Voiture électrique : bientôt des recharges quasi gratuites grâce à cette tactique étonnante


Voiture électrique : bientôt des recharges quasi gratuites grâce à cette tactique étonnante

Illustration : Révolution Énergétique.

Alors que se déploient de manière accélérée les panneaux photovoltaïques d’un côté et les voitures électriques de l’autre, leurs synergies vont imposer de nouvelles habitudes, voire de nouvelles manières de penser le commerce. Au bénéfice des coûts de recharge, qui pourraient dégringoler sur certaines bornes publiques. Bientôt, des stations de recharge pourraient vous prévenir par SMS de prix extrêmement bas grâce à une production solaire locale abondante. Notre entretien avec deux spécialistes de l’énergie chez Baywa r.e. : Prasanna Jayaratnam, responsable développement et Tristan Saramon, ingénieur et attaché de presse.

Les panneaux photovoltaïques et les voitures électriques sont deux technologies qui deviennent très courantes et accessibles, pour les particuliers comme pour les professionnels. Ainsi, les véhicules 100 % électriques ou les hybrides rechargeables représentaient 26 % des parts de marché en 2023 pour les véhicules neufs, selon les chiffres de la Plateforme automobile (PFA). De son côté, le raccordement de nouvelles installations solaires a marqué également un record en 2023 avec plus de 3 GWc d’installés, selon Enedis.

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Et ces deux technologies partagent un point commun évident : elles manipulent de l’électricité. Il est donc d’ores-et-déjà possible d’alimenter un véhicule à partir d’une source d’énergie photovoltaïque, c’est-à-dire locale. Il n’est plus nécessaire d’importer de l’électricité via le réseau électrique depuis des centrales électriques distantes, ou de consommer un carburant extrait du sol dans de lointaines régions du monde. Les gains en termes de protection de l’environnement et de souveraineté sont évidents.

Cette possibilité de produire localement l’énergie nécessaire aux déplacements quotidiens nous ouvre par ailleurs les portes d’un nouveau paradigme, rationnel économiquement, pour le transport et le commerce. Voire, envisageons-le, un chemin qui pourrait nous amener à la gratuité de la recharge électrique pour le particulier.

Les véhicules électriques à l’origine d’un nouveau cycle pour le photovoltaïque ?

« Aujourd’hui, la filière est mature, mais elle peut être à nouveau secouée par des évolutions réglementaires, comme lors du moratoire de 2011. Par ailleurs, les prix deviennent tellement bas qu’ils renforcent la compétitivité de l’énergie photovoltaïque. Nous estimons que nous sommes à la fin d’un cycle, et donc au démarrage d’un nouveau cycle », nous indique Prasanna Jayaratnam, responsable développement solaire, e-mobilité et stockage pour l’énergéticien BayWa r.e.

Et ce nouveau cycle pourrait être lancé par l’explosion des nouveaux fournisseurs d’électricité pour la recharge de véhicules électriques. Récapitulons : pour les premiers véhicules électriques, la recharge se faisait à la maison, par le propriétaire du véhicule qui achetait alors de l’électricité à son fournisseur. Puis sont venues les bornes de recharge sur les aires d’autoroute, dont le réseau s’est développé très rapidement : d’après l’Avere-France, ce sont 99 % des aires d’autoroutes, soit la quasi-totalité, qui ont été équipées en bornes de recharge rapide au 30 juin 2023.

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Mais désormais, c’est un large éventail d’autres acteurs qui proposent des bornes de recharge : parkings publics, parkings d’entreprises, mais également les centres commerciaux. Citons par exemple Lidl, qui, à fin 2023, avait installé près de 4 000 bornes de recharge. Les commerces reproduisent ainsi, pour l’électrique, la stratégie commerciale qui avait été celle de ces enseignes qui ont installé des stations-service à proximité de leur supermarché, comme Intermarché ou Carrefour.

« Le principe de la station-service à proximité du supermarché est de permettre au client de faire ses courses et de faire le plein au même endroit. L’enseigne ne gagne pas beaucoup sur le plein, mais cela permet d’attirer des clients. Il en est de même pour la recharge du véhicule électrique : le véhicule se recharge pendant qu’on fait ses courses. Et la charge peut être proposée à prix très réduit, par rapport à la charge à la maison », nous indique Tristan Saramon, ingénieur et attaché de presse de BayWa r.e. Solar Systems.

