Des éoliennes au Portel-Plage dans les Hauts-de-France. / Photo : Piande - Flickr CC
En pleine course pour sa réélection, Xavier Bertrand fait de son opposition à l’éolien un thème de campagne. Le président de la région Hauts-de-France annonce créer une fédération d’associations anti-éoliennes, qui sera financée par de l’argent public.
Xavier Bertrand ne connaît plus la nuance lorsqu’il évoque les éoliennes. Elles sont « un scandale français » selon le président de la région Hauts-de-France et candidat à sa réélection. Une hostilité de longue date devenue thème de campagne dans un contexte de forte poussée du mouvement anti-éolien. Très remonté, l’élu annonce créer une fédération des associations opposées à cette énergie.
Financer des études qui existent déjà
La structure, qui « bénéficiera de financements de la région », aura pour objectif de soutenir ces associations afin « qu’elles engagent des actions en justice […] pour retarder et empêcher les projets » assure Xavier Bertrand. Au risque d’être déçu, l’élu souhaite aussi « financer des études sur la santé pour bien montrer les conséquences de ces éoliennes ».
Une étude publiée en 2020 par le Centre de recherche technique de Finlande (VTT) a en effet déjà prouvé l’innocuité des infrasons émis par les turbines. Constat partagé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), qui affirme ne pas avoir mis en évidence « d’argument scientifique suffisant en faveur de l’existence d’effets sanitaires liés aux expositions au bruit des éoliennes ».
L’#éolien est un scandale français. Les éoliennes défigurent le paysage et pourrissent la vie des riverains. Depuis des années, je fais des propositions au gouvernement pour mettre fin à ce scandale. La Région financera les actions d’une fédération d’associations anti-éolien. pic.twitter.com/RIwVbcHRyz
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) March 14, 2021
Un argumentaire peu étayé et très démagogique
Le président de région matraque sa rancœur à chacun de ses meetings et interviews, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Son argumentaire est en effet assez pauvre, rarement étayé et particulièrement démagogique. « On va avoir des voitures électriques, on va développer tout ça mais avec moins de nucléaire et avec les éoliennes qui ne tournent pas tout le temps ? » s’interroge l’élu, qui souhaite remplacer par des EPR les réacteurs vieillissants de la centrale de Gravelines.
« Ça ça défigure le paysage, ça ça pourrit la vie des riverains, ça ça coûte un fric fou » s’emporte-t-il sur un plateau de télévision. La région des Hauts-de-France, qui est la mieux pourvue en éoliennes dans l’hexagone (4,9 GW installés), bénéficie pourtant de retombées économiques aussi directes qu’indirectes.
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Outre la création d’emplois, l’installation de parcs éoliens implique le versement de taxes et cotisations aux collectivités locales. Les communes et intercommunalités perçoivent par exemple la CFE (cotisation foncière des entreprises), une partie de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et de l’IFER (Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux. Les départements et régions se partagent quant à elles un certain pourcentage de la CVAE et de l’IFER. La location des terres où sont implantées les éoliennes génère également des revenus aux propriétaires et exploitants locaux, généralement agriculteurs.
« Vous savez tous ceux qui sont pour l’éolienne (sic), […] j’en connais pas un qui a sa maison de campagne au pied d’une éolienne » répète Xavier Bertrand, sans préciser que la loi impose une distance minimale de 500 m entre une turbine et une habitation. Ses critiques bancales polluent le débat sur l’éolien, auquel les « pro », les « anti » aussi bien que les riverains concernés peuvent pourtant contribuer avec des arguments pertinents et sourcés.
Rappelons également que selon un sondage réalisé en novembre 2020 par l’institut Harris Interactive, 76% des français ont une perception positive des parcs éoliens
Pour apaiser les esprits, voici quelques heures de méditation au pied d’un parc éolien.
Commentaires
Bertrand Président! :-))
La majorité des Français est favorable à l’éolien tandis que les politiciens se montrent dans l’ensemble méfiants envers cette filière pour faire plaisir aux intégristes anti-éoliens très largement médiatisés. Exemple de décalage entre citoyens et politiques. Comment s’étonner dès lors de tant d’abstentions aux élections ?!
En 9 heures de vidéo relaxante, les nuages n'ont pas vraiment bougé, les ombres des éoliennes n'ont pas pivoté, bref, le temps s'est arrêté!
Elle est sans doute à l'image des discours politiques: replay, replay, replay,replay...
