La nouvelle a fait la une de l’actualité : Orano vient de perdre le permis d’exploiter l’une des futures plus grandes mines d’uranium au monde. Si cette nouvelle n’a en réalité que très peu d’impact sur le futur approvisionnement français en matière d’uranium, elle constitue une bonne occasion de faire le point sur les mines fournissant du combustible nucléaire à EDF. 

Orano vient de perdre son permis d’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren, considérée comme l’un des plus grands gisements d’uranium au monde avec un potentiel estimé à 200 000 tonnes. Selon la junte militaire, qui contrôle le Niger depuis un an, le spécialiste français du combustible nucléaire n’aurait pas commencé les travaux exploratoires dans les temps. Malgré cet échec, l’entreprise se veut rassurante, et cette nouvelle n’aura aucun impact sur l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises à court et moyen terme. D’abord, EDF, qui consomme chaque année environ 7 000 tonnes d’uranium, dispose d’importants stocks de combustible permettant d’alimenter tous ses réacteurs pendant une dizaine d’années. Mais surtout, pour justement éviter toute rupture d’approvisionnement, l’énergéticien français utilise de l’uranium en provenance des quatre coins du globe.

EDF se fournit principalement chez Orano

En tête des fournisseurs d’EDF en matière d’uranium, on retrouve Orano. Issue du démantèlement d’Areva en 2018, l’entreprise se charge de toutes les étapes de gestion du combustible nucléaire, depuis les travaux exploratoires destinés à trouver de nouveaux gisements, jusqu’au recyclage du combustible usagé. Orano exploite actuellement de nombreuses mines d’uranium au Canada, au Kazakhstan et au Niger. Au Canada, on recense deux des gisements les plus prolifiques au monde du fait d’une très forte teneur en uranium. Ces deux mines, découvertes au cours des années 1980, sont situées dans le nord de la province du Saskatchewan. Celle de McArthur River, qui utilise des techniques d’exploitations uniques pour éviter tout contact entre les mineurs et le minerai, produit 7 700 tonnes d’uranium par an.

Au Kazakhstan, Orano exploite également les gisements de Muyunkum et de Tortkuduk, qui pourraient être agrandis dans les années à venir. Enfin, si le groupe français a perdu le droit d’exploiter la mine Imouraren, elle reste présente au Niger et exploite le vaste site d’Arlit, situé dans le désert de l’Aïr. Celui-ci, découvert par le CEA dans les années 1950, est cependant en fin de vie, tout comme le site voisin de Cominak qui a finalement été fermé en 2021. Ces trois pays que sont le Niger, le Canada et le Kazakhstan, constituent le trio de tête des pays fournisseurs de l’Europe en matière d’uranium. En prévision, Orano mène également des programmes d’explorations et des tests d’exploitation en Ouzbékistan ainsi qu’en Mongolie. La France a d’ailleurs signé un protocole d’accord pour l’exploitation de la mine d’uranium mongole de Zuuvch Ovoo à partir de 2028.

Des mines sur le sol français

Jusqu’en 2001, la France comptait plusieurs sites d’exploitations d’uranium, principalement dans le Massif Centrale, la Bretagne et la Vendée. Du fait d’un manque de rentabilité, tous les sites seront progressivement fermés. Au total, la France aura compté 210 mines, produisant environ 76 000 tonnes d’uranium civil et militaire.  

Les autres fournisseurs

Malgré la longue liste des sites exploités par Orano, EDF a également d’autres fournisseurs, permettant notamment de multiplier les sources, et donc d’assurer la sécurité de l’approvisionnement français en combustible nucléaire. Selon une note parue en mai 2022 portant sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) du kWh nucléaire, EDF indique que son approvisionnement en uranium provient à 21 % du Canada, 18 % de la Russie, 18 % du Kazakhstan, 17 % du Niger, 16 % de l’Australie et enfin 10 % de Namibie. Ces deux derniers pays possèdent, en effet, des mines d’uranium d’envergure internationale.

En Australie, l’Olympic Dam, située dans le sud du pays, est considérée comme la plus grande ressource d’uranium au monde. La Namibie fait aussi partie des plus grands producteurs d’uranium au monde, en particulier grâce à la mine de Rössing. Enfin, la Russie compte parmi les acteurs majeurs de l’exploitation de l’uranium avec, par exemple, le site de Krasnokamensk, plus grande mine du pays. Cette diversité de fournisseurs permet à la France d’assurer un approvisionnement constant, et ce, malgré la fluctuation de la situation géopolitique mondiale.

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