Exceptionnellement, des voitures électriques sont observées en train de se recharger au moyen d’un groupe électrogène essence, ou sur une borne elle-même alimentée par un puissant générateur diesel. Si l’image, on ne peut plus paradoxale, interpelle et se retrouve parfois instrumentalisée par de farouches opposants à la transition énergétique, le concept n’est pas si choquant dans les faits. Il s’agit souvent de solutions utilisées de façon très ponctuelle, en secours ou lors d’évènements temporaires.
Sur la photo qu’un conducteur de voiture électrique indigné nous a fait parvenir, on distingue un véhicule branché sur une borne de recharge de forte puissance. Le cliché est pris depuis un hôtel de Deauville, où se déroulait fin novembre un salon dédié aux gestionnaires de flottes automobiles. Rien de bien original jusque-là. Sauf que… la borne semble alimentée par un volumineux groupe électrogène au diesel de 350 kVA, maladroitement dissimulé derrière des grillages bâchés. Selon la fiche technique communiquée par le loueur, dont le nom est visible sur la photo, la machine consommerait jusqu’à 85 litres de carburant par heure de fonctionnement à pleine charge. Un engin pas vraiment compatible avec la philosophie du véhicule électrique et de la transition énergétique, à priori.
Le groupe électrogène, dissimulé derrière des bâches / Images envoyées par un lecteur de Révolution Énergétique.
Pourtant, il n’y a pas grand-chose de fondamentalement révoltant dans cette image. Car il s’agit d’une borne de recharge rapide installée pour quelques jours seulement, le temps d’un évènement. Les organisateurs n’avaient probablement pas d’alternative bas-carbone pour proposer une solution de recharge de forte puissance aux clients ou visiteurs du salon. Dans la rue, rares, pour ne pas dire inexistants, sont les raccordements publics capables de délivrer des puissances de l’ordre de la centaine de kilowatts. De même, essayez de trouver un loueur de batteries mobiles capables de délivrer plus de 100 kW durant deux jours. C’est impossible. Ce genre de matériel existe bel et bien, mais il est peu répandu et exclusivement utilisé par le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis.
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À l’inverse, se procurer un groupe électrogène industriel de forte puissance est d’une facilité enfantine. Ces machines sont disponibles à n’importe quel endroit de l’hexagone et louables à petit prix : 1 109 € TTC/jour, par exemple, pour le modèle que nous avons identifié sur la photo. Voilà pourquoi elles sont exceptionnellement utilisées pour recharge des voitures électriques lors d’un évènement, sans alternatives. L’absence de filière de location de méga batteries mobiles, adaptées aux chantiers et au grand événementiel, est peut-être le seul motif d’indignation. S’il devient de moins en moins compliqué de se procurer de petites batteries mobiles adaptées, entre autres, aux tournages de cinéma et petits festivals, les solutions sont quasiment inexistantes lorsqu’il s’agit de dépasser quelques dizaines de kilowatts.
Quoi qu’il en soit, la parenthèse très carbonée de cette borne de recharge temporaire n’est en rien un reflet de la mobilité électrique ni de la transition énergétique. Au quotidien, la totalité des voitures électriques qui circulent en France se branchent sur le réseau national pour se recharger. Elles consomment une énergie locale et ultra-bas-carbone, puisque provenant majoritairement de nos centrales nucléaires, barrages, éoliennes et panneaux solaires. Voilà la réalité.
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« De même, essayez de trouver un loueur de batteries mobiles capables de délivrer plus de 100 kW durant deux jours. C’est impossible. »
C’est possible :
https://www.automobile-propre.com/dans-les-coulisses-de-la-station-de-recharge-mobile-du-tour-de-france/
Extrait de votre article : « » Pendant le tour, nous avons délivré 3 MWh à partir de notre station mobile », indique-t-il. « » Donc in fine ce n’est pas du 100kW durant 2 jours qui ont été réalisé…Mais la solution mobile est et reste très intéressante. Le problème restera entier pour les stations d’autoroute lors de chassés-croisés où les besoins vont s’accroitre de manière exponentielle et sont colossaux quelques jours par an (avec en plus les voitures des pays voisins qui traversent le pays…). Avis Perso, la solution des groupes électrogènes sera une nécessité quelques jours par an dans quelques lieux. Entre… Lire plus »
Bonjour APO, Je trouve très pertinente votre comparaison avec des solutions hybride-rechargeables. En effet, un groupe électrogène pour recharger quelques fois par an une voiture électrique, c’est un peu comme avoir un véhicule hybride. De mon côté, je me suis demandé si le bilan énergétique de la transformation DIESEL => ELEC => Moteur électrique était si catastrophique. En partant des chiffres annoncé par Hugo LARA dans l’article, je fais le calcul très grossier suivant : 85 litres de diesel permettent de produire 350 kWh. soit 4,37 litres pour produire 18 kWh, ce qui est une consommation moyenne d’une voiture électrique… Lire plus »
Votre calcul est faux car il ne prend pas en compte le rendement du chargeur, ni de la voiture électrique.