Voiture électrique et solaire, le combo parfait

Et c’est là qu’intervient le solaire. D’abord, la construction d’ombrières photovoltaïques sur les parkings extérieurs de grande taille est obligatoire en France depuis le 1ᵉʳ juillet 2023. Ensuite, la chute significative des prix des installations photovoltaïques permet d’envisager une production d’électricité à des prix très compétitifs, aussi bas que 0,05 ou 0,06 €/kWh par exemple, pour les ombrières. Lesquels permettent donc d’assurer une recharge à très bas prix des véhicules électriques, le tarif réglementé base étant à 0,25 €/kWh actuellement.

Et c’est la clé, comme nous l’explique Prasanna Jayaratnam : « Des prix si bas permettraient de proposer des recharges à des prix très largement inférieurs à la recharge à la maison, même avec un tarif heures creuses. Autrement dit, il va être intéressant de recharger son véhicule au supermarché, plutôt qu’à la maison. Ce sera une manière pour les enseignes d’attirer des clients, en proposant une recharge à bas-coût, voire gratuite. C’est un nouveau métier qui est en train d’apparaître, autour de la “recharge point de passage”. Dans d’autres pays d’Europe, des enseignes préviennent par SMS leur client de la possibilité de recharges gratuites, lorsque les conditions sont favorables. ».

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Généralisons. Imaginons que de nombreux commerces s’équipent progressivement à la fois de panneaux photovoltaïques et de bornes de recharge – dans le même ensemble de travaux, par ailleurs, pour faire baisser le prix global. De fait du faible coût de l’électricité photovoltaïque, les commerces font venir de nouveaux clients, séduits par le tarif attractif. Ces clients vont garer leur véhicule, puis le mettre à charger pendant le temps qu’ils passeront dans le commerce. Puis ces clients passeront au commerce suivant, en mettant de nouveau leur véhicule à charger.

« C’est un nouveau paradigme », nous dit Tristan Saramon. « Il n’y a pas besoin de charger complètement la batterie du véhicule, on pourra le charger où l’on se rend, pendant le temps qu’on y reste. Et ce à des prix très compétitifs, voire gratuits. Avec la généralisation de ce processus, on peut également imaginer que les commerces qui ne proposeront pas de recharge soient désavantagés. Et inversement, cela peut favoriser des commerces plus isolés qui ont des avantages du point de vue foncier pour installer leur centrale solaire. »

En France, une voiture roule environ 12 000 km/an, soit environ 33 km par jour. Pour les parcourir, il faut environ 6 kWh, qui ne prendraient qu’une dizaine de minutes à charger sur une borne rapide. En somme, recharger sa voiture à prix très compétitif ne nécessiterait alors que de passer une dizaine de minutes par jour dans un commerce.

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Il ne faudra plus faire le plein, mais biberonner

Aller de point en point, y glaner de l’électricité pour charger sa voiture, sans vraiment y penser ? Même avec un mode de vie urbain et semi-urbain ? Et ce pour un prix très faible, suffisamment faible pour que le service soit offert par les commerces où l’on se rend ? Cela ne semble pas impossible, au regard de la chute du prix des panneaux photovoltaïque, voire des batteries. Chez Baywa r.e., en tout cas, nos interlocuteurs en sont convaincus.

Prasanna Jayaratnam nous indique en outre que ce n’est nullement de la science-fiction. Dans certains pays d’Asie, où le réseau électrique est moins dense qu’en France, la généralisation des véhicules électriques associés à l’électricité solaire est une réalité, car il n’existe tout simplement pas d’infrastructure centralisée qui aurait permis de s’en passer, et ce, dans un contexte de carburants fossiles très coûteux. Et vu le rythme du déploiement des bornes de recharge ainsi que des panneaux photovoltaïques en France, il n’est d’ailleurs pas impossible que nous vivions déjà dans la science-fiction sans nous en rendre compte.

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