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Parmi les technologies de stockage énergétique à grande échelle modernes, les batteries se distinguent comme une solution de premier plan. En plus d’équilibrer les fluctuations de la demande énergétique, elles jouent un rôle crucial dans l’intégration des sources renouvelables. La demande de batteries a, d’ailleurs, connu une croissance soutenue ces dernières années, une tendance qui devrait se poursuivre au cours de l’année 2024. La Chine et les États-Unis mènent le peloton dans l’exploitation de cette technologie.
Selon le dernier rapport du cabinet d’analyse EnergyTrend, les perspectives du marché mondial du stockage par batterie pour l’année 2024 sont prometteuses. Les prévisions indiquent une puissance nouvellement installée de 53 GW pour les systèmes à grande échelle, avec une capacité totale de 129 GWh. Ces chiffres représentent une augmentation significative de 38 % en puissance et de 42 % en capacité par rapport à l’année précédente.
Cette croissance est largement due à l’expansion rapide des énergies renouvelables, où le stockage joue un rôle essentiel dans la gestion de leur intermittence. Le rapport met en lumière la position dominante de la Chine et des États-Unis dans ce secteur. En effet, ces deux pays, avec l’Europe, représentant plus de 84 % du marché estimé.
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La Chine est le leader mondial dans le domaine du stockage d’énergie à grande échelle, une position attribuable à plusieurs facteurs clés. L’adoption accélérée des énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, a fait du stockage un « besoin immédiat », selon les analyses d’EnergyTrend. En outre, les politiques gouvernementales chinoises soutiennent activement le déploiement de ces systèmes de stockage, avec des initiatives tant au niveau national que provincial. Les projections d’EnergyTrend indiquent que les nouvelles installations de batteries à grande échelle en Chine devraient atteindre une puissance de 24,8 GW et une capacité de 55 GWh en 2024, ce qui représente une augmentation d’environ 37 % en capacité de stockage par rapport à l’année précédente.
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Les États-Unis se positionnent aussi comme un marché clé pour le stockage d’énergie par batteries. À la fin de l’année 2023, le pays affichait une puissance cumulée de 16 GW, dominée par la Californie et le Texas avec respectivement 7,3 GW et 3,1 GW. Ces deux États jouent un rôle de premier plan dans la transition énergétique américaine. Selon les prévisions d’EnergyTrend, les nouvelles installations de stockage aux États-Unis devraient atteindre 11,6 GW pour 38,2 GWh en 2024, marquant des augmentations de 15 % en puissance et de 27 % en capacité. Toutefois, l’Administration américaine des informations sur l’énergie (EIA) propose une estimation légèrement supérieure, et prédit que le pays devrait atteindre les 30 GW d’ici la fin de l’année, soit un ajout de 14 GW. EnergyTrend attribue cette forte demande en stockage à un modèle de rentabilité économiquement viable et diversifié, incitant les investissements dans le secteur.
Bien que ces chiffres indiquent une croissance notable, le rythme de développement devrait ralentir par rapport aux augmentations impressionnantes de 157 % et 144 % enregistrées en 2023. Pourtant, l’année passée, les États-Unis ont dû faire face à des défis majeurs, notamment des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et des retards de raccordement au réseau.
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L’Europe, selon EnergyTrend, devrait également connaître un ralentissement de la demande en stockage par batteries cette année. Néanmoins, l’expansion du stockage à grande échelle dans la région reste prometteuse. Le Royaume-Uni se distingue comme le marché leader sur le continent. Pour 2024, le pays envisage d’ajouter 4,2 GW de puissance et 6,4 GWh de capacité de stockage, soit une augmentation de 93 % en puissance et de plus de 100 % en capacité par rapport à l’année précédente.
Cette dynamique au Royaume-Uni s’explique par une combinaison de politiques gouvernementales favorables, d’investissements soutenus et d’une adoption croissante des énergies renouvelables qui nécessitent un stockage efficace. En outre, l’année s’annonce riche en projets renouvelables majeurs devant être connectés au réseau, ce qui devrait stimuler davantage le marché du stockage.
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La demande mondiale pour les solutions de stockage d’énergie est en nette augmentation, avec une attention particulière portée aux batteries. Bien que les stations de transfert par pompage-turbinage (STEP) soient reconnues pour leur efficacité et leur maturité, l’intérêt pour les batteries croît rapidement. En Chine, par exemple, la part des batteries dans le mix du stockage énergétique a doublé, passant de 21 % à plus de 40 % en l’espace d’une année. Cette tendance est largement encouragée par la diminution des coûts des matières premières observée en 2023. Selon les prévisions de l’institut de recherche Green power global industrial institute (GGII), les prix devraient se stabiliser en 2024, en particulier sur le marché chinois, avec des fluctuations ne dépassant pas ±20 %, rassurant les investisseurs. De plus, le GGII estime que le coût du stockage par batterie lithium-ion pourrait bientôt rivaliser avec celui des STEP.