Une voiture électrique qui se recharge à partir d’un générateur diesel consommera forcément plus qu’une thermique diesel car dans le 1er cas on multiplie les chaînes de conversion .
Alors que la thermique convertie directement le mazout en énergie mécanique.
Merci pour votre réponse, Samy. Mais pas tout à fait d’accord : 1° Effectivement je ne prend pas en compte le rendement du chargeur, mais les systèmes de grosses batteries restituent habituellement plus de 90% de l’énergie emmagasinée, donc ça ne change pas l’ordre de grandeur de mon calcul. 2° J’ai bien pris en compte le rendement de la voiture électrique: 18kWh/100 km est la consommation réelle (pertes comprises) d’une voiture électrique très moyenne. Je suis d’accord qu’on multiplie les chaînes de conversion (un peu comme dans une hybride non rechargeable : on génère de l’électricité à partir du carburant,… Lire plus »
Non, vous n’avez rien compris. Dans une thermique, la chaleur est directement convertie en énergie mécanique servant à faire avancer la voiture. Pour une électrique rechargée par un générateur diesel, la chaleur du carburant produit de l’énergie mécanique, qui produit du courant alternatif triphasé. Ce courant alternatif triphasé est convertie en continu monophasé par le chargeur pour pouvoir être accepté par la batterie de la voiture. La batterie convertie le courant continu sous forme d’énergie chimique à la charge pour le stocker. puis reconvertie cette énergie chimique en courant continue à la décharge. Ce courant continue passe ensuite dans un… Lire plus »
Merci pour votre explication. Je suis bien conscient de cette longue chaîne de conversion d’énergie (même si j’ignorais que ça passait par du triphasé). C’est pourquoi quand j’ai vu la photo je me suis dit « quel scandale : l’ensemble de cette solution doit être un gouffre énergétique ! » et c’est pourquoi j’ai voulu faire le calcul. Si vous faites le calcul, à quel résultat arrivez-vous, vous ? Je rappelle les hypothèses : Le générateur consomme 85 litres de diesel à l’heure, et dans le même temps il génère 350 kWh. Supposons que la batterie de la borne de recharge s’il… Lire plus »
@Jo le Givro, Si en plus on rajoute que des utilisateurs très ponctuels de ces groupes (qui peuvent être par ailleurs alimentés avec du biodiesel à 100%, voir du Gaz dans certaines configurations…) auront bien moins émis le restant de l’année qu’en véhicule thermique dans du traffic urbain notamment mais que pour certains ils n’auront des VE qu’avec peu d’autonomie (les propriétaires de VE « bon marché » !) mais le « droit » de se déplacer aussi dans des conditions pas trop délétères après avoir « permis » d’assainir des environnements urbains… Que ces groupes seront principalement à la « campagne » dans des stations service ou… Lire plus »
Non, ce n’est pas scandaleux sachant qu’a l’échelle mondiale 2/3 de l’électricité sort de centrale à charbon où à gaz.
Il faut juste mettre fin à l’hypocrisie qui consiste à présenter la voiture électrique comme écologique juste parce qu’elle n’émet pas de CO2 en elle même.
@Samy Batino, Pour de multiples facteurs, la voiture électrique (si elle n’est pas trop grosse en moyenne et pas majoritairement faite avec des pièces chinoises) peut être réellement une bonne chose en France. Pour Rappel, environ 2/3 des déplacements en voiture en France sont de courtes distances et récurrent (Travail, courses, loisirs courants, …) et environ 1 autre 1/3 sont plutôt des longs trajets (principalement pour les vacances et les grands WE) avec le problème du coté « exceptionnel » (départ en vacances et des grands WE !). Donc in fine 2/3 des déplacements seront couverts par la production « récurrente » et avec… Lire plus »
Paradoxalement, on constate qu’en moyenne, un VE roule moins de 9000 km par an. C’est au dessous du seuil de rentabilité écologique, dans les conditions actuelles (à cause du coût de fabrication). Pour qu’elle soit écologiquement rentable, il faudrait que cette VE roule davantage en moyenne, donc que les gens s’en servent pour de plus longs parcours, donc qu’ils rechargent leur batterie à des coûts plus élevés (en tout cas pas chez eux), ce qui risque de mettre en péril l’avantage économique. Si on ne peut pas s’en servir en vacances, il vaudra mieux se passer de voiture tout court.… Lire plus »
@Helgy, Pour le seuil de « 9000 km », vous avez une source !? La durée de vie des VE et le kilométrage final seront certes des critères pour la « rentabilité »… Il faut ajouter qu’un VE, qui fera 200.000km sur sa durée de vie, fera économiser la consommation et l’import de 5 à 10 litres de carburant au 100km soit 10.000 à 20.000 litres de carburant à 95% importé…, mais certes il y aura un peu de Gaz dans le Mix électrique… Le tout sans compter sur la moindre pollution des villes et ses conséquences dans le match VE-VT… De plus en… Lire plus »