Sisi, les nuages bougent bien. cliquez en début et fin de vidéo. Pour les ombres, elles en sont pas visibles, c'est tout
En 2020, plus de 500 milliards de dollars ont été investis dans les technologies de la transition énergétique dans le monde. L'Europe a capté une part significative de ces investissements, à la faveur de projets géants dans l'éolien en mer au Royaume-Uni et aux Pays-Bas
C est un fait. le reste est du blabla. Personne ne veut plus investir dans le nucleaire car trop cher, trop lent a construir (12 a 15 ans), obsolete mais hightech en1970
et pleins de dechets radioactifs dont on ne sait comment s en debarasser !!!
Tout comme une éolienne il va dans le sens du vent, s'accaparant les votes du plus grand nombre.
C'est là le vrai "scandale français", cette classe politique qui ne voit qu'à court terme et uniquement son nombril.
L'avenir de l'éolien français est offshore en Bretagne et dans le Golfe du Lion, pour réduire le problème de la variabilité à l'échelle du pays, à l'instar de l'Espagne.
Sinon, c'est ingérable en pratique. (La réponse à la variabilité de l'éolien français se fait pour l'instant principalement par les exportations, pour réduire la consommation des centrales thermiques allemandes, anglaises, belges, et espagnoles).
Les énergies de compensation décarbonées sont en quantité limitées: hydraulique de barrage, biomasse/biogaz, + les moyens d'interconnexion et de stockage journalier, et de variabilité des prix pour une certaine adaptation de la demande.
Le stockage à LT par hydrogène est à mon avis de l'utopie. Cela fonctionne techniquement, mais commercialement, c'est pas abordable.
Le stockage hydrogène est étroitement lié aux variations importante de la production éolienne, la seule source d'électricité rendant intéressant le stockage hydrogène. Car l'excédant éolien est soit une énergie perdue, soit une énergie gratuite, et le faible rendement P->G->P impose de disposer d'une énergie d'origine pratiquement gratuite.
A supposer, avec une bonne répartition du parc, que la disponibilité moyenne à l'échelle de la France soit de 50% la puissance du parc et que vous voulez couvrir le reste avec de l'hydrogène, il faudrait rajouter 3 fois le parc "de base", étant donné le rendement de 30% du PGP. En pratique, en considérant tous les autres moyens de compensation (interconnexions, batteries, pompage, hydraulique de barrage, biogaz, biomasse), pour produire seulement 1/3 du back-up de 50% nécessaire, il faudrait rajouter une fois le parc de base, c'est-à-dire, le multiplier par 2. C'est possible techniquement, mais politiquement...
Si la moitié de la production du parc français doit être cédée "gratuitement" à l'exploitant d'un système PGP, qui fournirait 1/3 du back-up, cela veut dire que le prix de base de l'éolien doit être multiplié par 2 pour conserver le même équilibre financier.
Il existe un monde entre éolien+hydrogène et le reste, pourquoi ne jouer qu'avec la moitié du sac de billes ? De plus, une des tares du nucléaire est de produire toujours la même chose en permanence alors que le besoin a une importante variabilité quotidienne et que le plus haut du besoin est en phase diurne du cycle quotidien..... n'oubliez pas le solaire, il a été inventé pour ça justement, et puis ce n'est pas parce que le nucléaire avait un impérieux besoin de l'hydraulique que nous devrons le bouder.
Quand on fait des calculs il faut les faire en dosant TOUS les acteurs à la hauteur de leur spécificité. Notamment vous manquez de données enregistrées sur la différence entre un vent moyen, voir faible, et un fort vent, le seul qui doit remplir les cuve d'hydrogène, et l'écart est considérable de plus d'un ordre de grandeur.
Il y a une certaine complémentarité avec le solaire en effet car en général, plus il y a de vent, moins il y a de soleil. Et des panneaux solaires verticaux peuvent produire davantage en hiver. Par contre, le solaire a aussi besoin d'un back-up. Par temps couvert, les panneaux produisent la moitié que par temps ensoleillé, et il arrive qu'il y ait à la fois peu de vent et peu de soleil.
L'Allemagne, qui a un seul régime de vent, sur le tiers Nord de son territoire, et une production solaire très faible en hiver a les plus mauvaises conditions pour les ENR !
Regardez, la semaine dernière en Allemagne: peu de vent et peu de soleil. Elle a dû importer beaucoup, de France notamment et faire tourner à fond ses centrales thermiques (presque 30 GW de charbon et de gaz pendant 4 jours...).