Commentaires
Une step peut stocker des mois de capacité de production d'électricité. Les batteries ne peuvent stocker que 3 à 4h. Il s'agit de lisser la production des enr, pas de stocker sur du long terme. Dire que le coût des batteries pourrait rivaliser avec celui des
step est une absurdité...
Vous pourrez comprendre la complémentarité assez incroyable des batteries et du solaire en regardant le nombre de cycles possibles dans l'année.
C'est aujourd'hui en Californie plus de 10% du mix électrique pendant 5H qui est fourni par les batteries. Et cela aux heures de pointes. ça réduit les pics, les besoins en back-up, ça lisse la prod solaire et les prix de la prod solaire.
Et ça c'est sans compter toutes les batteries perso qui sont installées au domicile.
La complémentarité avec l'éolien est plus faible mais ça peut rester utile.
C'est complémentaire pour la stabilité si les batteries sont rechargées sur le site solaire, avant l'injection sur le réseau (c'est donc le cas pour une installation personnelle).
Sinon c'est le réseau qui recharge les batterie en journée.
Probablement que le recours au gaz diminue le soir grâce aux batteries, mais si c'est pour les recharger le jour avec les mêmes centrales on ne gagne pas grand chose, et il y a toujours une base fixe de gaz, quelque soit l'heure. Ce n'est pas différent d'une step.
Lorsque la production solaire sera suffisante la journée pour satisfaire toute la demande et en même temps recharger les batteries pour le soir, alors oui les batteries feront baisser la conso de gaz.
Elles sont majoritairement rechargées directement avec une source solaire mais ce n'est absolument pas un problème qu'elles le soient par le réseau puisque pendant les pics solaires, le PV fait une large part du mix. C'est dans tous les cas très majoritairement du solaire qui est stocké.
Pour la Californie, l'Australie et les Pays Bas, il arrive déjà à plusieurs reprises que plus de 100% de la conso nationale soit produite instantanément en solaire.
Donc c'est déjà le cas.
Et même si on n'arrive pas à 100% de solaire au pic, cela reste intéressant car lisser le solaire en le fournissant sur les pics de conso c'est aussi diminuer les appels au back up fossile pendant les pics de conso. Cela limite la conso de fossiles et cela limite le total de capacité nécessaire en back up sur les centrales thermiques.
Et on voit déjà ces effets des batteries en Californie et en Australie Méridionale mais aussi progressivement dans le reste de l'Australie et au Texas par exemple. En Allemagne l'effet est sans doute un peu là mais on le voit peu car la majorité des batteries sont personnelles et behind the meter. Il y a sans doute un lissage des pics du soir grâce à cela mais on ne le voit pas ou peu car cela se fait hors réseau.
Je viens de verifier pour la Californie sur ElecticityMap, il n'y a aucun moment sans gaz. Et en hivers la production d'électricité avec le gaz est très supérieure au PV.
Le stockage batterie est quasiment invisible, ce qui est la meme chose chez nous avec la production issue des step.
Aujourd'hui, les batteries sont rechargées avec 20 à 50% de gaz.
J'avais regardé sur la fin de l'été, la proportion de solaire était évidement plus grande.
Et je maintiens que tant que ce sera pas rechargé 100% Enr, alors les batterie n'auront pas un rôle de réduction du gaz mais seulement de stabilité du réseau, ce qui reste primordial pour intégré les PV qui eux ont un rôle très clair de réduction du gaz.
Plus de 20% sur une heure de pic et plus de 10% 5 heures dans la journée c'est invisible?
Non mais sérieusement...
Les batteries sont chargé autour de midi avec 80% d'EnR et 10% de nucléaire.
Revenez en vous renseignant réellement s'il vous plait.
C'est exactement ce que je dis.
20% pendant 1h + 10% pendant 5h + 0% pendant 18h, ça fait 3% de la journée.
Au total, pour la Californie, pour janvier 2024:
- Gaz : 8080 GWh, 41,74%
- Solaire : 2310 GWh, 11,94%
- Batterie : 55GWh, 0,29%
- Le reste principalement en éolien, hydro et nucléaire.
https://app.electricitymaps.com/zone/US-CAL-CISO
On a donc une production issue des batterie importante (55 GWh) mais très faible quand on le rapporte à la production totale (19400 GWh).
