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La France en quête de souveraineté pour les minéraux de la transition énergétique

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Par Laurent GAUTHIERPublié le 23 mars 2025

La transition énergétique a pour avantage, entre autres, de moins dépendre d’importations d’hydrocarbures. Mais cet avantage n’en est un que s’il est possible de ne pas dépendre non plus des importations de systèmes de production d’énergie, comme les panneaux photovoltaïques, les batteries, ou encore les différents composants nécessaires à l’industrie nucléaire. Mais pour produire sur son sol ces systèmes, encore faut-il disposer des minéraux nécessaires. Or l’inventaire des ressources minières en France est obsolète, dans son périmètre, et dans ses données disponibles. Heureusement, un nouveau projet a été lancé pour résoudre ce problème.

« On va accélérer sur la partie industrielle […]. D’abord, un grand inventaire de ressources minières qui sont nécessaires à la transition écologique, parce qu’on doit disposer d’une carte précise des ressources en matière de lithium, de cobalt qui se trouvent sur notre territoire pour sécuriser cette souveraineté de nos matières premières. C’est là où la rareté est en quelque sorte jumelle de la décarbonation ». Ainsi s’exprimait Emmanuel Macron à la sortie du Conseil de planification écologique, le 25 septembre 2023.

Le signal était donc lancé ! La France allait chercher sur son territoire les minéraux nécessaires à la transition énergétique. Il était temps, pourrait-on penser, dès lors que l’on songe au fait que la Chine dispose d’une position dominante, depuis au moins une décennie, sur de nombreux minéraux, à l’état brut et/ou raffiné : terres rares, lithium, cobalt, nickel, graphite, gallium, …

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L’inventaire existant doit être actualisé

Le besoin d’un nouvel inventaire est d’autant plus pressant que l’inventaire actuel était obsolète, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) lui-même. Réalisé entre 1970 et 1995, il n’est plus à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui pour un certain nombre de raisons. La première d’entre elles est la liste des minéraux étudiés : elle comprenait auparavant 22 substances prioritaires, alors que ce sont aujourd’hui par moins de 55 substances qui sont considérées comme critiques et stratégiques, incluant par exemple le lithium, le tantale, le césium ou le germanium.

D’autres raisons ont conduit l’État français à lancer un nouvel inventaire. Tout d’abord, tout le territoire n’a pas fait l’objet d’études approfondies ; plus de 30 % des zones d’intérêt n’ont toujours pas été étudiées. De plus, la profondeur maximale d’investigation était jusqu’à maintenant de 300 m ; en la matière, les techniques ont depuis évoluées, permettent de rechercher des minéraux à des profondeurs plus importantes (1000 m). Les moyens modernes permettent en outre une prospection plus rapide et à plus grande échelle – à l’aide par exemple d’instruments embarqués sur satellite, de nouveaux systèmes d’analyse chimique plus rapides et plus mobiles.

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Lancement d’un nouveau projet d’ampleur

Ainsi le BRGM a lancé en ce début d’année un nouveau projet d’inventaire d’ampleur. D’une durée initiale de cinq ans, il est financé par l’Agence nationale de Recherche (ANR) dans le cadre du programme d’investissement France 2030. Ce sont 53 millions d’euros qui seront mobilisés dans cet objectif.

Ce nouvel inventaire va concerner cinq zones prioritaires du territoire national : Vosges, ouest du Massif central, Morvan-Brévenne, Pyrénées Cévennnes et Sillon Nord Guyane. Il va mettre en œuvre les techniques les plus modernes et emploiera entre autres des techniques d’acquisitions depuis le sol et aéroportés (hélicoptère, avion). L’interprétation des données utilisera des moyens de science de données et d’intelligence artificielle, avec pour objectif d’identifier les zones les plus favorables à la présence de gisements profonds. Ces données permettront ensuite de lancer des études d’exploration minière, dans le cadre de permis exclusifs de recherche (PER).

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