La Slovénie va-t-elle faire confiance à la France ou aux États-Unis pour agrandir sa seule centrale nucléaire ? Si le début de la construction n’est pas envisagé avant 2032, le match a déjà commencé entre Westinghouse et EDF.

Pour poursuivre ses objectifs de décarbonation, la Slovénie étudie depuis 2019 la possibilité d’étendre la capacité de sa centrale nucléaire de Krško. Pour cela, elle a lancé JEK2, un projet d’extension qui porte sur la création d’un ou deux réacteurs d’une puissance comprise entre 1000 MW et 2400 MW. À l’heure actuelle, la centrale, située à la frontière orientale du pays, produit environ 20 % de l’électricité slovène et 15 % de l’électricité croate grâce à son réacteur de 730 MW. Pour mener à bien ce projet, le pays a misé sur des acteurs occidentaux du nucléaire, à savoir Westinghouse, EDF et KHNP.

Un référendum annulé au dernier moment

Si le projet gagne en ampleur, en novembre dernier, le référendum qui avait été prévu sur le projet JEK2, a finalement été annulé par les députés slovènes. Selon certaines sources, cette annulation aurait eu lieu du fait de la baisse de soutien de la part du peuple envers le projet, tout de même estimé à 59 %.

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AP1000 vs EPR : la bataille des réacteurs

On s’attendait à un match à 3, mais le coréen KHNP s’est finalement retiré, trop occupé par ses contrats récemment remportés en République tchèque et en Roumanie. La décision devrait donc se faire entre la France et les USA. Tel un remake des récents JO, les deux équipes sont, pour le moment, au coude à coude, et réalisent une étude de faisabilité portant sur les exigences techniques et législatives relatives au projet, ainsi que les aspects de sécurité à prendre en compte. Cette étude doit également porter sur la mise en œuvre de la construction ainsi de l’exploitation du projet. Les deux études de faisabilité ont été évaluées à 8,3 millions d’euros.

Pour espérer remporter le projet, l’entreprise américaine Westinghouse propose la mise en œuvre de réacteurs AP1000, d’une puissance de 1150 MWe. L’américain a mis en avant le fait que 6 unités de ce type sont déjà en service dans le monde : 2 aux États-Unis, et 4 en Chine. De plus, le fait que la centrale de Krško soit actuellement équipée d’un réacteur Westinghouse pourrait jouer en faveur de l’Américain.

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Un EPR version mini

De son côté, EDF propose la construction d’un EPR de 1650 MW, ou d’un EPR1200, d’une puissance de 1200 MW. Ce dernier avait été développé pour répondre aux attentes du projet Dukovany 5 en République tchèque (finalement remporté par KHNP). Dérivé de l’EPR2, l’EPR1200, dispose d’une puissance maximale de 1200 MWe en raison d’une turbine différente et d’un circuit primaire ne disposant que de 3 boucles au lieu de 4. Il pourrait être mis en œuvre au Kazakhstan, pour la première centrale nucléaire du pays.

Le coût de la construction est estimé entre 9 milliards et 15 milliards d’euros en fonction du type de réacteur choisi. La décision finale d’investissement est attendue d’ici 2028 pour un début de construction en 2032.