Il y a aussi des variations de l'éolien d'un hiver sur l'autre. Au cours du premier trimestre 2021, la production éolienne a été de 1/3 de moins en Allemagne, qu'au T1 2020. La différence serait sans doute largement moindre en France avec ses 3 régimes de vent.
Il y a une certaine saisonnalité favorable de l'éolien dans la mesure où la production est plus forte en hiver qu'en été, sachant que c'est en hiver que la demande est aussi la plus forte. Les longues périodes anticyclonique hivernales me semblent nettement plus rares qu'auparavant, avec le climat qui est de plus en plus chaotique, ce qui semble favorable à l'éolien.
Si il n'y a que des périodes de 4 jours 3 fois par an à faible rendement des variables, ce n'est même pas un sujet, car les renouvelables pilotables comme l'hydraulique qui fournit 13% du mixe aujourd'hui réservé à ces cas de figures dans l'avenir effaceront ces exceptions sans problème.... appuyer par le biogaz en développement.
L'hydraulique de barrage, le seul pilotable, fournit 6% du mix aujourd'hui.
Le reste, à peu près autant, c'est non pilotable, au fil de l'eau.
Je faisais une simple parenthèse sur l'Allemagne. Il y a, dans ce pays, bien plus de "4 jours 3 fois par an à faible rendement des variables".
Les conditions de la France, de l'Espagne, ou du Royaume-Uni y sont bien meilleures pour les ENR. En regardant la production éolienne hivernale de l'Espagne et du Royaume-Uni, cela donne une idée de ce que pourrait probablement être la production française avec un parc géographiquement équilibré.
Mais, je ne crois pas dans l'hydrogène comme énergie de compensation significative, d'ailleurs, les Allemands non plus dans leur scénario "100% ENR".
L'hydraulique c'est 13% du mixe, il m'étonnerait beaucoup que ce que fournissent les barrages n'en soit même pas la moitié. D'où tenez vous cette proportion en les barrages et le fil de l'eau dont je pense qu'il ne pèse pas grand chose à côté.... mais je peu me tromper puisque ce n'est qu'un intuition pifométrique.
Vous avez raison, je viens de trouver un site officiel :
Hydroélectricité | Ministère de la Transition écologique (ecologie.gouv.fr)
sur lequel je vois que les barrages c'est même un peu moins que la moitié, j'ignorais cette proportionnalité.
Enfin quelqu'un qui m'apprend quelque chose d'utile et vrai sur ce forum ! Merci !
Le dénivelé est beaucoup plus faible au fil de l'eau par rapport aux barrages, mais le débit est beaucoup plus élevé parce que la surface des eaux collectées est beaucoup plus grande. Le facteur de charge est également beaucoup plus élevé au fil de l'eau (57%) que pour les barrages (27%).
https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/lhydraulique
merci de cet article très documenté.
Il y a aussi un moyen très simple de réduction de la variabilité de l'éolien: l'écrêtage de 10 à 20% de la production (comme cela a été modélisé en Allemagne dans un scénario 100% ENR). Même si cela majore d'autant le coût de cette énergie, cela réduit le besoin de back-up "ultime" coûteux, qui ne fonctionnerait que quelques jours par an.
Il y aussi la possibilité de chargement des batteries de voiture lors des périodes ventées, ce qui suppose un tarif variable de l'électricité.
Mais ce n'est pas le souci qu'évoque Xavier.
L'avenir des européens il s'en bat l’œil.
Avec ce genre de politicien on n'arrivera à rien, on ne pourra même pas avancer sur les défis techniques
De toutes manières, développer encore l'éolien terrestre dans les Hauts de France (et le Grand Est) n'aurait pas beaucoup de sens tant qu'il n'y a pas de développement massif offshore en Bretagne et en Occitanie car le foisonnement est indispensable pour réduire la variabilité de l'éolien au niveau national, afin qu'un back-up soutenable puisse lui être adossé, principalement à base de biogaz.
Là, en grande partie d'accord avec vous sauf que je ne limite pas la contrepartie du N/N-E à l'off-shore en Bretagne et Occitanie. J'enregistre depuis le début de l'année la carte des vents https://www.meteorama.fr/vent/
et je constate en repassant en diaporama qu'il n'y a pas eu un seul jour sans vent utile (flèches vertes ou rouge) sur au moins deux côtes françaises, c'est donc bien plus que la Bretagne et ma région qu'il faut équiper offshore, c'est pratiquement un rideau d'éoliennes de Dunkerque à Biarritz et de Cerbere à Menton qu'il faut installer.
