Trafic aérien : the sky is the limit


Trafic aérien : the sky is the limit

L’aviation civile s’engage timidement dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais le secteur n’est soumis à aucune réglementation

C’est une situation incompréhensible. Les compagnies aériennes n’ont jamais été aussi prospères, le volume du fret aérien aussi important, les commandes d’avions aussi nombreuses. 400 aéroports sont en construction à travers le monde, le nombre de passagers transportés par avion est en pleine explosion. Conséquence : on prévoit que les émissions de dioxyde de carbone liées à l’aviation doublent ou triplent d’ici à 2030.

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Le rapport du GIEC (Groupe International d’Experts sur le Climat), évalue même l’augmentation du niveau des émissions de dioxyde de carbone liées aux avions jusqu’à un facteur dix d’ici à 2050, par rapport à 1992.

Et paradoxalement, le trafic aérien est absent de l’accord de Paris, mais également de toutes les conventions climatiques internationales.

Dans la plupart des pays, l’avion bénéficie d’un traitement de faveur par rapport à d’autres modes de transports, en étant exonéré de nombreuses taxes. Exemple : l’absence de taxe sur le kérosène ou de TVA sur les billets d’avion. Ces cadeaux fiscaux non seulement plombent le budget de l’Etat français, mais surtout causent un dommage incommensurable à l’environnement.

Certes, les 191 membres de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) ont pris la décision de limiter la contribution du secteur aérien au réchauffement climatique, et se sont accordés pour maintenir d’ici à 2035 les émissions de gaz à effet de serre au niveau qui sera atteint en 2020.

Un accord auquel personne ne croit, car les chances d’atteindre l’objectif fixé sont minces : mécanismes d’exemption, objectifs reposant en grande partie sur une base volontaire, mais surtout opposition inébranlable de la Russie et de l’Inde.

On pourrait alors s’accrocher à l’espoir que les avions de demain soient plus performants, et nettement moins gourmands en kérosène.

« On peut encore gratter 15 % d’économie par rapport à ce qui se fait de mieux actuellement », affirme Daniel Gaffié, de l’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatiales).

“Même avec une baisse de 40 à 50 % des dépenses de carburant, n’oublions pas que le trafic aérien va être multiplié par 3 à 20, nous allons donc assister à une sérieuse aggravation de la pollution”, souligne David Green, coauteur du rapport du GIEC.

Quel est le véritable impact de l’aviation sur l’environnement ?

Selon certaines sources, l’aviation serait responsable de 2% des émissions globales de CO2.

Aujourd’hui, en y incorporant les émissions d’oxyde d’azote et les nuages de trainée, l’impact est évalué à 5% des émissions globales.

Un niveau qui pourrait paraître peu significatif, si ce n’est qu’entre 1990 et 2010, les émissions de CO2 liées à l’aviation ont augmenté de 70%, dépassant de loin l’augmentation de 25% des émissions globales pendant la même période. Il y a donc matière à s’inquiéter.

Le problème des émissions liées à l’aviation est moins la quantité de CO2 émise par passager (le niveau par passager est inférieur à celui d’une voiture qui transporte 2 ou 3 personnes) que le véritable besoin de se déplacer en avion.

Si le « coût-réalité » était appliqué au secteur aéronautique, c’est-à-dire le prix du billet prenait en compte l’impact carbone, l’impact santé, avec toutes les conséquences en matière de pollution de l’air, de soins médicaux, de perte de biodiversité, etc., il en serait fini des vols à 50 € pour se rendre à Barcelone.

Et le train serait probablement réhabilité pour des trajets de petite ou moyenne distance.

Cette explosion des émissions liées à l’aviation fait craindre aux experts que l’espoir de contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2° ne s’envole en fumée.

Il faut savoir que, pour éviter une augmentation de la température globale de 2°, nous disposons encore d’un « crédit » de 800 milliards de tonnes de CO2. Or l’aviation, à elle seule, pourrait consommer un quart de ce budget disponible d’ici à 2050.

Des solutions existent

Pour éviter les long-courriers, il est recommandé d’opter pour des vacances en France, ou des destinations accessibles en train et covoiturage.

A la place des vols petit et moyen-courriers à l’intérieur de l’Europe, il est facile de privilégier le TGV, quitte à louer un véhicule sur place pour quelques excursions.

En ce qui concerne les vols professionnels, il faut s’efforcer de privilégier les conférences vidéos, ou, quand le trajet le permet, tenter de se déplacer en train.

Plus de 40% des vols intérieurs en France sont des déplacements professionnels.

Et comme un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, voici une infographie qui en dit long sur l’importance du choix de nos modes de transport.

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