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées), plus connus sous le nom de polluants éternels, du fait de leur persistance dans l’environnement.
L’un des axes majeurs de progression des pompes à chaleur est donc de pouvoir se passer de ce type de fluide. Pour cela, les fluides naturels sont de plus en plus envisagés, en particulier le propane. Celui-ci a l’avantage d’afficher un GWP de seulement 0,02 (autrefois estimé à 3). Ainsi, le fluide de la PAC AquaSnap 61AQ n’aurait un impact que de 80 g d’équivalent CO2 dans l’atmosphère. En parallèle, d’autres fluides sont de plus en plus utilisés, comme le CO2 ou le NH3.
À lire aussi Test sèche-linge pompe à chaleur : comment il anéantit votre facture d’électricité
GWP = Global Warming Potential, Warming avec un ’m’ et pas un ’n’, parce que warning ça veut dire avertissement en anglais alors que warming ça veut dire réchauffement…