Par exemple https://www.motointegrator.fr/blog/kilometrage-moyen-parcouru-par-une-voiture-en-france/ et aussi https://www.wedemain.fr/decouvrir/voiture-a-partir-de-quand-lelectrique-devient-il-plus-interessant-que-le-thermique/ D’autres sources (ENEDIS) donnent des chiffres plus élevés (40 Km par jour) mais conservent un tiers de véhicules hybrides dans leur échantillon…Mais peut importe la précision. Je défends simplement l’idée qu’il faut des politiques différentes pour ceux qui roulent beaucoup (pour eux il n’y a pas de sujet, ils ont un intérêt économique évident à passer au VE avec un amortissement assez rapide économiquement et écologiquement, et il n’est pas nécessaire de les aider) et ceux qui roulent peu voire très peu (pour qui il est pertinent de les encourager à conserver leur véhicule… Lire plus »
@Helgy, Je suis entièrement d’accord que le fléchage des aides vers les provinciaux à faible ou moyen revenu (et qui du coup ne font pas beaucoup de gros kilométrages d’agrément faute de budget… mais en font beaucoup par nécessité) est un raté consternant… Je ne crois pas au tout électrique en 2035, on fait trop de gros VE qui vont « bouffer » trop de ressources et de flux de ressources donc rendre le prix des VE relativement élevés de manière pérenne, et in fine certains Flux de matières risquent de manquer (cela est arrivé il y a peu avec les « ruptures… Lire plus »
La voiture électrique est tellement polluante à fabriquer que même quand elle roule avec de l’électricité française, le gain en co2 n’est pas énorme.
Si on recharge au mazout, alors la, il n’y a plus aucun intérêt.
L’avantage des hybride rechargeable, c’est qu’il ont des petites batteries donc pas polluant à fabriquer.
Si on recharge des VE à grosses batteries au mazout, on a faux sur toute la ligne !!!
@Samy Batino, La voiture électrique est certes plus « polluante » à fabriquer que la voiture Thermique, mais cette dernière est aussi polluante à fabriquer ET aussi polluante en « exploitation », particulièrement en milieu urbain… (Aucune n’est parfaite !) Mon propos est que 2/3 du temps, la voiture « moyenne » française se rechargera sur le réseau (Mix électrique courant) pour un usage courant « moyen » de la vie de tous les jours… Donc le VE sera faiblement émissif en exploitation « courante » et peu polluant en ville (il reste l’usure des pneumatiques et d’autres « détails » pas toujours anondin en cumulé, mais bien moins impactant que le… Lire plus »
Voilà une photo qui va faire les choux des antiVE primaires.
Cela souligne bien que ce ne sera pas facile de transitionner (et/ou évoluer) et que cela demandera beaucoup d’infrastructures… Une station service standart avec du carburant c’est assez simple à construire (des cuves en ferraille enterrées, de la tuyauterie et quelques pompes de faible puissance pour faire court). En faire un réseau national n’a pas du être trop compliqué… Faire une réseau national de bornes de recharge efficace ne sera pas simple et le problème des chassés-croisés lors des vacances va aussi être un problème majeur, surtout si les « conducteurs-consommateurs » ne sont pas sensibilisés à quelques gestes… Il y a… Lire plus »
@Hugo Lara, Pour rajouter au sujet, des stations-services d’autoroute qui sont amenés à supporter les pointes des chassés-croisés des vacances auront des dimensionnements de raccordement électrique énormes pour les jours de pointe (surtout ceux d’été avec des températures chaudes). Est-ce utile de dimensionner les raccordements à ces pointes !? (Consommation de cables cuivre ou alu énorme… et de quelques autres équipements… pour quelques dizaines d’heures par an !) Perso, j’aurais tendance à dire que des groupes temporaires utilisées dans ces stations-services pour les départ en vacances feront bien faire des économies de dimensionnement réseau… De plus, ces mêmes groupes (in… Lire plus »
Enfin en rappelant que les voitures françaises « moyennes » consomment environ Deux/Tiers de leur Energie annuelle dans les déplacements divers du « quotidien » (pas besoin de Générateur), et que le Tiers restant est « dédié » au départ en vacances où les réseaux électriques risquent d’être saturé pour faire le « complément » de besoin d’énergie des voitures partant en vacances et ce juste quelques jours par an. LA solution de Groupes Diesel/Biocarburant semble bien intéressante comme source complémentaire avec en plus la flexibilité de mobilisation géographique nécessaire pour la France voir en intra-européen suivant les « routes » de saison… (Dernier point, la présence de quelques milliers… Lire plus »