En visite à Châtellerault à l’occasion de l’inauguration officielle de la Fabrique Sunstyle, Barbara Pompili a fait savoir qu’elle donnerait un coup d’accélérateur à la filière du solaire intégré au bâti. Une aide bienvenue pour les tuiles solaires Sunstyle 100% made in France. Mais celles de Tesla se font toujours attendre en Europe.
« Le développement du solaire en toiture est aussi une question d’esthétisme. C’est pourquoi je suis fière de vous annoncer que nous allons donner un coup d’accélérateur à la filière du solaire intégré au bâti avec l’octroi d’un bonus pour ceux qui choisiront ces technologies en 2020 et 2021 » a déclaré la ministre de la Transition écologique. En outre, Barbara Pompili a expliqué que la baisse trimestrielle au 1er octobre 2020 du tarif d’achat pour le solaire sur bâtiment va être limitée à 3,8% contre les 8,7% prévus initialement par la formule de calcul en vigueur. Quant à Eric Scotto, président de Sunstyle International, il a annoncé son ambition de produire 1 million de kW de tuiles photovoltaïques à l’horizon 2025.
Bertrand Piccard, aviateur et pilote du Solar Impulse était présent à l’événement. Les tuiles solaires Sunstyle ont en effet été labellisées par sa fondation en tant que technologie innovante pour protéger l’environnement. « Même si l’urgence climatique n’existait pas, la technologie Sunstyle serait une solution logique pour le secteur du bâtiment. De plus, grâce à leur esthétisme, il n’y a plus aucune raison de ne pas les déployer à grande échelle et accélérer la transition énergétique » a déclaré l’aéronaute suisse.
Cerise sur le gâteau, les tuiles Sunstyle ont été choisies pour équiper le Pavillon France de l’exposition universelle de Dubaï, qui se tiendra du 1er octobre 2021 au 31 mars 2022 aux Emirats arabes unis.
Pourquoi des tuiles solaires ?
Les tuiles solaires sont des mini-panneaux photovoltaïques de 87 x 87 cm qui remplissent une triple fonction : production électrique, étanchéité et esthétisme. Leurs qualités décoratives permettent, en formant une couverture uniforme, de respecter les traditions architecturales locales, et de répondre aux exigences des Architectes et Bâtiments de France[1]. Elles couvrent le toit en lieu et place d’une tuile ordinaire.
Certains fabricants proposent des tuiles solaires ondulées. Certes, ce format s’intègre très bien à l’architecture locale, mais il n’est pas idéal, car il limite la surface de la partie photovoltaïque et l’ombre générée par la rondeur de la tuile peut perturber la production d’électricité.
Une concurrence déjà bien en place
Plusieurs entreprises sont présentes sur ce créneau avec des produits différents. Chez Sunstyle, la production électrique d’une tuile noire est de 115 watts-crête (Wc), et de 85 Wc si la tuile est colorée. A titre de comparaison, de nombreux panneaux solaires offrent une puissance[2] comprise entre 320 et 280 W pour une surface d’1 m sur 1,70 m. Un petit calcul permet donc de constater que la puissance d’une tuile solaire est comprise entre 152 et 112 Wc/m² de surface, alors que les panneaux photovoltaïques classiques produisent entre 188 et 164 Wc/m². Certains panneaux atteignent même 235 Wc/m².
La technologie Sunstyle a été certifiée par le TÜV Rheinland et a reçu l’agrément du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). Elle est donc conforme aux normes françaises et internationales les plus rigoureuses en matière d’éléments de construction et de bâti.
Chez ISSOL, entreprise belge spécialisée dans le BIPV (Building Integrated PhotoVoltaïc), les ingénieurs, en partenariat avec le CSEM[3] de Neuchâtel (Suisse), ont mis au point la « Solar-Terra », une tuile photovoltaïque, semi-mat et d’aspect traditionnel dont la couleur imite la terre cuite. Le défi technologique qui a permis cette réalisation consistait à obtenir une tuile d’une couleur homogène sur sa face intérieure et parfaitement translucide, de sorte que la lumière du soleil atteigne les cellules sans trop de perte d’énergie. Le résultat esthétique est surprenant.
Quant aux tuiles solaires Tesla, annoncées depuis belle lurette, leur arrivée en Europe se fait toujours attendre. « Nous n’avons aucune information précise à communiquer » déclare le constructeur californien.
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Une technologie attrayante, mais à quel coût ?
Pour un toit de tuiles solaires, il faut généralement compter entre 5 et 7 € le Wc installé. Si le prix peut paraître élevé, certains fabricants proposent des tuiles plus larges, qui occupent la même surface que 4 à 8 tuiles ordinaires. Un peu moins discrètes, elles sont plus abordables financièrement : entre 2,50 et 3 € le Wc installé, TVA comprise.
Selon Sunstyle, le coût de l’équipement est amorti au bout de 10 à 14 ans. D’autres marques annoncent un retour sur investissement après 15 à 20 ans. De son côté Tesla assure que l’installation d’un toit complet avec sa technologie Solar Roof s’amorti en six ans par la réduction de la facture d’électricité. Mais ce calcul est sans doute basé sur la générosité du soleil californien ; le produit sera certainement moins rentables sous les cieux européens.
Chez nous, le rendement des tuiles solaires est donc sensiblement inférieur à celui des panneaux classiques, mais un de leur avantage est de pouvoir bientôt couvrir des dizaines de bâtiments classés, lesquels n’ont jusqu’ici jamais été autorisés à être équipés d’une technologie photovoltaïque. N’est-ce pas une bonne nouvelle pour l’environnement !
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[1] Les Architectes et Bâtiments de France (ABF) sont des fonctionnaires français qui appartiennent à la section « patrimoine » du corps des Architectes et urbanistes de l’Etat (AUE). Ils ont dans leurs missions l’entretien et la conservation des monuments protégés ou non.
[2] En conditions STC (Standard Test Conditions) : irradiance 1000 W/m² et température des cellules à 25°C.
[3] Centre Suisse d’Electronique et de Microtechnique.
Commentaire
enfin un fabricant attaque le grand marché ees zones soumises a l'avis autoritaire -et souvent arriéré- des abf, dont mon cas. d'un devis de 7000 euros, et apres 3 ar avec les abf, je suus passé a 14000 euros pour satisfaire leurs conditions. hors de prix, je passe donc au plan b, un carport solaire qui ne se voit pas car trop bas, et qui est donc autorisé avec des panneaux pv normaux bien moins chers.