Un ensemble de bâtiments ultra-bas-carbone, qui vise à révolutionner la façon de vivre dans des bureaux, forcément, cela attire l’attention. Ainsi, le Campus Arboretum a été inauguré le 19 septembre 2024 par le président de la République, en bord de Seine, à Nanterre – La Défense.

La construction bas-carbone, voire ultra-bas-carbone, est un secteur de pointe et d’avant-garde. Elle vise à démontrer ce qu’il est possible de réaliser dans le domaine du bâtiment, en termes de matériaux et d’économies de ressources (énergie, eau), mais également vis-à-vis d’aspects plus liés à l’habitabilité des locaux et des quartiers. Ce type de réalisation est d’abord une affaire de prestige : en y installant leur siège social, les entreprises peuvent ainsi mettre en avant une cohérence entre les locaux où ils travaillent et leurs engagements environnementaux.

Le Campus Arboretum est un ensemble tertiaire de grande taille, le plus grand d’Europe à utiliser le bois comme principal matériau de construction. Jugez donc : 7 bâtiments, et une surface totale de 126 000 m2, divisible à partir de 1 200 m2. En plus des bureaux, le complexe propose un centre de conférences, de séminaires et de réunion (appelé la « Fabrique de la Connaissance ») ainsi qu’un centre de fitness et d’escalade (« l’Atelier des Sports »). C’est plus de 560 millions d’euros qui ont été investis dans ce projet. Ce dernier a été promu par WO2, un groupe spécialisé dans la promotion immobilière à très haute performance environnementale.

Le chantier d’Arboretum / Images : Lerlecq Associés (gauche) P. Raffin – WO2 (droite).

C’est un projet aux multiples facettes, notamment dans l’agencement de l’espace des bureaux, dont les étages se terminent par des terrasses surplombant un vaste parc de près de 9 ha. Le parc est doté d’un potager et d’un verger de près de 3 200 m2, dont une partie de la production est dédiée à fournir les sept restaurants du Campus. C’est une réflexion d’ensemble qui donc a présidé aux choix de conception. En ce qui concerne nos sujets de prédilection, qu’est-ce qui fait la particularité du Campus Arboretum ?

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Une conception bioclimatique orientée par la géothermie

Les nouveaux bâtiments ont été construits en bois, tandis que les bâtiments anciens ont été conservés, et rénovés (il s’agit des locaux de l’ancienne papeterie de la Seine de Nanterre). Ce sont près de 32 400 m3 de bois massif CLT (Cross laminated timber, en français lamellé-croisé) qui ont été utilisés. Lors de la construction, une grande quantité de déblais (160 000 m3) ont été utilisés sur place, sans transport, donc. En outre, ce sont près de 20 000 m3 d’eau de pluie qui seront récupérées par an, selon les promesses du promoteur.

La conception bioclimatique n’est pas austère : la hauteur sous plafond est de 3,1 m. La production d’énergie renouvelable est réalisée sur site par la géothermie, par l’intermédiaire de 10 puits implantés dans la nappe phréatique (à environ 15 °C), couplés à des pompes à chaleur, dont le coefficient de performance (COP), dans cette configuration, se situe entre 5 et 7. Ce système, qui permet le réemploi des énergies renouvelables dans la nappe, assurera 80 % des besoins de chaud et de froid. Le complément est assuré par le réseau électrique, peu carboné en France.

Le complexe Arboretum / Images : WO2

Des émissions deux fois inférieures à un immeuble conventionnel en béton

L’ensemble de ces caractéristiques permet au projet de revendiquer plusieurs labels importants. Le complexe est ainsi le plus grand ensemble tertiaire labellisé au niveau « excellent » du label BBCA (Bâtiment Bas Carbone), ainsi que le niveau E2C2 du label E+C-, qui n’est pas le niveau le plus élevé. Le projet est très économe en énergie : il revendique une consommation d’énergie finale de 61 kWh/m2/an, ce qui représente près de la moitié du seuil du décret tertiaire 2050 (à 110,5 kWh/m2/an). Comparativement aux autres bâtiments de La Défense, cela représente une division de l’ordre de 3 de la consommation d’énergie. Le site du projet indique une économie sur la facture d’énergie comprise entre 25 et 29 €/m2/an.

En ce qui concerne le dioxyde de carbone, la méthode d’analyse du cycle de vie (ACV) conduit à des émissions de 673 kg-CO2eq/m2 de surface de plancher. C’est une division par deux par rapport à un bâtiment en béton conventionnel qui aurait été conçu entre 2019 et 2021, soit 1 260 kg-CO2eq/m2. Car, si les ossatures sont en bois, le noyau et les fondations de chaque bâtiment ont bien été construits en béton. Le recours au bois a permis de réduire l’utilisation du béton, un matériau dont la fabrication est une source majeure de gaz à effet de serre.

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