Le réservoir supérieur de la STEP de Montézic (Aveyron) / Image : Révolution Énergétique.
La France développe l’éolien, le solaire et le nucléaire, mais pas le stockage de grande ampleur. Un immobilisme surprenant, alors que de nombreux pays développent massivement les batteries, STEP et autres technologies qui rendent le réseau électrique moins carboné, plus flexible et résilient. Pourquoi une telle inertie ? Le stockage est-il la pierre angulaire de la transition énergétique ? Éléments de réponse dans le second épisode du podcast Révolution Énergétique.
La plupart des scénarios énergétiques du futur montrent un intérêt limité au stockage d’électricité en France. Ni le gestionnaire du réseau national (RTE), ni la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), ni l’ADEME, ni les associations comme Négawatt, estiment les batteries et autres systèmes d’accumulation d’énergie comme un incontournable de la transition énergétique. À l’inverse, le scénario « Terrawater » élaboré par l’association « Les voix du nucléaire » prévoit une expansion considérable des stations de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP).
Benjamin Laredo, étudiant ingénieur et rédacteur principal de ce scénario, est l’invité du second épisode du podcast Révolution Énergétique. Il évoque l’importance du stockage de grande ampleur pour remporter le défi de la transition énergétique, quel que soit le mix bas-carbone choisi. Qu’il y ait plus d’éolien et de solaire que de nucléaire, ou l’inverse, le stockage serait le meilleur allié des énergies décarbonées.
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Commentaires
Le stockage est omniprésent, quand on parle d’énergie.
Lorsqu'on parle des énergies pilotables, la STEP est un mode de stockage pour l'hydraulique.
Pour le nucléaire, le stock, c'est tout simplement la quantité d'uranium U235 dans la cuve.
Pour les centrales fossiles, le stock c'est tout simplement la réserve de fioul ou de gaz ou de charbon.
Dans ces 3 exemples, le stock constitué est stable.
Pour le modèle le plus approchant, à savoir la STEP, pomper pour remonter l'eau en haut comporte sa part de perte : aucun rendement n'est à 100%. Disons 80%-90% pour chaque remontée d'eau.
Stocker l'énergie produite par les ENRi aura sa part de perte. Mais le stockage sous forme thermique sera rapidement rattrapé par la perte calorifique durant le stockage. Le stock ainsi constitué ne sera pas stable sur une période de plusieurs mois.
Les ENRi seront chères en raison de la nécessité d'accouplement à une méthode de stockage, qui représente au final, au mieux, triple-investissement. Quand on vous annonce un prix du MWh d'origine ENRi, il faut donc en réalité multiplier son prix par + de 3.
Par ailleurs, il faut comprendre que la création d'un lac pour une STEP, aura une existence potentielle de plusieurs centaines d'années. Dans le cas des ENRi, le stockage sous forme de batteries aura une durée de vie beaucoup plus courte, donc nécessité de ré-investir. Dans le cas d'un stockage thermique, la durée de vie est probablement plus difficile à évaluer.
Pour l'instant, je conserve mon opinion qu'il vaut mieux flécher l'énergie électrique produite par les ENRi, extrêmement variable, vers la production flexible de e-combustibles, stockables de façon stable. En continuant la R&D sur le rendement de production de ces E-combustibles. Si la R&D permet d'attendre ou dépasser les 80% de rendement, ce sera "dans la poche".
Il faut savoir qu'une partie de l'industrie continuera à avoir besoin d'énergie sous forme liquide ou gazeuse. Certains céramistes, par exemple, ne parviennent pas encore à remplacer les fours à gaz par de fours électriques, pour des raisons de qualité de la cuisson.
Le stockage est indispensable aux énergies renouvelables, comme il l'est pour toutes les énergies ! Mais en France, il se heurte aux lobbys des fossiles et de l'atome qui voient là un sérieux concurrent à leur modèle productif.
Pourquoi le stockage ? Parce que le prix de tout ce qu'on consomme dépend du prix de l'énergie. Réduire le prix de l'énergie c'est donc maitriser l'inflation qui résulte de notre dépendance aux pays producteurs et aux importateurs .
Le stockage des Enr permettrait donc de ne plus dépendre des importations , des conditions météo ou de la lumière du jour. .
Faire des stocks permettrait également d'évaluer les besoins d'énergie, afin de faire correspondre ,consommation et moyens productifs (éoliennes ou solaire et stockage).
