L’ancienne présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, sort un livre pour défendre une approche différente du développement nucléaire français. Elle prétend qu’EDF pourrait produire « jusqu’à 30 % d’électricité en plus » avec les réacteurs existants sans attendre la mise en service de nouveaux EPR.
Dans « Un secret si bien gardé », titre de son livre, Anne Lauvergeon évoque la sous-production des 56 réacteurs en fonctionnement. Elle pense que des investissements ciblés permettraient d’optimiser leur rendement et leur disponibilité, dans le respect des standards de sûreté. Une thèse qu’elle développe dans Ouest-France où elle affirme : « Le facteur de charge des réacteurs d’EDF est parmi les plus mauvais des 33 pays qui produisent de l’énergie nucléaire ». Alors que, dans le même temps, les politiques « l’ignorent » et RTE et EDF « l’occultent soigneusement ».
Anne Lauvergeon pousse en faveur de l’opportunité stratégique que représenterait une augmentation rapide de la production nucléaire existante. Cela permettrait d’accompagner l’électrification accélérée des usages — véhicules électriques, pompes à chaleur, industrie — sans attendre une hypothétique vague de nouveaux moyens de production. À ses yeux, prolonger la durée de vie et améliorer les performances du parc actuel est « la solution la plus rapide et la plus efficace pour répondre aux défis climatiques ». Au passage, elle étrille le programme EPR 2 : Plutôt que de prévoir « d’énormes investissements pour des nouveaux réacteurs », il faut d’abord « utiliser à fond ce que nous avons ».
Mais au-delà des aspects techniques, Anne Lauvergeon émet une critique plus large contre la stratégie d’EDF. Elle dénonce notamment une politique tarifaire selon elle incompréhensible à l’heure où l’électricité nucléaire est censée représenter un atout compétitif majeur pour la France. « On pourrait enfin abaisser le prix de l’électricité, éviter des fermetures d’usine, réussir notre décarbonation, exporter davantage d’électricité vers nos voisins. Et produire les carburants de synthèse dont ont besoin l’aéronautique et les navires. »
Ce qu’oublie Anne Lauvergeon, c’est que le nucléaire s’inscrit dans un mix énergétique contenant d’autres sources de production. Et donc sa production varie suivant la disponibilité des autres centrales, moins chères. Cela s’appelle la modulation suivant l’ordre de mérite.
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