À défaut de pouvoir mettre fin à toutes les émissions de CO2, pourquoi ne pas en enfouir une partie ? Malgré ses défauts, cette solution s’affiche peu à peu comme une alternative indispensable à l’atteinte du zéro carbone en 2050. Dans cette optique, la Norvège vient d’inaugurer Northern Lights, le premier projet transfrontalier de séquestration du carbone. 

Le 26 septembre 2024 pourrait bien constituer une étape clé pour les objectifs de décarbonation à l’échelle mondiale. C’est, en effet, à cette date que vient d’être inaugurée Northern Lights, la première usine au monde de transport et de stockage transfrontalier de CO2. Lancée à la fin de l’année 2020, la première phase du projet vise à stocker du carbone dans un réservoir géologique situé au fond de l’océan, à environ 2 600 mètres sous le niveau de la mer. Le réservoir était un aquifère marin situé sous la mer du Nord, qui contenait de l’eau salée. La taille de ce réservoir est suffisante pour permettre la séquestration de millions de tonnes de CO2 par an pendant plusieurs décennies.

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La première étape du projet, qui vient tout juste d’être inaugurée, devrait permettre le stockage de 1,5 million de tonnes de CO2 par an pour des industriels. La deuxième phase est déjà en cours de préparation, et vise à augmenter les capacités de stockage à 5 millions de tonnes de CO2 par an.

En Norvège, Northern Lights fait partie d’un projet plus vaste, répondant au nom de Longship. Celui-ci consiste à mettre en œuvre une chaîne de valeur complète pour la capture, le transport et le stockage des émissions de CO2 industrielles. Lui aussi devrait être opérationnel en 2025. Il comprend la capture du CO2 de l’usine de ciment Heidelberg Materials, située à Brevik, ainsi que la capture des émissions de Hafslund Celsios. Ce CO2 capturé devrait entre être transporté par navire jusqu’à l’installation terrestre de Northern Lights, qui se situe à Øygarden. D’ici, le CO2 sera transporté par pipeline jusqu’à l’entrée du puits, avant d’y être injecté. À elles deux, ces entreprises devraient envoyer près de 800 000 tonnes de CO2 par an à Northern Lights, soit l’équivalent de 1,6 % des émissions de la Norvège.

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Le stockage du carbone, seul espoir d’une décarbonation réussie ?

Pour l’heure, le CSS (Carbon capture storage) est encore peu répandu. En 2022, environ 44 millions de tonnes de CO2 ont été captées sur 35 sites en exploitation à travers le monde. Cela représente environ un millième des émissions de CO2 d’origine humaine.

Pourtant, il constitue un outil considérable pour réduire l’impact humain sur l’environnement. D’ailleurs, l’Europe compte beaucoup sur le stockage du carbone pour atteindre ses objectifs de décarbonation. Dans un rapport de février 2024, la Commission européenne a indiqué viser une capacité de stockage de 280 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2040, et 450 millions de tonnes d’ici 2050.