Actuellement on construit beaucoup d'éoliennes ou des fermes solaires dans le monde, sans pouvoir dire à quel moment ces moyens seront suffisants ? C'est la modèle Allemand qui est bancal, mais qui à le mérite d'avoir ouvert une voie !
Enfin il faut pouvoir évaluer chaque système pour savoir celui qui présente le moins de risques ou d'inconvénients et qui coûte le moins cher ? Mais ça ne pourra se faire, que quand on saura stocker économiquement les Enr.
En attendant ridiculiser les Enr incapables d'assumer la continuité d'un service pourtant essentiel à la société moderne, permet de retourner l'opinion favorable aux énergies renouvelables , et donc de retarder l'avènement de ces projets essentiellement stratégiques et porteurs d'avenir, que sont l'exploitation du soleil et du vent pour le monde.
Contruire des éoliennes et du solaire, ce n'est pas LE modèle allemand, c'est ce que TOUT les pays font en ce moment. Et l'Allemagne sait très bien combien il faut en construire pour que ce soit suffisant et que du stockage sera absolument nécessaire après 2035 lorsque la production ENR commencera à dépasser assez fréquemment la consommation: la question est la mise en oeuvre. Mais c'est un problème partagé par tout les autres pays: personnellement je doute très fortement sur le fait que les nouveaux EPR soit en service en 2035, il faudra plutôt compter milieu des années 40 où encore que les SMR soit opérationnels avant la moitié du siècle. Et pour le prix final il faudra compter au moins le double de celui prévu.
L'Ademe estime les besoins de stockage inter-saisonnier à 40 Twh dans ses études, donc on peut pas dire qu'elle estime que stockage n'est pas nécessaire.
Même chose pour Negawatt: ils estiment eux aussi que le stockage est indispensable et estiment dans leur scénario un besoin de 122Twh de stockage intersaisonnier.
... Et RTE a aussi étudié les besoin de stockage nécessaire selon selon ses differents scénarios (voir son étude futur énergétique 2050 dans la partie sécurité d'approvisionnement)
Bonjour, pourquoi lorsque l'on parle de stockage massif d'énergie, personne ne parle du stockage thermique, qui pourrait aussi être très utile dans le scénario TerraWater car ils proposent d'électrifier l'industrie (et donc les hautes températures) à 100% ? Dans les pays ne disposant pas de relief (comme les Pays-Bas) pour y mettre des STEP, le stockage thermique (hebdomadaire voire inter-saisonnier) pourrait être une bonne alternative utilisant peu de matériaux stratégiques et peu d'espace, peu polluant et ayant une durée de vie élevée.
Bonjour,
Le stockage intersaisonnier de chaleur via injection en couche géologique est en effet une technique intéressante, même si elle ne répond en pratique qu'au besoin de chaleur basse température. Il y a un très fort potentiel si on le couple à de la congénération nucléaire par exemple, car celle-ci nécessite de sacrifier environ 1/3 de la production électrique. Or si on prélève cette chaleur nucléaire l'été au moment où de toute façon la production est excédentaire, alors on peut alimenter des gros réseaux de chaleurs pendant tout l'hiver jusqu'à l'été suivant.
Et c'est effectivement un des ajouts qui sera réalisé dans la 2e version de TerraWater.
Mais il faut quand même garder à l'esprit que la majorité du chauffage en 2050 se fera via le vecteur électrique, et que les STEP permettent également de servir de police d'assurance si le choix d'orientation énergétique change drastiquement au cours des prochaines décennies, sans compter bien entendu les co-usages uniques aux installations hydroélectriques.
On n'en parle peut être pas beaucoup en France parce toute la discussion est focalisé sur l'électricité. Le stockage de chaleur va en effet jouer un rôle très important: l'Allemagne y travaille activement avec un démonstrateur déjà en service. l'ordre de grandeur temporel est plutôt journée/quelques semaines, ensuite les pertes et le rendement baisse pour être vraiment utilisable en intersaisonnier. Mais ça pourra en effet être très utile pour aider à passer les semaines hivernales sans vent.
Bonjour, je ne trouve toujours pas votre podcast sur la plateforme Apple. ni ce premier ni le deuxième épisode.
Bonjour, Apple met beaucoup de temps à indexer les nouveaux podcasts. Il y sera bientôt présent, normalement :)