Se chauffer au bois, plus polluant que rouler en voiture diesel ?


Se chauffer au bois, plus polluant que rouler en voiture diesel ?

Illustration : Révolution Énergétique, Getty/Canva.

Utiliser du bois pour chauffer son logement présente des avantages notamment financiers, dans le contexte de la crise du marché de l’énergie. Mais la combustion du bois émet de grandes quantités de particules fines dans l’atmosphère, devenant la première source de cette pollution en ville comme à la campagne. De bonnes pratiques dans l’utilisation de son chauffage au bois permettent toutefois de réduire les émissions.

Avec la hausse des prix de l’énergie, les Français plébiscitent le chauffage au bois. Les difficultés d’approvisionnement en combustible dont certains fournisseurs font état depuis septembre témoignent de cet engouement pour la filière.

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Les constructions neuves s’équipent de plus en plus d’un chauffage au bois. Mais pas seulement. Les rénovations de logements anciens impliquent souvent le recours au bois pour remplacer un mode de chauffage vétuste. Chaudière au bois, inserts, poêles à bois ou à granulés. Les options sont variées en fonction des caractéristiques de l’habitation et des besoins de ses occupants.

En ayant recours au bois pour se chauffer, on pense faire un geste pour la planète, le bois étant un matériau naturel. Mais ce n’est pas tout à fait vrai ou en tout cas pas autant qu’on pourrait le penser. Récemment, un article publié dans le journal La Tribune mettait en lumière le fait que le chauffage au bois émet davantage de particules fines que les voitures diesel. C’est une réalité.

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Une journée de cheminée = 3 500 km en voiture diesel ?

La fumée émise par la combustion du bois est composée de divers polluants et notamment des particules fines et ultrafines. Ainsi, le chauffage au bois dans le secteur résidentiel est responsable de 43 % des émissions nationales en PM2,5, c’est-à-dire des particules fines dont la taille n’excède pas 2,5 microns. Il est aussi à l’origine de plus de la moitié des émissions de particules fines PM1, selon le ministère de la Transition écologique. Rappelons que plus les particules sont fines, plus elles pénètrent facilement et profondément dans nos organismes.

On retrouve aussi dans la fumée du feu de cheminée d’autres polluants tels que le noir de carbone, le benzène, le benzoapyrène, le monoxyde de carbone et les oxydes d’azote. C’est sur cette base qu’en juillet 2021, le gouvernement a publié un plan d’action visant à réduire de moitié les émissions de particules fines issues du chauffage au bois domestique.

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Car, selon Santé Publique France, les particules fines sont responsables de 40 000 décès par an en France, ce qui montre la nécessité d’alerter les consommateurs sur les conditions d’usage de leur cheminée. D’ailleurs, depuis 2015, les cheminées à foyer ouvert, plus polluantes et moins efficaces, sont interdites à Paris et dans environ 400 villes d’Île-de-France. L’association Que Choisir alertait déjà en 2019 sur le fait qu’une journée de chauffage dans une cheminée ouverte émettait autant de particules fines qu’une voiture diesel qui parcourt 3 500 km.

Sur son site, l’observatoire Airparif indique que faire un feu de cheminée dans un foyer ouvert équivaut aux émissions de particules d’un véhicule diesel qui ferait environ 7 000 km. On ignore toutefois la durée du feu de cheminée en question. Dans son plan d’action, le gouvernement rappelle que « les cheminées à foyer ouvert sont responsables de 21 % des émissions totales du chauffage au bois, alors qu’elles ne représentent que 10 % du parc des équipements à l’échelle nationale ». Ces équipements polluent donc davantage, alors qu’ils sont très peu efficaces (rendement de 15 % maximum).

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Comment réduire ses émissions de particules fines ?

C’est pourquoi le gouvernement rappelle dans sa feuille de route quelques précisions concernant le chauffage au bois. Il est indispensable d’utiliser « un appareil récent, correctement dimensionné et bien entretenu ». Il faut également utiliser un combustible de bonne qualité et bien sec (taux d’humidité inférieur à 20 %). En effet, le recours à un bois de chauffage dont l’humidité est inférieure à 20 % permet de réduire de 75 % les émissions de PM2,5 par rapport à un bois humide à hauteur de 30 %, toujours selon le ministère de la Transition écologique.

Enfin, il convient de privilégier un mode d’allumage « par le haut » pour éviter un fonctionnement au ralenti, et donc une mauvaise combustion dans les inserts et poêles à bois. Cet allumage inversé consiste à placer d’abord les grandes buches dans l’insert avant de disposer au-dessus différentes strates de bois de plus en plus fines.

L’allume-feu (en fibre de bois idéalement) est inséré juste en dessous des dernières brindilles de bois. Le feu va donc se propager du haut vers le bas. Ce mode d’allumage diminue fortement les fumées, chargées en particules fines. C’est important quand on sait que 80 % des polluants sont émis au début du cycle d’allumage, pendant les 10-15 premières minutes. Pour le gouvernement, le respect de ces bonnes pratiques permettrait de diviser par 10 les émissions de particules fines.

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600 000 appareils à remplacer d’ici 2025

Pour inciter les consommateurs à moins polluer avec leur chauffage au bois, le gouvernement encourage le remplacement des appareils anciens par des modèles plus performants. Les dispositifs d’aides à la rénovation énergétique tels que Ma Prime Rénov’ sont des outils dédiés à ce plan d’action. Le but initial était de remplacer 600 000 appareils d’ici 2025.

Finalement, est-ce bon pour la planète de se chauffer au bois ? Selon Que Choisir, il faut éviter les cheminées ouvertes et les inserts, trop polluants, pour privilégier les poêles de masse, les poêles à granulés et les chaudières au bois, tous les trois performants et moins émetteurs de polluants. Vous pouvez évidemment conserver votre insert, mais il faut faire attention à bien vous en servir en suivant les précautions précitées.

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