La quasi-totalité de l’électricité disponible au Liban provient du pétrole. Problème : le pays n’en produit pas et ne parvient plus à en importer suffisamment. Déjà empêtré dans une crise majeure, le Liban se retrouve donc paralysé par de monstrueuses et récurrentes coupures de courant.
Des journées entières de black-out, des rationnements et délestages quotidiens : le réseau électrique libanais est à l’agonie. Si le problème persiste depuis plusieurs mois, il s’est considérablement aggravé ces derniers jours. Du 8 au 10 octobre, le pays s’est retrouvé dans le noir complet. Une défaillance aux origines multiples mais dont la dépendance aux énergies fossiles est la principale cause.
95 % de l’électricité officiellement produite au Liban provenait du pétrole en 2019. L’hydroélectricité ne représentait que 4,5 %, le solaire, l’éolien et la biomasse se partageant les 0,5 % restants. Le Liban ne produisant pas d’hydrocarbures, il importe donc la totalité de ses besoins par la mer.
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Par ailleurs, ses centrales au fioul et diesel ne suffisent pas à satisfaire la demande en électricité. Malgré l’utilisation de 2 navires-centrales thermiques, il manque toujours 1 200 MW de puissance au pays. Une différence plus ou moins comblée par les quelque 35 000 groupes électrogènes privés, qui revendent leur production à prix d’or lorsqu’ils disposent de carburant.
Englué dans une crise économique inédite, le Liban voit la valeur de sa monnaie s’effondrer. Il n’a plus les moyens d’acheter la quantité de pétrole nécessaire au bon fonctionnement de son réseau électrique. Dans l’attente de l’arrivée de navires chargés de fioul, l’armée à fourni 6 millions de litres de carburant à deux centrales afin de rétablir partiellement le courant. La situation risque toutefois de se répéter.
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Pour autant, le Liban n’envisage pas de se sevrer du pétrole. Aucun plan de grande envergure n’est prévu pour la construction de barrages, centrales solaires, biomasse ou éoliennes. Au contraire, le gouvernement persiste à financer la recherche d’hydrocarbures dans ses eaux territoriales.
Dans l’immédiat, le ministère de l’Énergie a contracté un crédit de 100 millions de dollars (86 M€) auprès de la banque centrale libanaise afin d’acheter du carburant. Une telle somme aurait pu financer la construction d’une puissante centrale solaire. Avec ses 152 MWc installés et 156 GWh de production annuelle prévue, le parc solaire de Marville (Meuse) a par exemple nécessité un investissement de 80 millions d’euros.
Le Liban bénéficie pourtant d’importants gisements d’énergies renouvelables. À commencer par le soleil, qui brille 300 jours par an et fournit 2 200 kWh/m² de flux solaire moyen annuel. L’aménagement des cours d’eau permettrait d’ajouter près de 900 MW de puissance installée. Quant au potentiel éolien, il est estimé à environ 1 500 MW.
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C’est surtout le résultat d’une corruption et de guerres civiles à répétition. Aucune planification à long terme n’est possible. On cherche des bénéfices rapides pour les profiteurs. On construit avec les aides puis on détruit dans les combats. Tant que ce pays ne sera pas sorti de ses démons, il restera dans ce chaos. Le pays que l’on nommait autrefois « la Suisse du proche-orient » est devenu un pays sous-développé. Par rapport à la pauvreté de la population libanaise, un coup d’oeil aux photos satellite de google earth permet de constater qu’autour de Beyrouth il y a au moins 14 ports… Lire plus »