Un chargement d'ammoniac destiné à l'agriculture / Illustration : Getty.
Des scientifiques ont découvert un nouveau matériau qui permet de stocker puis de libérer de l’ammoniac plus simplement que les méthodes habituelles. Cette percée pourrait profiter au secteur énergétique grâce à l’hydrogène contenu dans chaque molécule d’ammoniac, mais également à diverses industries qui utilisent ce composé dans leurs processus.
Souvent salué comme le carburant du futur, l’hydrogène est considéré par certains experts comme étant une alternative viable aux combustibles fossiles. Cependant, un des défis majeurs de son exploitation réside dans son stockage. L’hydrogène, par nature, est un élément volatil, évasif et hautement inflammable. Son statut d’atome le plus petit de l’univers, et donc sa légèreté, lui permettent de s’échapper par les plus petits interstices, ce qui nécessite des technologies sophistiquées pour assurer son confinement à des températures basses et sous des pressions élevées.
Dans ce contexte, l’idée de « stocker » l’hydrogène dans une autre molécule devient particulièrement intéressante. C’est ici que l’ammoniac, de formule chimique NH3, pourrait être la solution, puisqu’il contient trois atomes d’hydrogène représentant près de 20 % de sa masse totale. Cette caractéristique a suscité l’intérêt des chercheurs comme potentiel vecteur de stockage d’hydrogène.
À lire aussi Les pérovskites partent à l’assaut du marché solaireToutefois, cette alternative n’est pas sans difficulté. L’ammoniac est un gaz fortement corrosif, posant ainsi des complications pour son stockage et son utilisation. La méthode la plus couramment utilisée pour le stocker consiste à le liquéfier à des températures négatives dans des récipients résistant à une forte pression. C’est là que la découverte récente d’un groupe de chercheurs du Centre RIKEN pour la Science de la Matière Émergente (CEMS) au Japon prend toute son importance. Ils ont trouvé une nouvelle manière de gérer ces défis grâce à l’usage d’une certaine forme de pérovskite. Cette découverte pourrait-elle changer la donne dans notre quête d’un avenir énergétique plus durable et sans carbone ?
Une alliée inattendue : la pérovskite
Le composé découvert par ces chercheurs japonais est un certain type de pérovskite, dont la formule chimique est CH3CH2NH3PbI3. Ce matériau cristallin se distinguerait par son potentiel à faciliter le stockage et l’extraction de l’ammoniac, permettant une utilisation plus sûre et plus pratique de cette molécule comme porteuse d’hydrogène.
La spécificité de ce composé réside dans sa capacité à changer de structure lorsqu’il est en contact avec l’ammoniac. En absorbant du NH3, la pérovskite change de structure chimique, optimisant ainsi son efficacité d’absorption. Cette technique de stockage se révèle plus simple et moins contraignante que la méthode traditionnelle de liquéfaction de l’ammoniac.
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De plus, une fois le NH3 extrait, la pérovskite retrouve sa structure originelle. Cette caractéristique la rend apte à être réutilisée pour de nouveaux cycles de stockage et d’extraction, offrant un avantage indéniable en termes d’efficacité et de durabilité.
Diverses applications
Cette découverte pourrait avoir une implication importante dans la transition énergétique. En effet, l’hydrogène est au cœur des discussions autour de l’énergie propre, et son stockage sûr et efficace est un enjeu clé pour son adoption à grande échelle. La possibilité d’utiliser l’ammoniac comme un support d’hydrogène est une perspective enthousiasmante qui pourrait révolutionner la façon dont nous envisageons le stockage de l’énergie.
L’impact de cette découverte ne se limite pas uniquement au secteur énergétique. En effet, l’ammoniac est largement utilisé dans divers autres secteurs, notamment la production d’engrais, de produits pharmaceutiques et de textiles. Une méthode plus sûre et plus économique de stocker et de manipuler ce produit chimique corrosif pourrait donc bénéficier à une multitude d’industries.
Commentaires
L’article donne la formule du perovskite utilisé ( avec un doute sur l’amine : plutôt CH3CH2NH2 : éthylamine que CH3CH2NH3), mais pas celle lorsqu’il a fixé de l’ammoniac : une ou plusieurs molécules? Le plomb deviendrait pentavalent ou plus ?
L’article insiste à juste titre sur la difficulté du stockage de l’hydrogène. Celle-ci est déjà en bonne partie résolue : voir par exemple les réservoirs pour les voitures à hydrogène.Mais pourrait l’être complètement avec une double enceinte, comme indiqué lors de l’exposé participatif sur l’hydrogène de la SEPRA81 ( cf. son site) en septembre dernier.
En fait la formule donnée est correcte, en considérant un atome d'Iode comme anion et le reste comme cation.Cela doit résulter de la réaction de l'éthylamine avec PbI3.Sans doute la substitution d'un atome d'iode peut se poursuivre avec l'ammoniac. Si au lieu de l'éthylamine on substituait dès le départ le premier atome d'iode par l'ammoniac, compte tenu de sa gène stérique moindre , cela faciliterait la deuxième voire la troisième substitution.
Chauffer ! C'est consommer (perdre) de l'énergie, non ?
Et ça va réchauffer la planète...
article tres interessant et apportant des connaissances utiles. Bravo
Et en système complet, cela coute combien !?
Ca risque de promettre quelques % de pertes un peu de partout... Mais y a t'il le choix sur le Long terme !?