Encore quasi-inexistant au large de l’Italie, l’éolien offshore pourrait bien connaître un essor spectaculaire avec le développement de l’éolien flottant.
Avec 10,5 GW de capacité installée à fin 2020, l’Italie couvrait 7% de sa consommation d’électricité par l’énergie éolienne. A cette date, et malgré un potentiel élevé eu égard à la longueur de ses côtes, aucun parc éolien offshore ne contribuait à ce résultat. Un premier projet de 30 MW baptisé Beleolico sera prochainement mis en service au large de Tarente (dans les Pouilles). Ses 10 éoliennes sont fournies par le turbinier chinois Mingyang. Mais tout reste encore à construire en matière d’offshore au large du littoral de la péninsule.
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Dans ce pays, la bureaucratie est souvent pointée du doigt, comme étant l’une des responsables du frein au développement de l’éolien offshore. Selon Simone Togni, le président de l’ANEV, l’association des professionnels de la filière, le délai moyen pour l’obtention d’un permis dépasse les cinq ans.
Au cours des dix dernières années, la capacité éolienne onshore installée annuellement a diminué de 80 % : après avoir construit près de 1 200 gigawatts en 2012-2014, la puissance installée est tombée à 760 mégawatts entre 2015 et 2017 et à seulement 126 MW de 2018 à 2020.
Les interférences avec les couloirs de navigation réservés à la marine marchande en Méditerranée posent un autre problème à l’éolien en mer. S’ajoute à cela le fait que les vents qui soufflent sur la Mare Nostrum sont sensiblement moins forts que ceux de la Mer du Nord ou de la Baltique.
Les difficultés de connexion au réseau électrique constituent un autre obstacle au développement de l’offshore, car les infrastructures sont sous-développées dans certaines régions du sud de la péninsule.
Enfin, la profondeur du plancher marin en Méditerranée n’est pas non plus étrangère aux maigres capacités installées au large du littoral italien : à quelques encablures de la zone côtière, il n’est pas rare qu’ils sombrent à 300 mètres, une situation qui interdit l’installation d’éoliennes ancrées sur les fonds. Le développement de la technologie flottante permettra précisément de lever cette contrainte, et il a d’ores et déjà permis à l’Italie de revoir ses objectifs à la hausse.
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Le plan national intégré pour l’énergie et le climat (PNIEC[1]) prévoit de porter la capacité éolienne en mer à 900 MW d’ici 2030, et 5 000 MW en 2040. L’ANEV estime que 950 MW sont réalisables avant 2030, dont 375 auraient pu être installés dès 2020 si seulement les processus administratifs avaient été plus efficaces. Selon l’association, et compte tenu des différentes contraintes, il serait possible d’installer environ 550 MW de capacité dans l’Adriatique, le long des Abruzzes et des Pouilles, et 300 MW supplémentaires entre la Sardaigne et la Sicile « si la contrainte de la proximité des côtes peut être considérablement réduite ».
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Un premier parc éolien flottant de 25 turbines est programmé au large de la Sicile, à 35 km de la ville de Marsala (province de Trapani) et des îles Egades, entre l’Italie et la Tunisie. Baptisé Hannibal, ce projet de 250 MW sera développé par 7Seas Med, aux côtés de la société danoise Copenhagen Offshore Partners (COP), et avec le soutien du fonds Copenhagen Infrastructure Partners (CIP) spécialisé dans les grands projets d’énergies renouvelables. Si le calendrier est respecté, les premières éoliennes devraient être érigées en 2023.
Par ailleurs, le magazine italien The Patent vient de diffuser l’information selon laquelle la Sicile va également accueillir ce qui serait le plus grand parc éolien flottant au monde : une ferme de 190 turbines totalisant une puissance installée de 2900 MW.
Tout récemment également, le magazine Electrek nous apprend que l’entreprise suédoise Hexicon vient de conclure un partenariat 50-50 avec le promoteur de projets éoliens Avapa Energy, basé à Bologne, afin de développer des projets de parcs éoliens flottants. L’objectif de la joint-venture, baptisée AvenHexicon, est d’installer la plateforme flottante conçue par Hexicon. Ce concept innovant se compose de deux turbines jumelles hissées au sommet de deux tours inclinées fixées sur une même plateforme flottante.
Si son idée novatrice convainc d’autres développeurs de projets éoliens offshore, Hexicon pourrait réellement contribuer au décollage de l’éolien offshore en Italie, car sa plateforme permet de produire le double d’électricité pour le coût d’une seule plateforme flottante.
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[1] PNIEC : le programme du gouvernement italien pour la décarbonisation de son mix énergétique, axé sur l’augmentation de la part des sources renouvelables
Pour les 1200 GWh installés dont il est question au début de l’article, il s’agit sans doute de 1200 MWh entre 2012 et 2014.
Je dirais même 1200MW 🙂
Heu…… oui, vous avez raison 🙂 Enfin quelqu’un d’attentif !
Et idem pour les GW……h
Que de h que de h mais que font-ils donc là ?
[NDLR] Ce commentaire qui propage des contre-vérités a été effacé
Voici la carte du potentiel éolien en Europe, laissons les lecteurs de faire leur propre opinion: