La Start-Up bretonne Sweetch Energy s’est associée à la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), premier producteur français d’électricité 100 % renouvelable, pour lancer un projet ambitieux. Il s’agit de construire la première usine pilote de production à grande échelle d’électricité osmotique en France. Le site sera établi dans le delta du Rhône d’ici 2023. C’est le premier partenariat industriel français dans ce secteur.
Le but d’une telle installation est d’utiliser le potentiel incroyable de ce que l’on nomme l’« énergie bleue ». D’après Sweetch Energy, la production mondiale que l’on peut attendre de cette énergie est de l’ordre de 27 000 TWh par an, ce qui correspond à la consommation d’électricité de toute l’humanité.
Le sel au services des énergies renouvelables
Pour rappel, le fonctionnement d’une centrale de production osmotique repose sur le principe qui veut qu’un flux se crée naturellement entre deux milieux aquatiques qui présentent une salinité différente. Une membrane semi-perméable sépare deux compartiments : le premier est rempli d’eau salée pompée par exemple dans la mer et le second contient de l’eau douce en provenance d’un fleuve. L’absence de sel d’un côté fait migrer l’eau vers le milieu aquatique salé de l’autre côté.
Deux technologies peuvent être utilisées dans ce cadre. Soit l’osmose à pression retardée (PRO) qui nécessite l’emploi d’une membrane laissant passer l’eau douce uniquement. Soit l’électrodialyse inverse (RED) qui suppose à l’inverse que la membrane ne permette le passage qu’un seul type des ions du sel (ou chlorure de sodium) dissous dans l’eau. Ceux de sodium, chargés positivement en électricité, se concentrent dans le premier compartiment tandis que le second s’enrichit en ions de chlore chargés négativement, créant ainsi une pile électrique génératrice de courant.
L’intérêt de ces procédés est qu’ils sont totalement naturels, renouvelables et qu’ils ne risquent pas de s’exposer à une pénurie puisque l’eau salée est omniprésente sur la planète.
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Créée en 2015 à Rennes et forte d’une vingtaine de collaborateurs, Sweetch Energy s’est fixée comme objectif ambitieux de participer à la neutralité carbone d’ici 2050 tout en répondant aux besoins en électricité en constante augmentation de la population. Dans ce sens, le CEO et co-fondateur de Sweetch Energy, Nicolas Heuzé a indiqué que la mission de la start-up est de « repousser rapidement et de façon décisive les limites des énergies renouvelables ».
Ce nouveau procédé est une aubaine pour l’avenir énergétique français puisqu’il participerait à la diversification du mix énergétique en misant sur une source d’énergie naturelle et renouvelable. La CNR et Sweetch Energy estiment en effet que l’utilisation de l’énergie osmotique permettrait d’atteindre une part des énergies renouvelables de plus de 65 % dans le mix énergétique.
À lire aussi L’Europe veut booster les énergies marines renouvelables pour atteindre les objectifs climatiquesLa technologie a déjà été testée à l’étranger sans succès
L’utilisation de la technologie osmotique n’est pas nouvelle puisqu’une centrale de ce type a déjà vu le jour en Norvège, en 2009, avant d’être abandonnée quelques années plus tard en raison du manque de compétitivité du procédé. D’autres expérimentations ont eu lieu au Japon et aux États-Unis, sans grand succès non plus. Dans ces différents exemples, la technologie utilisée était celle de l’osmose à pression retardée.
Le problème résidait dans la membrane utilisée pour permettre le flux de l’eau. Elle était coûteuse et nécessitait une superficie gigantesque pour pouvoir fonctionner.
Au final, la technologie a été jugée pas assez développée à l’époque.
Pour avoir un exemple d’utilisation de l’électrodialyse inverse, il faut se tourner vers les Pays-Bas où un prototype a été testé en 2014 sur la digue d’Afsluitdijk, sans pour autant qu’un projet de construction d’une véritable centrale osmotique n’en découle par la suite.
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La nouvelle centrale française devrait être mise en service fin 2023. Elle s’appuiera sur la technologie INOD (« Ionic Nano Osmotic Diffusion ») qui utilise une nouvelle génération de membrane installée entre les deux milieux aquatiques et permettant d’accélérer le processus d’osmose.
Avant la mise en service de l’installation, une phase de tests sera réalisée par un laboratoire de la CNR, notamment afin de déterminer l’emplacement le plus approprié dans le delta du Rhône pour construire la centrale.
