Si le chauffage au bois n’est pas responsable de l’émission de gaz à effets de serre, il est parfois accusé d’émettre des particules fines néfastes pour la santé. Mais c’est l’utilisation d’appareils vétustes ou non adaptés ainsi que les mauvais usages qui en sont les causes principales. En France, le ministère de la Transition écologique a lancé un plan d’action visant le remplacement de 600.000 foyers anciens d’ici 2025 et la réduction de 50% des émissions de particules d’ici 2030.
Selon une étude menée en 2016 par l’ADEME, le bois est la première source d’énergie renouvelable en France. Lorsqu’il est utilisé pour le chauffage des bâtiments, il est issu des forêts, mais surtout des espaces verts et des municipalités, de l’élagage des bords de route et des jardins, de la taille des haies ou du recyclage de déchets.
Le bois est en effet une énergie renouvelable, pour autant qu’il y ait une bonne gestion des forêts. Son utilisation comme moyen de chauffage ou de cuisson n’est pas responsable des changements climatiques. Car le CO2 émis lors de la combustion est capté par la repousse des arbres.
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Malheureusement, le chauffage domestique au bois est aussi la principale source d’émissions de particules fines dans l’atmosphère. En France, il serait à l’origine de 43% des émissions de particules inférieures à 2,5 microns (PM2,5), selon le ministère de la Transition écologique. Polluantes, particulièrement nocives, elles sont responsables chaque année de 40.000 décès prématurés dans l’Hexagone, révèlent les statistiques de la Santé Publique.
Mais c’est l’utilisation d’appareils vétustes ou non adaptés ainsi que les mauvais usages (comme l’utilisation de bois trop humide ou un fonctionnement continu à bas régime avec trop peu d’arrivée d’air), qui en sont les causes principales. Cette pollution concerne majoritairement l’usage d’appareils individuels de chauffage au bois-bûche (poêles à bûches et feux ouverts). À l’inverse, les chaudières à bois ou les poêles à pellets sont des équipements automatisés, dont les paramètres d’une combustion de qualité sont gérés automatiquement, ce qui réduit fortement les émissions polluantes.
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En France, les feux ouverts et les équipements anciens au bois-bûche datant d’avant 2005 ne représentent que 48 % du parc d’appareils individuels de chauffage au bois, mais ils sont responsables de 60 à 80 % des émissions de particules fines de ce parc.
Des études européennes montrent même clairement que si l’on remplaçait tous les vieux appareils de chauffage au bois de l’Union par des installations performantes et modernes, les émissions de particules fines diminueraient de près de 90 %.
Plan d’action
Pour toutes ces raisons, le gouvernement français veut, en 10 ans, réduire de moitié les émissions dues au chauffage au bois et le ministère de la Transition écologique a élaboré un plan d’action.
Il n’est évidemment pas question d’interdire le chauffage au bois. L’ambition est plutôt de remplacer les vieux appareils par des chaudières ou des poêles performants et de placer des inserts dans les foyers ouverts. Le remplacement de 600.000 foyers d’ici 2025 permettrait, selon le plan d’action, une baisse de 12% des émissions.
Des mesures visent aussi à améliorer la performance des appareils et à promouvoir l’utilisation de combustibles de meilleure qualité, comme du bois plus sec.
Le grand public sera sensibilisé au ramonage annuel obligatoire. Un renforcement des dispositifs d’aide financière et d’information est inclus dans la liste des mesures prévues.
Des mesures plus drastiques dans certaines zones
Les zones particulièrement polluées sont couvertes par un plan de protection de l’atmosphère (PPA). Des actions pourront y être prises pour encadrer ou restreindre le chauffage au bois. A titre d’exemple, un arrêté pris en 2019 prévoit l’interdiction de « toute utilisation de chauffage au bois à foyer ouvert, y compris en appoint ou en agrément » dans la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, et cela à partir de 2022.
L’ensemble des mesures doit « permettre d’atteindre une baisse de 50% des émissions de particules fines d’ici 2030 », précise le plan.
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Equipé de filtres et soumis à une règlementation plus stricte, le chauffage collectif et industriel, au bois déchiqueté ou au granulé, est peu émetteur de particules fines. A Grenoble, par exemple, le chauffage urbain représente moins de 1% des émissions de particules du secteur résidentiel alors qu’il chauffe 20% des logements.
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500 scientifiques, y compris un ex-président du GIEC, ont appelé en février 2021 la Commission européenne à cesser de considérer la combustion de la biomasse comme neutre sur le plan du bilan carbone.
Le chauffage au bois, la meilleure ou la pire des choses?
Depuis que le feu a été maîtrisé les humains situés en zone tempérée ou froide (mais pas polaire) se sont chauffés au bois.
Il n’est pas question certes de l’interdire, par contre vouloir développer ce mode de chauffage ailleurs que dans les zones d’usage traditionnel (rurales en général) conduit à brûler non seulement des déchets mais aussi des arbres entiers cultivés à cet effet. Un agrocarburant en somme. Inefficace et mauvais pour la biodiversité.