Pour pallier l’intermittence du solaire et de l’éolien, la France aura besoin de multiplier les solutions de stockage. Un nouveau projet de stockage par batterie, relativement modeste, est en cours dans le port de Nantes.

Jusqu’en 1986, la centrale de Cheviré produisait de l’électricité à partir de charbon, de gaz et de pétrole. Mais sur ce site du port de Nantes Saint-Nazaire, c’est une toute autre technologie qui est sur le point d’être lancée : un système de stockage d’électricité par batterie (BESS). Et pas n’importe lequel. Cette batterie sera la première batterie à grande échelle d’une autonomie de deux heures en France.

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Stocker deux heures d’électricité à pleine puissance

Derrière le projet, le spécialiste du stockage britannique Harmony Energy. Depuis 2016, la société a déjà développé plus de 500 mégawatts (MW) de batteries dans son pays d’origine. Plus de 300 MW sont en construction, et près de 450 autres mégawatts sont dans les tuyeaux. Du côté de Nantes, c’est une batterie de 100 MW de puissance pour 200 MWh (mégawattheures) de stockage qui devrait être mise en service d’ici l’hiver 2025. De quoi fournir deux heures de stockage à l’équivalent de 170 000 foyers. Plus que la population nantaise. Le tout comptant notamment sur le célèbre Mégapack de Tesla et sa grande capacité de stockage — de l’ordre de 4 MWh pour chaque unité.

L’objectif est multiple. D’abord, contribuer à l’intégration sur le réseau français de toujours plus de productions renouvelables intermittentes, solaires et éoliennes. Ensuite, de faire baisser les factures en ouvrant des possibilités de profiter de l’augmentation des heures à prix négatifs. Enfin, de fournir des services d’équilibrage essentiels au réseau électrique français. Une meilleure gestion des pics de production et de consommation et des fluctuations de l’offre et de la demande.

Le stockage de l’électricité se développe en France

Notez pour comparaison qu’en 2023, la puissance installée des batteries en France était de l’ordre de 800 MW. Et qu’en parallèle de celui développé à Nantes par Harmony Energy, un projet de système de stockage par batterie d’une capacité de 200 MWh est aussi en cours de construction en Nouvelle-Calédonie. Un projet de 9 milliards d’euros qui sera adossé à de grandes fermes photovoltaïques destinées notamment à alimenter l’industrie locale de la métallurgie.

Dans la famille du stockage d’énergie, aucune batterie ne parvient toutefois à rivaliser avec les stations de pompage-turbinage (STEP) installées en France. À titre de comparaison, la seule STEP de Montézic (Aveyron) est capable de stocker environ 39 000 MWh et délivrer une puissance de 920 MW. Cela représente une capacité de stockage 195 fois supérieure et une puissance 9,2 fois plus élevée que la future batterie de Cheviré.