Alors qu’EDF réévalue à la hausse ses coûts de production d’électricité nucléaire, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) présente de nouvelles estimations nettement plus basses que celles de l’électricien. Les différences entre les tarifs du nucléaire suggérés par les deux parties vont jusqu’à 25 %.

La Commission de régulation de l’énergie a récemment actualisé ses estimations concernant le coût de l’électricité nucléaire, révélant une augmentation notable. Pour les trois périodes étudiées, les coûts s’établissent désormais à 60,70 €/MWh pour la période 2026-2030, 59,10 €/MWh pour 2031-2035 et 57,30 €/MWh pour 2036-2040. Pour comparaison, ils s’élèvent actuellement à 50,20 €/MWh. Lorsque l’on compare ces chiffres aux prévisions antérieures, deux constatations majeures émergent : d’une part, ces coûts sont nettement supérieurs à ceux anticipés en 2020. D’autre part, ils demeurent bien en deçà des estimations avancées par EDF, selon un rapport confidentiel récemment divulgué par le média Contexte.

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Des divergences entre EDF et la CRE

Les estimations du coût de l’électricité nucléaire pour les prochaines années montrent des écarts notables entre EDF et la CRE. Les différences varient de 20 à 25 %, avec des coûts proposés par EDF nettement supérieurs à ceux avancés par la CRE. Dans le tableau ci-après, découvrez ces prix estimés par EDF :

Années

EDF (€/MWh)

CRE (€/MWh)

2026 — 2030

74,80

60,70

2031 — 2035

73,90

59,10

2036 — 2040

69,90

57,30

L’électricien envisage une approche où le prix de l’électricité est déterminé par les mécanismes du marché, c’est-à-dire par l’interaction entre l’offre et la demande. Dans cette perspective, il souhaite établir des contrats directs avec ses clients, où les termes, tels que le prix et la quantité, sont définis par des négociations bilatérales. Toutefois, selon la CRE, cette approche expose EDF à des risques élevés de fluctuations tarifaires importantes, ce qui peut nécessiter des capitaux plus importants de la part des investisseurs pour couvrir ces risques. Cette situation a un impact direct sur le coût de production et, par conséquent, sur les coûts finaux pour les consommateurs.

De son côté, la CRE préconise un modèle régulatoire basé sur un prix de vente garanti, en utilisant des contrats pour différence (CFD). Dans ce schéma, le prix de l’électricité est stabilisé, offrant une protection tant pour les producteurs que pour les consommateurs face aux aléas des prix du marché.

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Un autre point de discorde concerne les prévisions de production d’électricité nucléaire. EDF table sur une moyenne de 350 TWh par an. Le régulateur estime que ce chiffre est sous-évalué, car il intègre une marge de prudence de 18 TWh, ce qui influence directement les prix. Face à cela, la CRE attend d’EDF des justifications objectives pour expliquer cette marge de prudence.

Enfin, la question du passage à la puissance nominale de l’EPR de Flamanville est également source de désaccord. EDF prévoit qu’après une mise en service en 2024, cette étape sera atteinte en 2035. Elle évoque un délai de dix ans, nécessaire pour obtenir la validation de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN). Cependant, la CRE conteste cette durée, affirmant qu’aucun cadre réglementaire ne prévoit un tel délai. Selon elle, le passage à la puissance nominale pourrait être réalisé dès 2028.

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Les raisons de la hausse des coûts de l’électricité nucléaire depuis 2020

En 2020, la CRE avait fixé le coût de l’électricité nucléaire pour la période 2022-2026 à 50,20 €/MWh, après une première estimation à 48,10 €/MWh. Pour la période 2026-2030, ce coût a donc été revu à la hausse pour s’établir à 60,70 €/MWh. Plusieurs raisons expliquent cette augmentation.

L’un des premiers principaux facteurs de ce changement est l’évolution des charges d’exploitation. La hausse est principalement due aux coûts liés à la gestion du combustible nucléaire, particulièrement après son utilisation dans les réacteurs. Cette étape, cruciale pour la sécurité et la durabilité de l’énergie nucléaire, nécessite des investissements conséquents. L’inflation a également joué un rôle non négligeable dans cette hausse. La CRE a estimé que l’inflation avait ajouté 3,70 € au coût par MWh. Enfin, les coûts associés à la post-exploitation et les investissements dans le projet de l’EPR de Flamanville 3 ont également pesé dans la balance.

Il faut toutefois savoir que la durée de vie envisagée pour le parc nucléaire a aussi influencé la variation des estimations. En effet, les chiffres de 2020 s’établissaient sur une durée de vie de cinquante ans pour le parc nucléaire français. Plus tard, l’éventualité d’une prolongation de cette durée à soixante ans a été introduite. Mais bien que cette extension ait permis de réduire le coût du MWh de 3,5 €, les autres facteurs ont compensé cette baisse, entraînant une augmentation globale.