Se chauffer sans électricité, gaz fossile, fioul ou bois ? C’est possible !


Se chauffer sans électricité, gaz fossile, fioul ou bois ? C’est possible !

Cheminées en hiver à Budapest.

Avec le transport routier, le chauffage est responsable d’une grande partie de la pollution atmosphérique. Bois, fioul, électricité et gaz d’origine fossile : ces énergies que nous utilisons massivement ont toutes un impact important sur la qualité de l’air. Il existe cependant de nombreuses alternatives, en voici quelques-unes.

Souvent encensé pour son origine renouvelable et ses émissions neutres en dioxyde de carbone (CO2), le bois est pourtant le principal responsable des émissions de particules fines en France, un polluant particulièrement nocif pour la santé. Ce mode de chauffage de plus en plus plébiscité pour son faible coût était utilisé par 7,4 millions de foyers en 2013. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il serait responsable de 31% des émissions de particules fines PM10 et 45% des particules ultra-fines PM2,5 à l’échelle nationale. Lors des pics des pollution, il figure au premier rang, devant le trafic routier.

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Si les cheminées ouvertes et fermées datant d’avant 2002 en sont principalement la cause, tous les foyers y compris les plus performants, rejettent des fumées chargées de nombreux éléments néfastes. Outre les particules fines, on retrouve ainsi des Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), du monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils (COV) et des Oxydes d’azote (NOx).

Le fioul, opulent émetteur de dioxyde de carbone

Cet éventail de polluants est également présent dans les fumées des chaudières au fioul. Cette énergie issue d’une distillation grossière du pétrole brut équipait près de 4 millions de logements en 2014. Totalement fossile, importée de lointains pays et transformée sur des sites industriels à fort impact environnemental, le fioul est le pire émetteur de CO2 : 300g par kWh. Il rejette également du dioxyde de soufre (So2), des oxydes d’azote et des particules fines.

Des éléments nocifs qui peuvent d’autant plus être produits en très grande quantité en cas de mauvais fonctionnement de la chaudière. Si le fioul n’a plus la côte dans les constructions neuves, il équipe encore beaucoup de foyers. Face au coût très élevé d’un remplacement de chaudière au fioul, il existe une alternative émergente : l’huile végétale recyclée.

Alimenter sa chaudière au fioul avec de l’huile végétale recyclée

Installée à Marseille, une petite entreprise s’est spécialisé dans la fabrication d’un biocombustible à base d’huiles alimentaires usagées (HAU) pouvant être utilisé dans des chaudières au fioul modifiées. Baptisée « Oléo-Déclic », la société collecte gratuitement les huiles auprès de restaurateurs. Elles sont ensuite raffinées pour servir de combustible renouvelable et moins polluant. 500 personnes seraient aujourd’hui chauffées grâce à cette énergie, selon l’entreprise. Face à la demande, elle annonce d’ailleurs installer une unité de traitement capable d’épurer 200.000 litres d’huiles usagées chaque année. Un chiffre à mettre en relief avec les 8 milliards de litres de fioul domestique consommés chaque année par les chaudières en France.

Pour l’utiliser, il suffit ainsi d’installer un brûleur adapté sur une chaudière existante. Une solution économique pour dépolluer un chauffage au fioul qui présente de nombreuses vertus écologiques. Le carburant revalorise un produit considéré comme un déchet par les restaurateurs, nécessite bien moins d’énergie pour sa transformation que le pétrole brut, est fabriqué localement puis distribué en « circuit court ». Selon une étude commandée par Oléo-Déclic, il émettrait 96% de CO2 en moins par rapport au fioul. Un dioxyde de carbone qui est d’autant plus « neutre » puisque issu de matière végétales.

Se chauffer au gaz naturel d’origine renouvelable

Pourquoi ne pas changer sa chaudière au fioul pour un modèle au gaz ? Si l’essentiel du gaz naturel consommé en France est d’origine fossile, certains distributeurs d’énergie proposent des contrats incluant une partie de gaz d’origine renouvelable. Limité à 10% en raison des capacités actuelles très modestes de production, ce biogaz a plusieurs vertus. En effet, il est majoritairement produit à partir de la fermentation des ordures ménagères, de stations d’épurations, de déchets végétaux et de méthanisateurs agricoles. Une valorisation qui permet d’éviter le rejet du méthane destructeur pour la couche d’ozone dans l’atmosphère et de diminuer notre dépendance aux ressources fossiles.

Si la production commune de biogaz et sa distribution mélangée au gaz fossile à travers le réseau public est la solution la plus rentable et la plus simple, il existe des solutions individuelles. Des micro-méthanisateurs de jardin aujourd’hui assez coûteux et difficiles à amortir pour un foyer mais qui permettent de produire de l’électricité à partir de ses propres déchets organiques. Une société française a ainsi mis au point une unité de production capable d’alimenter une maison autonome, en complément d’une installation photovoltaïque.