Par ailleurs, les autres régions intérieures de France doivent être également équipées comme le Grand Est, sans aller jusqu'au niveau des hauts de France. Comment justifier que les Hauts de France ont pu produire 9TWh en 2020 et Provence Cote d'azure seulement 100GWh ?
PACA est une région très riche, très peuplée et très touristique...
Les Hauts de France et le Grand Est sont des régions moins riches et moins touristiques, donc plus et donc plus à même à accepter l'implantation d'éoliennes...
Ce n'est qu'un constat.
On peut traduire ça d'une autre façon :
PACA est peuplé de gens égoïstes et vaniteux pour qui consommer est une vertu tandis que produire n'est qu'un défaut qui caractérise les besogneux.
Hauts de France et Grand Est sont peuplés de gens qui comprennent que pour consommer il faut produire.
Ce n'est pas là la portée de l’article, ce qu'elle est c'est la description d'un politique qui ne veut même pas laisser sa place à l'éolien, qu'il soit terrestre ou maritime.
Et pour contrer ce déploiement les impôts des citoyens vont être utilisés, ces mêmes impôts qui doivent servir à les protéger.
Il va dans le sens de ses électeurs (et de ses électeurs potentiels).
Que vous le vouliez ou non, l'éolien terrestre rencontre de plus en plus de problèmes d'acceptabilité, sans doute au fur et à mesure que les sites les moins gênants ont déjà été équipés. Idem en Allemagne...
C'est le NIMBY...
Ce n'est pas les sites les moins gênants qui ont étés équipés.... ce sont les sites où les populations ont envoyé paitre l'envoyé de la SFEN venu leur expliquer que l'éolien allait gâcher leur vie et dévaloriser leurs biens. Avec 5000 éoliennes sur les 8000 du pays dans deux petites régions de France qui ne représentent à elles deux que 16% de la surface du territoire vous croyez que c'était les 16% les moins gênants ?
Je suis un fervent supporter du renouvelable, et donc des éoliennes, mais je clame aussi que les hauts de France et le Grand Est ont déjà payé leur part dans la transition énergétique en matière d'éolienne et qu'il est souhaitable de faire une pose dans ces deux régions et équiper correctement les autres à la même hauteur, car c'est à cette condition que le foisonnement à une signification. Une éolienne de Lille en panne de vent ne sera jamais remplacée par une éolienne de Roubaix, mais certainement par une éolienne de Nice, de Toulouse, ou de Biarritz ! On doit pouvoir compter sur les doigts d'une main le nombre d'éoliennes de la région Provence cote d'azure pourtant très bien ventée, il y a en France non pas un problème de saturation mais un problème d'équilibre.
Aujourd'hui en production par les éoliennes, ce que je lis à travers les courbes de RTE c'est seulement s'il y a du vent ou pas dans le Nord/Nord-Est. Et dire que certains se font une idée sur ce que peut apporter l'éolien sur cette information ...."désinformante", consternant !
Vous avez raison Marc, il ne faut pas abuser à installer des éoliennes dans les moindres recoins et les mettre les plus hautes possibles juste pour faire du business. Il faut mieux travailler sur la concertation et accepter l'avis des élus et des riverains, nombre, dimensions tailles , etc .... il nous faut des parcs exemplaires pour ÊTRE exemplaire.
Après M. BERTRAND ne fait qu'appliquer la doctrine de son parti. tout sur le nucléaire, plus rien sur les EnR, ils doivent avoir plus de copains d'études dans l'atome que dans les EnR. Va demander aux habitants 'ils veulent un EPR à côté de chez eux, sans parler du coût économique et environnemental de tels projets.
Quant a financer les assos anti éoliennes, vu les membres de ces assos, autant financer le RN. Et contrairement a ce que martèlent les anti éoliens, leur avis n'est pas l'avis de la population entière. Il a énormément des riverains qui vivent très bien aux alentours des parcs éoliens, c'est juste qu'ils ne s'expriment pas.
Tout ça c'est juste du gros lobbying corporatiste à répéter sans vérifier. lisez le figaro et le point, vous verrez que tous les jours il y a une personnalité tell que . BERN qui s'exprime contre l'éolien. ils ont dû monter une stratègie de comm'.