Les ports accueilleront-ils un jour des cargaisons d’électricité renouvelable ? C’est probable, à en croire les ambitions de Farwind. Cette start-up française a conçu un navire hydrolien capable de générer et transporter de l’électricité verte à destination des zones non-interconnectées.
Imaginez un avenir plus ou moins lointain dans lequel les soutes des tankers ne seraient pas remplies de pétrole, mais de gigawattheures d’électricité renouvelable. Des vaisseaux qui débarqueraient leur cargaison sur des îles et territoires isolés ayant abandonné leurs centrales thermiques.
Cette vision pourrait bien devenir réalité, à travers le projet de navire hydrolien conçu par Farwind. Cette jeune entreprise a éclos à l’été 2020 au sein de l’école centrale de Nantes.
Elle a imaginé un bateau capable de produire et transporter de l’électricité verte à partir d’un système plutôt original. L’embarcation se déplace au moyen de 4 rotors Flettner : des cylindres à rotation verticale qui exploitent « l’effet Magnus » du vent. Ce mouvement est tout simplement converti en électricité par des hydrogénérateurs (turbines actionnées par l’écoulement de l’eau à bord d’un bateau) situés sous la coque. Les rotors Flettner générant une force motrice perpendiculaire au sens du vent, le navire en profite lorsqu’il souffle de travers. Leur fonctionnement nécessite toutefois d’engloutir 10 à 20 % de l’énergie produite par les hydrogénérateurs.
Batterie, hydrogène ou méthanol ?
Pour stocker les 80 à 90 % d’électricité restante, Farwind planche sur trois options. La première consiste à l’injecter dans des batteries, les deux suivantes à la transformer en hydrogène ou en méthanol via des électrolyseurs. Le navire long de 80 m pour 20 à 25 m de large devrait disposer de suffisamment d’espace pour accueillir tous ces équipements. L’énergie serait ensuite livrée aux territoires isolés en y débarquant les batteries ou carburants.
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Chaque bateau développera 4 × 2 à 2,5 MW pour une production annuelle estimée à 10 GWh. L’embarcation pouvant se déplacer vers les secteurs aux vents les plus favorables, son facteur de charge atteindrait 60 à 70 %. C’est bien plus que les parcs éoliens offshore, qui revendiquent entre 29 % et 48 % en Europe. Farwind teste actuellement une réplique de son concept à l’échelle 1/14. Il s’agit d’un simple catamaran flanqué d’un rotor de 3 m de haut pour 40 cm de diamètre.
La société a levé 1 million d’euros en prêts publics et privés ainsi qu’en fonds propres. Elle espère lancer son premier navire en 2024 et vise un prix « catalogue » d’environ 10 millions d’euros par vaisseau d’ici 2030. Farwind pourrait alors concurrencer les très problématiques centrales thermiques flottantes utilisées par de nombreux pays victimes d’instabilité énergétique.
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Je reste songeur. Moi qui pensait que « ces territoires isolés » pourraient enfin bénéficier d’installations éoliennes et solaires (car soit disant non- intermittentes), on compterait sur des vaisseaux mus par le vent pour leur apporter des cargaisons énergétiques… Le ridicule ne tue pas. Finalement je comprend Bill Gates, jamais avare d’un bon coup, lorsqu’il déclare que ses investissements dans les vingt prochaines années se feront dans les centrales nucléaires.
Cela ressemble à une usine à gaz « far fetched »… Il n’y aurait pas une solution plus efficace et moins coûteuse, l’éolienne flottante?
J’ai l’impression qu’une grande partie de l’énergie éolienne est perdue pour faire avancer le bateau et qu’il ne restera pas grand-chose pour produire de l’électricité.