AccueilSolaireLes émissions du secteur de l’énergie n’ont jamais été aussi importantes

Les émissions du secteur de l’énergie n’ont jamais été aussi importantes

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Par Nathalie MAYERPublié le 14 avril 2025
Une centrale au charbon / Image : No Glory Images.

On voit partout publier les bons chiffres des énergies renouvelables pour l’année 2024. Mais si les énergies bas-carbone ont autant progressé l’année dernière, comment se fait-il que les émissions de CO2 du secteur de l’énergie aient encore augmenté ?

L’année dernière, bonne nouvelle selon le Global Electricity Review publié par le think tank Ember, les sources d’énergie bas-carbone — incluant les renouvelables et le nucléaire — ont fourni plus de 40 % de l’électricité consommée dans le monde. Une première depuis 1940 ! À cette époque, c’est l’hydroélectricité qui assurait la quasi-totalité du chiffre. L’année dernière — comme cela avait déjà été le cas les deux années précédentes —, c’est plutôt grâce à une explosion des installations de panneaux solaires que ce pourcentage encourageant a été atteint.

Ainsi, à lui seul, le secteur du solaire a permis d’éviter l’émission de quelque 1 658 mégatonnes (Mt) de dioxyde de carbone (CO2). « L’énergie solaire est devenue le moteur de la transition énergétique mondiale. Associée au stockage par batteries, elle est vouée à devenir une force irrésistible. Source d’électricité nouvelle à la croissance la plus rapide et la plus importante, elle est essentielle pour répondre à la demande mondiale en électricité, en constante augmentation », commente Phil MacDonald, le directeur général d’Ember.

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Les renouvelables progressent, mais la demande augmente trop vite

La demande mondiale électricité, en constante augmentation. C’est bien là que le bât blesse. En 2023, cette demande avait augmenté de 2,6 %. Et selon les chiffres collectés et estimés par Ember, elle a encore augmenté en 2024. De 4 % ! Pour la première fois, la barre des 30 000 térawattheures (TWh) consommés dans le monde a été franchie. Le think tank donne le chiffre de 30 856 TWh.

Ainsi, la production d’électricité renouvelable n’a pas été la seule à croitre. Celle des énergies fossiles a également grimpé. De 208 TWh. Résultat, en 2024, les émissions du secteur de l’électricité ont augmenté de 223 millions de tonnes de CO2, soit 1,6 %. Elles atteignent ainsi un niveau record de 14,6 milliards de tonnes de CO2. En cause notamment, une hausse de 1,4 % de la production au charbon et de 1,6 % de celle au gaz fossile.

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Une transition énergétique en marche, mais à quelle vitesse ?

Le résultat surtout, selon les experts, d’une consommation accrue de climatisation due aux fortes chaleurs enregistrées un peu partout dans le monde l’année dernière, classée année la plus chaude jamais enregistrée. Ainsi, si les températures de 2024 avaient été plus proches de celles de 2023, la production d’énergie fossile n’aurait augmenté que de 0,2 %. Notez que la demande des centres de données, même si elle a augmenté de 20 %, ne compte que pour 0,4 % de la hausse de la demande mondiale en électricité. Les véhicules électriques — leur demande a augmenté de 38 % —, eux, ne sont responsables que de 0,2 %.

Ember estime que la production renouvelable devrait augmenter en moyenne de 9 % par an jusqu’en 2030. Et cela devrait suffire à absorber une hausse de la demande évaluée à environ 4 % par an sur la même période. De quoi autoriser les experts du think tank à conclure que si « l’évolution de la production fossile à court terme peut apparaître floue, sa direction et son objectif final sont indéniables. La question de la transition énergétique mondiale n’est plus une question de si elle va se produire, mais une question de vitesse à laquelle elle va se produire. »

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