Dans un communiqué de presse commun diffusé le 14 février 2022, Sweetch Energy et la CNR ont annoncé que l’objectif fixé est la production sur ce site de plus de 4 millions de MWh chaque année à un tarif compétitif, d’ici 2030. Cela correspond au double de la consommation annuelle des habitants de la ville de Marseille.
La production osmotique électrique devrait donc permettre aux énergies renouvelables de se déployer davantage dans les années à venir, en complétant les technologies existantes que sont l’éolien terrestre et marin ainsi que le photovoltaïque.
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Le site de Sweetch ne donne pas d’information sur la manière dont ils comptent s’affranchir d’un gros problème des membranes à « nano-trous » : elles se bouchent facilement hors des conditions de pureté de laboratoire… Dommage, ça permettrait des commentaires plus intéressants que « Enfin le Graal des énergies renouvelables » ou « Totalement bidon » !
Il n’y a eu à port saint louis du Rhône aucune information sur le lieu exact de l’implantation de votre projet . Nous sommes sur une zone protégée dans le parc régional de Camargue .Si vous avez plus d’informations je suis preneur.
L’étape suivante de nos brillants ingénieurs energeticiens du renouvelab’, c’est quoi ? les piles-patate ? XD
Combien de millions de subventions vont être claqué dans cette énième startup bidon qui disparaîtra avec le pognon sans avoir produit quoi que ce soit, comme tant d’autre ?
Si les premiers essais n’ont pas été couronnés de succès on aimerait quand même d’abord voir ce que la technique peut apporter sur cette idée, avant de se lancer ans un projet type EPR Flamanville où on sera confronter a une multitude des difficultés techniques qui restent à résoudre.
Tous les projets actuels de développement du système électrique sont des paris technologiques. A commencer par les projets de mix électriques 100% renouvelables, qui supposent de développer en parallèle des moyens de stockage considérables (hydrogène) dans un délai de 15 à 20 ans, dont nous n’avons aujourd’hui pas le moindre soupçon de mise en oeuvre ni même de faisabilité, à cette échelle et dans un délai aussi court. Si on n’y arrive pas, le 100% renouvelable restera une utopie et les conséquences sur le climat seront dévastatrices. Ce n’est pas une raison pour ne pas faire de la recherche dans… Lire plus »
Avant de faire monter les gens dans des avions commerciaux on s’est assuré que c’était fiable. Avant de planter des éoliennes partout on aurait dû attendre de trouver le moyen de stocker l’électricité…
Dans le delta du Rhône ??? A quel endroit ?? La camargue est protégée A lire l article tous les projets ont capotés
Projet prometteur, mais est-ce que les projections incluent les besoins en électricité pour charger les véhicules électriques pour le futur ?
Bonjour, c’est intéressant mais le plus important semble vous avoir échappé. Contrairement à l’éolien et au photovoltaïque dont les intermittences posent de gros problèmes dès qu’elles atteignent une part importante de la production électrique, la production osmotique est « pilotable », comme l’est la production hydraulique en grande partie. Si le projet aboutit, il ne permettra pas de « compléter » les énergies du soleil et du vent, mais il permettra de réduire leur part dans le mix et d’éviter des dispositifs de stockage titanesques, tout en portant la part du renouvelable à un niveau très élevé. C’est ce que font avec l’hydraulique des… Lire plus »
Monsieur, votre commentaire fait preuve d’une grande ignorance des technologies qui régissent les réseaux électriques ou d’un lavage de cerveau intense par le lobby nucléaire à moins que vous soyez vous-même un de ces lobbyistes. Je ne vais plus perdre du temps à vous répondre, nous avons déjà publié assez d’articles sur le sujet qui permettront à ceux qui veulent un minimum s’informer auprès de sources sérieuses et qui ne partent pas du principe que la France est une île isolée, de comprendre pourquoi vous êtes complètement à côté de la plaque.
Mais bien sûr, le lobby nucléaire encore lui. La défaite idéologique est amère visiblement !
Combien ont investi les allemands dans les panneaux et éoliennes ces dernières décennies ? Et quelle est leur dépendance au gaz russe ? Ces technologies ne peuvent pas tout et le foisonnement n’existe pas dans les proportions que vous sous-entendez
Je trouve assez cocasse d’accuser de lobbyisme pro nucléaire un intervenant qui, de plus, ne semble pas particulièrement hostile aux énergies renouvelables, alors que dans le même temps, quand on clique sur votre pseudo, on tombe sur la page d’une coopérative « verte » en pleine levée de fond 😂
Pas d’info sur les subventions pour un tel projet ni sur le coût du projet ?
€/kWh ?