Les cas sont rares, mais ils existent : en France, certains logements ne sont pas raccordés au réseau public d’électricité. Ce n’est pas toujours par choix, mais en raison du coût trop élevé des travaux. Dans le sud de la France, une villa a ainsi dû s’équiper de panneaux solaires, batteries et d’un groupe électrogène pour assurer son alimentation électrique. Un système indépendant presque trois fois moins cher qu’un branchement au réseau.
Les maisons « hors-réseau » ne sont pas toutes perdues au fin-fond de la campagne ou perchées sur une montagne escarpée. À Draguignan (Var), une villa pourtant située dans un quartier résidentiel n’a pas pu être reliée au réseau public d’électricité. Du moins, être raccordée à un prix raisonnable. « On est dans une zone avec de grandes parcelles de 3 000 à 4 000 m². Il y avait un problème avec le transformateur du quartier, il fallait faire un renforcement de ligne avec 30 à 40 m de tranchées à creuser. Le coût était estimé à environ 80 000 euros » affirme Julien Allera, fondateur de Perma-Batteries, la société qui a conçu le système électrique autonome qui équipe désormais la villa.
Un tarif de raccordement étonnamment élevé que le propriétaire n’a pas accepté, préférant s’orienter vers un système électrique totalement déconnecté du réseau. « Notre client a fait plusieurs devis. Il a consulté des entreprises locales qui lui expliquaient que ce n’était possible, ou qui lui ont proposé des devis à 60 000 euros pour des batteries au plomb. Puis il nous a trouvé, car nous sommes très présents sur internet » explique le dirigeant.
Chauffage au bois et cuisson au gaz
La maison de 150 m² présente un profil avantageux : située dans un département au climat très doux, construite sur le principe des logements bioclimatiques et équipée d’un chauffage à granulés de bois. Par ailleurs, l’unique résident cuisine au gaz et produit son eau chaude au moyen d’un chauffe-eau thermodynamique. D’emblée, sa consommation d’électricité est abaissée au minimum : environ 7 kWh par jour, soit presque deux fois moins que la moyenne nationale. Une configuration qui facilite grandement la conception d’un système autonome.
Après étude, Perma-Batteries a donc livré un kit sur-mesure composé de 16 panneaux photovoltaïques totalisant 7 kWc, de 8 batteries murales étanches lithium-titanate cumulant 16 kWh de stockage et 14,4 kW de puissance, ainsi que d’une platine pré-câblée contenant notamment l’onduleur et le contrôleur MPTT. Un groupe électrogène essence de 8 kVA « qui n’a tourné que 3 heures depuis le printemps 2023, pendant une semaine de pluie » complète le système. L’ensemble a coûté 30 000 € au client, dont 15 000 € uniquement pour les batteries. C’est 2,7 fois moins cher que le coût estimé du raccordement au réseau.
À lire aussi Il fabrique sa propre centrale hydroélectrique et dit adieu à EDF« On a mis une technologie de batterie particulière, plus chère, mais qui a une durée de vie de 20 ans. Le lithium-titanate, c’était le choix du client » explique le dirigeant de la société varoise, qui revendique 853 installations solaires autonomes en service à ce jour. Un client qui a par ailleurs réduit sa facture en choisissant d’installer lui-même le kit. « Il a économisé 6 000 ou 7 000 € en choisissant une solution pré-câblée » affirme Julien Allera.
À gauche : les batteries lithium-titanate et la platine. À droite : le schéma de l’installation / Images : Perma Batteries.
Un système modulaire
Le résident ne ferait aucun compromis sur le confort d’après lui. « Il est capable d’ajuster la voilure avec nos prévisions à J+3/J+4 sur son tableau de bord, qui simulent la consommation attendue et la production solaire attendue ». Avec une consommation d’électricité particulièrement faible, la gestion ne devrait à priori pas être très complexe. Le fonctionnement hors-réseau de cette villa n’est donc pas un exploit, de nombreuses consommations étant reportées sur d’autres énergies : le bois pour se chauffer au lieu d’une pompe à chaleur plus vertueuse et le gaz fossile pour la cuisson. « Demain, s’il achète un four électrique, des plaques inductions ou une voiture électrique, il pourra les faire fonctionner en rajoutant des batteries sans limite et jusqu’à 8 panneaux supplémentaires » assure toutefois Julien Allera.
Cet électrotechnicien, qui a fondé Perma-Batteries il y a 5 ans, s’est spécialisé dans les installations hors-réseau. Sa société équiperait une centaine de sites résidentiels, tertiaires et industriels chaque année en France, Suisse et Italie. Les profils seraient variés chez les particuliers « il y a pas mal de gens qui veulent se couper du réseau par conviction, même si ce n’est parfois pas très justifiable écologiquement. Il y a aussi des gens inquiets qui veulent se sécuriser en cas de coupure et d’autres qui sont en bout de ligne et qui ont une dizaine de coupures chaque année » détaille-t-il.
Article étonnant: pour 7kWh/jour, besoin d’un renforcement du poste EDF, oh!! 30 à 40m de tranchée et un coût de 80k€ pour le raccordement; c’est plus cher que le caviar! Bien, pour une installation autonome, on doit avoir une capacité minima de 3 jours complet soit 7×3 + rendement de transformation CC/CA de 0,10, cela donne 23 kWh utile. Il faudrait donc une batterie de 25kWh. 24 kWh de lifepo4 Pylontech avec baie d’intégration c’est 7 k€ Les batteries n’étant utilisées qu’à un un % faible pendant 10 mois, la durée de vie ne devrait pas beaucoup varier. D’autre part,… Lire plus »
Bon artice hugo, comme toujours,
avec les avantages et les inconvénients et limites. Et pas loin de chez moi.
La capacité de batterie me semble quand même très élevée. Dans ce schéma, faut optimiser la conso quand le PV produit. Combien de jours par an cette capa sera utile ? Faire tourner le groupe électrogène pendant 5 à 10j par an n aurait qu un impact financier et écologique faible, sans doute plus faible que cette grosse batterie.