Je ne remets pas en cause l'avantage pour la stabilité du réseau et pour le passage du pic du soir.
Et vous avez raison, aujourd'hui, à la différence d'hier, les batteries ont été rechargées presque exclusivement avec du solaire.
C'est le minima dont je parlais... Ils fond plus de 20% pendant 1h, plus de 10% pendant 5h et un petit peu tout le reste de la nuit.
Sinon ils ont clairement un problème sur la moyenne journalière et donc le cumul mensuel sur ElectricityMap. Rien qu'en prenant les 24 dernières heures je tombe sur 17,6GWh sortis des batteries. On peut compter à minima sur 15 GWh * 30 jours soit 450 GWh et donc a minima 2 à 2,5%. Mais c'est très conservateur mes hypothèses et surtout ce sera bien plus important en été avec les nouvelles batteries installées.
Ce serait bien qu'electricitymap corrige ce bug et inclut les batteries dans tous les réseaux (qu'en Australie et en Californie pour le moment). La preuve ça vous a méchamment induit en erreur d'un facteur 9 a minima sur la part de conso sortie des batteries.
Les chiffres donnés dans les récapitulatifs semblent exacts, (la source est ici http://www.caiso.com/market/Pages/ReportsBulletins/RenewablesReporting.aspx) mais je dois bien admettre que les valeurs pour les batteries sont étranges (j'imagine que la valeur est la différence entre l'énergie consommée pour la charge et l'énergie restituée, ce qui expliquerait une valeur proche de 0). Je n'aurais pas dut les remettre sans approfondir.
La valeur que vous trouvez est la même que celle que j'avais indiqué:
"20% pendant 1h + 10% pendant 5h + 0% pendant 18h, ça fait 3% de la journée". Il se trouve que pour la journée qui vient de passer, la valeur est 3.11%, donc c'est cohérent.
Maintenant, est ce que 3% regroupé sur 6h change le raisonnement?
Alors oui parce que je le répète
Et ces capacités sont en augmentation exponentielle. Tous les ans, on installe plus de batteries, et dans les données vous ne voyez pas celles qui sont behind the meter. D'ailleurs la sous estimation est globale puisque ElectricityMap n'inclut les données des batteries qu'en Australie et en Californie.
Ces 3% (données conservatrices) sont déjà importants pour les raisons détaillées au dessus mais ils vont largement augmenter et très rapidement.
Je sais bien, je me demande juste pourquoi on bricole ces usines à gaz avec des éoliennes, des panneaux, des batteries geantes, des nouvelles lignes tht, et même des nouvelles centrales gaz "h2 ready" (qui brûleront du ch4 pendant des décennies au minimum), alors que le nucléaire fait très bien le boulot...
Le prix, le temps d'installation, le risque, les compétences, la dispo d'autant d'uranium, le réseau centralisé. Plein de raisons en fait...
Le nucléaire revient moins cher puisqu'il ne nécessite pas de batteries, de renfort du réseau, de production, stockage et transport d'hydrogène. Et ne soyez pas dupe, il s'écoulera encore au moins 50 ans avant que les fameuses centrales h2 ready brûlent réellement de l'h2 (en admettant qu'elles en brûlent un jour).
Elles brulent déjà du biogaz et elles bruleront un petit peu d'H2 progressivement.
Par contre vos histoires de prix sont des voeux pieux qui volent en éclat à chaque évolution techno ou de prix. Aujourd'hui encore CATL, le plus grand fabricant au monde de cellules de batteries vient d'annoncer une division par deux de ses prix pour l'année 2024.
C'est dommage d'être passéiste de la sorte.
Je rectifie: les grands barrages ont une capacité de plusieurs mois, les step en général sont beaucoup plus petites.
+129GWh anticipé pour 2024, et il y a peut-être 220-230GWh installé aujourd'hui, dans le monde entier. Comparons juste avec la France: https://www.services-rte.com/fr/visualisez-les-donnees-publiees-par-rte/stock-hydraulique.html, 3591GWh de capacité hydraulique... Et la production d'électricité d'hier, 20 fév 2024, un peu plus de 60GW*24h soit près de 1500GWh. Et juste la production hydraulique d'hier, peut-être 8-9GW en moyenne sur 24h, soit 200GWh... https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere# Bref, +129GWh attendu l'année prochaine sera loin de combler les besoins lorsqu'il fait moche et qu'il n'y a pas de vent... Va falloir sérieusement augmenter la cadence de production, ou trouver autre chose, ou se serrer la ceinture et mettre un pull dans un monde qui se voudrait neutre en CO2.