Développé par SCTD Industries, le dispositif consiste en deux cuves : l’une qui fermente les ordures et l’autre qui stocke le gaz produit. Il est relié à un générateur capable de produire 1,2 à 1,8 kW d’électricité en continu. Selon l’entreprise, un foyer de quatre personnes pourrait produire 800 m3 de gaz chaque année avec ce système. Le courant ainsi généré peut par exemple alimenter un convecteur ou assurer une partie de la consommation d’une pompe à chaleur.

La pompe à chaleur, numéro un des chauffages alternatifs

De plus en plus populaires, les pompes à chaleur (PAC) équipaient 10% des foyers français en 2014 selon le cabinet d’étude Arcane. C’est le plus utilisé des modes de chauffages alternatifs sans flamme. Le nombre d’installations a explosé cette dernière décennie, porté par d’importantes aides publiques et par des offres concurrentielles dues à la présence de nombreux acteurs sur le marché.

Les pompes à chaleur permettent de se chauffer en puisant les calories naturellement présentes dans l’air (PAC aérothermique) ou dans le sol (PAC géothermique) pour les diffuser dans l’air intérieur via un fluide caloporteur. Si le système nécessite quand même d’être alimenté en électricité il consomme beaucoup moins d’énergie qu’un radiateur. Ainsi, un chauffage électrique classique consomme 1 kWh pour 1kWh de chaleur produite alors qu’une pompe à chaleur génère en moyenne 3 à 4 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommée.

Il existe une multitude de pompes à chaleur adaptées à chaque situation et chaque budget, utilisant de l’air, de l’eau ou une combinaison des deux pour transporter et échanger la chaleur de la source au logement. Les prix varient en moyenne de 6.000 à 17.000 euros par installation, pose comprise, pour un logement-type de 120 mètres carrés mais sont modérés par un crédit d’impôt de 30%.

Le soleil, un gisement de chaleur monumental

On n’y pense pas forcément, en regardant médusés le ciel d’hiver, mais le soleil peut aussi chauffer activement nos logements. Particulièrement intéressant dans les régions du sud de la France ou les rayons sont intenses quelle que soit la saison, les panneaux solaires thermiques ou aérovoltaïques dits « hybrides », peuvent non seulement produire de l’eau chaude sanitaire mais également alimenter une maison en chaleur et en électricité.

Le premier système, purement thermique, fait circuler de l’air ou de l’eau à travers des panneaux captant les rayons du soleil. Naturellement chauffés, les fluides sont ensuite distribués au sein du foyer. Selon la technologie employée par l’installation, l’air peut atteindre 50 degrés en sortie, même en hiver, selon certaines entreprises. Le second système, souvent appelé « hybride » ou « aérovoltaïque » utilise le même procédé et le combine à des panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité.

En captant les photons des rayons solaires, ces cellules concentrent également beaucoup de chaleur, une énergie habituellement perdue qui peut parfois réduire leur rendement électrique. L’installation aérovoltaïque valorise cette chaleur en insufflant de l’air sous les panneaux puis en le distribuant dans l’habitation via une ventilation mécanique contrôlée (VMC). Si la technologie ne produit peut-être pas assez de chaleur selon le climat local, la superficie du foyer et les besoins de ses habitants, il peut réduire fortement la consommation du mode de chauffage principal. De plus, en refroidissant les panneaux photovoltaïques, il permet d’augmenter leur production électrique de 10%.

Bien isoler sa maison avant de penser au chauffage

L’isolation thermique d’un logement, si elle est correctement réalisée, peut permettre à certaines habitations de ne pratiquement pas utiliser de chauffage. C’est notamment le cas de foyers situés sur les régions littorales du sud de la France, où les hivers sont habituellement peu rigoureux. Doubles ou triples vitrages pour les fenêtres, isolants en façade, dans les murs et sous la toiture permettent de conserver les précieuses calories à l’intérieur. Selon l’exposition du logement, les rayons solaires naturellement émis peuvent, par effet de serre, fournir une température confortable.

Mal isolée, une habitation peut perdre jusqu’à 60% de sa chaleur, une énergie gaspillée qui se ressent aussi sur le porte monnaie si les besoins en chauffage sont importants. Avant d’augmenter la puissance de sa chaudière et la température du thermostat, il faut peut-être songer à évaluer l’isolation de son logement. Si les travaux peuvent être coûteux selon le diagnostic, ils sont en grande partie finançables par des aides publiques et crédits d’impôts et permettent de réduire considérablement la facture d’énergie.

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