Un projet de centrale géothermique interroge les habitants d’un petit village du Puy-de-Dôme. Le site prévoit de générer 5 à 6 MW, une puissance plutôt modeste au regard des contraintes. Cette méthode de production d’électricité renouvelable ne serait-elle qu’un prétexte pour extraire le précieux lithium des sous-sols ?
Le doute grandit chez les 478 résidents du hameau de Saint-Pierre-Roche (Puy-de-Dome). Alors qu’une centrale géothermique profonde doit être érigée sur leur commune, ils soupçonnent le promoteur de manquer de transparence sur ses réelles intentions. Les tréfonds brûlants du petit village sont en effet convoités par TLS Géothermics et Storengy, une filiale d’Engie. Si les deux sociétés ont obtenu l’approbation du conseil municipal pour construire un site de production d’électricité verte, elles semblent également intéressées par une toute autre ressource présente dans la croûte terrestre : le lithium.
Le mauvais exemple de la centrale de Vendenheim
Avec l’avènement des batteries et notamment celles des véhicules électriques, le lithium est de plus en plus recherché. Un élément qui pourrait rapporter davantage que les 5 à 6 petits mégawatts de la centrale géothermique. Les opposant, réunis au sein d’un collectif, craignent ainsi l’installation d’une usine d’extraction du lithium, encore plus impactante pour leur cadre de vie et l’environnement. Ils sont notamment galvanisés par les déboires du projet géothermique profond de Vendenheim (Bas-Rhin), définitivement suspendu après avoir provoqué un séisme significatif.
« La société TLS Géothermics nous a présenté un projet écolo, vert, pour faire de l’électricité propre. On n’est pas contre ce genre de projet. Par contre, on a découvert sur leur page Facebook, hier soir, que le principal attrait de cette société est l’extraction de lithium sur le Massif central » explique Myriam Rochon, une membre du collectif à France 3.
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Répondant aux soupçons, TLS Géothermics affirme ne pas savoir « si dans le Massif central, il y aura du lithium dans les fluides géothermaux » rencontrés. « Nous supposons qu’il y en a, mais on ne peut pas l’affirmer sans faire les forages […] Ça ne veut pas dire que si on en trouve ou va l’exploiter sur place » assure la société, qui précise qu’« aujourd’hui, les techniques pour extraire le lithium du fluide sont au stade de laboratoire ».
Au terme de l’enquête publique, les premiers forages pourraient commencer dès novembre 2021 à Saint-Pierre-Roche. Avant de pouvoir construire et exploiter sa centrale, l’opérateur devra satisfaire les nombreuses procédures administratives et études d’impacts.
Quels sont les risques ?
Rappelons quand même que si la présence de lithium, un métal alcalin, est confirmée dans les eaux géothermales du Puy-de-Dôme, il s’y trouverait sous forme d’ions dissous. Au même titre que le sodium, un autre alcalin, composant du sel de cuisine, est dissous dans l’eau des océans. D’ailleurs celle-ci contient également du lithium mais sa concentration y est plus faible que celle du sodium. Tout ceux qui se sont déjà baignés dans la mer peuvent donc attester que le lithium, comme le sodium, n’est pas un métal toxique ou simplement dangereux lorsqu’il est dissous dans l’eau. Des ions lithium, sous forme de sels sont même administrés dans certains médicaments.
La mise au point d’un procédé d’extraction du lithium des eaux géothermales est toujours à l’état de recherche. C’est l’objectif poursuivi par le projet collaboratif EuGeLi (European Geothermal Lithium Brine) qui fédère neuf partenaires européens. Le dispositif étudié est composé de colonnes remplies d’un matériau actif se présentant sous la forme de petits granulés. Véritable « éponge » à lithium il extrait sélectivement ce métal léger des eaux géothermales. La saumure appauvrie en lithium peut être ensuite réinjectée dans le sous-sol.
Cette méthode d’extraction du lithium n’a donc rien de commun avec celle fort décriée, mise en œuvre dans les salars d’Amérique du sud.
Le problème n’est pas l’extraction du lithium. C’est le risque sismique induit par ces forages, qui parfois sont assimilables à du « fracking ». Ce n’est pas si facile d’exploiter l’eau chaude du sous-sol. En Islande ils y parviennent bien parce que la profondeur d’accès est faible, voire nulle. Et puis, provoquer des petits séismes en zone désertique, à des dizaines de kilomètres de la première habitation n’est pas un problème!