En chômage technique depuis septembre 2020, l’hydrolienne D10 de la société française Sabella a fait son retour en avril dernier dans les eaux du passage du Fronveur, aux large des côtes d’Ouessant. Depuis quelques jours, elle approvisionne à nouveau l’île en électricité renouvelable d’origine marine.
L’hydrolienne D10 de la société Sabella a été la première machine de ce type à injecter de l’électricité dans le réseau français, en l’occurrence celui d’Ouessant. Distante de 20 kilomètres des côtes du Finistère, cette île est le territoire le plus occidental de France métropolitaine.
La turbine de 10 mètres de diamètre et d’une puissance de 1 MW a été immergée une première fois entre juin 2015 et juillet 2016 dans le passage du Fromveur qui sépare l’île de l’archipel de Molène, lieu de très violents courants marins pouvant atteindre jusqu’à 9 nœuds localement.
Remise a l’eau et début de la production
Depuis lors, ce projet expérimental n’a pas été épargné par les difficultés : câble endommagé, problèmes d’étanchéité, difficultés d’approvisionnement de certains composants, etc.
Mais après une remise à l’eau réussie de la turbine en avril 2022, sa reconnexion au réseau électrique de l’ile et une période de tests et de réglages, la troisième campagne d’essai et de production de l’hydrolienne a démarré comme prévu en ce début du mois de juin.
Lissage de la production
Les améliorations apportées à la turbine, notamment la modification de la connectique d’export du courant et le lissage de la production électrique à terre, sont un succès. Elles ont permis de passer à la phase d’injection sur le réseau.
Cette fonction de lissage, développée en partenariat avec le Syndicat d’Energie et d’Equipement du Finistère (SDEF), et la société Entech, n’avait jusqu’alors, jamais été testée in situ. Cette innovation est une avancée majeure, car la production électrique d’une hydrolienne génère de brèves perturbations du signal induites par les mouvements naturels de la houle ou des turbulences des courants marins, particulièrement présents dans le passage du Fromveur. Il convient donc de les réguler pour pouvoir déployer rapidement les technologies marines à grande échelle.
Ce lissage permet ainsi d’améliorer fortement la qualité du courant électrique injecté sur le réseau de l’île et ainsi d’assurer à l’opérateur ENEDIS la stabilité de ses opérations.
Objectif : autonomie énergétique de l’île
L’injection d’électricité verte produite par la turbine D10 dans le réseau de l’île va graduellement augmenter au cours des prochaines semaines, passant de 100 kW à la capacité maximale d’injection permise par le réseau. De plus, l’hydrolienne alimentera en énergie verte le festival Ilophone 2022 qui aura lieu en septembre prochain à Ouessant, après deux années d’interruption pour cause de COVID-19.
« Cette campagne d’essais a également pour objectif de préparer le projet PHARES, qui consiste à fournir à l’île un bouquet d’énergies renouvelables, avec notamment deux hydroliennes Sabella de 500 kW, mais aussi des panneaux solaires et une éolienne terrestre, de viser l’autonomie énergétique de l’île », explique Thomas Archinard, responsable des projets chez Sabella.
À lire aussi Paimpol : résultats positifs après 2 ans de tests de l’hydrolienne HydroQuest Ocean À lire aussi EEL Energy : essais prometteurs pour l’hydrolienne à membrane ondulante